Contenu principal

Message d'alerte

Caroline PEARCE Campagne education pour tousAlors que l'association Solidarité Laïque sera l'un des représentantes et relais en France de cette manifestation mondiale, Caroline PEARCE, sera elle la coordinatrice de la Campagne mondiale pour l'éducation (CME), depuis août 2013 au siège de l'Alliance, à Johannesburg. Elle répond à nos questions sur l'éducation inclusive, thème de la mobilisation mondiale de cette année, et sur ces enjeux d'équité inhérents à la question fondamentale du Droit à l'éducation. Une femme âgé de 35 ans et merveilleusement bien dans sa peau et dans ses basket !

F.H.I --- La CME a retenu pour thème d'action en 2014 l'éducation inclusive et les liens entre l'éducation et handicap. Pouvez-vous nous en expliquer le sens et les enjeux pour le mouvement de la CME ?

 

Caroline PEARCE --- Ce choix est le reflet du sentiment partagé par notre mouvement que nous ne pouvons pas obtenir le droit à l'éducation pour tous sans mettre un accent sur les enfants les plus marginalisés. L'un des principes fondateurs de la CME est que tous les enfants ont le droit à une éducation de qualité.

Si des membres de la CME ont pu constater des progrès visibles de l'universalisation de l'éducation au cours de ces 10 à 15 dernières années – en particulier une forte progression vers l'éducation primaire universelle - certains enfants, et en particulier les enfants en situation de handicap, restent systématiquement laissés pour compte : soit ils n'iront jamais à l'école, soit ils la quitteront prématurément, soit ils recevront une éducation de mauvaise qualité.

L'éducation inclusive est pour nous une réponse à cette exclusion massive des enfants en situation de handicap de l'enseignement de qualité. Respecter, protéger et réaliser les droits des individus, et le droit à l'éducation pour Tous doit rimer avec égalité et non-discrimination. Un système d'éducation véritablement inclusif serait celui qui non seulement ne laisse personne à l'écart, mais aussi incarne ces principes des droits de l'Homme.

F.H.I --- Pouvez- vous nous présenter la publication récente de la CME « égalité des droits, égalité des chances " réalisée en partenariat avec l'équipe internationale de Handicap international. Comment la CME souhaite s'en emparer pour son travail de plaidoyer ?

Caroline PEARCE --- La CME est un vaste mouvement. Nous pensons qu'en réunissant les différentes parties de la société civile pour agir collectivement - aux niveaux national, régional et mondial - nous pouvons porter une voix plus audible, plus forte et avoir un impact plus grand pour la réalisation de notre mission.

Cela signifie également que nous travaillons très étroitement avec nos membres et avec d'autres alliés dans toutes nos campagnes. Pour cette campagne, nous avons établi un partenariat avec Handicap international qui a une expertise particulière sur les questions d'éducation inclusive et qui nous soutient pour cette campagne thématique.

D'autres membres de la CME ont contribué à ce rapport en s'appuyant sur leur propre expérience dans la défense des droits à l'éducation des enfants handicapés.

Le rapport lui-même dresse, pour la première fois pour la CME, une position collective et détaillée sur le handicap et l'éducation inclusive. Il comprend un ensemble complet de demandes politiques et de recommandations que les membres peuvent adapter à leurs contextes nationaux. Le rapport contient des faits utiles et des chiffres, les membres peuvent y puiser des études de cas, des messages de campagne clairs.

L'objectif principal de ce rapport est d'aider les membres à porter leurs actions de sensibilisation avant, pendant et après la Semaine mondiale d'action. Il peut être utilisé à la fois comme un outil de plaidoyer direct (la coalition CME du Royaume-Uni, par exemple, l'a utilisé dans son plaidoyer avec le gouvernement sur l'examen de la prise en compte du handicap dans la politique de développement) ou comme une source d'informations ou de positionnement politique sur le sujet.

F.H.I --- Comment définir l'éducation inclusive ? La notion d'inclusion est encore trop souvent associée aux enfants ayant des besoins spéciaux, ou à des dispositifs spécialisés. Pourquoi ?

Caroline PEARCE --- C'est la possibilité pour tous les enfants de s'instruire ensemble dans des classes « normales » de leur localité ou leur communauté, quels que soient leurs capacités ou leurs handicaps, à l'aide de méthodes d'enseignement, de matériels pédagogiques et d'un environnement éducatif qui répondent aux besoins de toutes les filles et les garçons.

Mais l'éducation inclusive favorise aussi des changements dans l'ensemble du système d'éducation et dans les communautés afin de s'assurer que le système d'éducation s'adapte à l'enfant, plutôt que d'attendre de l'enfant qu'il s'adapte au système.

De toute évidence, cela est particulièrement important pour les enfants handicapés, souvent perçus comme « un problème » du fait de leur handicap, mais aussi pour tous les autres apprenants marginalisés, tels que ceux issus de milieux culturels minoritaires. Bien sûr, cela prendra du temps, il faudra que les écoles spécialisées et les écoles inclusives coopèrent, que les gouvernements favorisent l'inclusion et que l'expertise des enseignants spécialisés soit partagée.

Quelles sont les priorités pour réaliser l'EPT et d'encourager l'intégration de tous les élèves dans le contexte de l'après 2015 ?

Caroline PEARCE --- Nous voulons nous assurer que les cadres de développement « post 2015 » prennent ces questions beaucoup plus au sérieux. Il s'agira notamment de veiller à ce que les progrès vers les objectifs soient suivis non pas uniquement pour les apprenants pris « comme un tout», mais aussi pour les élèves handicapés, les filles et les femmes, les communautés les plus pauvres et d'autres groupes marginalisés.

Avec suffisamment de volonté politique et de veille citoyenne, nous pouvons offrir à tous le droit à l'éducation : notre attention actuelle et à venir sur le handicap et l'éducation inclusive est une façon d'accomplir une partie du chemin vers cette réussite.

Interview réalisé par
Stéphane LAGOUTIERE

Ajouter un Commentaire