Un procès en appel attendu...par la victime
même lieu, mêmes prévenus, mêmes attentes. Le procès en appel de la catastrophe AZF s'ouvrira le 3 novembre prochain après la relaxe générale prononcée en novembre 2009 par le tribunal correctionnel de Toulouse. Serge Biechlin, le directeur de l'usine, et la société Grande Paroisse devront à nouveau répondre d'homicides et blessures involontaires. Durant plus de quatre mois, 31 experts judiciaires et près de 180 témoins vont défiler à la barre.
Tout cela devant une cinquantaine d'avocats qui représenteront les parties civiles et la défense. La cour d'appel va tenter de faire la lumière sur ce qui s'est passé le 21 septembre 2001, lors de l'explosion, mais aussi juste avant. Comme en première instance, l'accusation soutiendra la thèse de l'accident chimique, avec à ses côtés de nombreuses parties civiles prêtes à dénoncer le rôle de la commission d'enquête interne de Total. De son côté, la défense maintiendra que cette « thèse ne marche pas ».
Dix ans après, ce procès aboutira-t-il à une condamnation, mais aussi comme le réclament beaucoup de victimes, connaître simplement la vérité ? Quelle que soit la réponse qui sera donnée celle-ci sera essentielle, car elle devra permettre une réconciliation définitive entre des victimes qui s'estiment oubliées et ne pouvant faire le deuil de leurs proches. Mais aussi des salariés qui ont eu le sentiment d'avoir été jetés dans la fosse aux « lions ».
Salle du procès AZF en mars 2009
Site SEVESO une loi trop peu ou mal appliquée ?
AZF qui aura aussi donné naissance à la loi du 30 juillet 2003, dite «Bachelot, le texte prévoit une réduction du risque à la source. Seveso signifie que l'usine classée comme telle est soumise à des règles de sécurité spécifiques. Ces dernières varient suivant le degré de dangerosité du site. Aujourd'hui, 1 200 sites sont considérés à risque majeur (explosion, incendies, émanation de gaz toxiques, fuites chimiques ou radiologiques...). 686 d'entre eux sont classés en « seuil haut ». À cause, tout d'abord, de la distance trop courte entre la zone d'implantation du site et des zones habitées. Ensuite parce qu'un nombre important de substances dangereuses y sont entreposées et traitées.
Selon l'association écologique France Nature Environnement, 900 communes et « six millions de Français restent sous la menace » des sites à haut risque. Sur les 420 plans de prévention des risques technologiques prévue par la loi de 2003, seulement 100 ont été approuvés. D'autre part, « la protection absolue souhaitée, en 2001, est aujourd'hui toute relative puisque le monde industriel rechigne à investir dans la sécurité et négocie une sécurité au rabais », déplore FNE.
Enfin, et ce n'est pas la moindre des polémiques soulevées par cette affaire, la loi des finances 2011 impose aux riverains de sites classés une mise aux normes draconienne de leur logement. Ils se voient contraints de financer 70 % des travaux pour protéger leur habitation des risques d'incendies, d'explosion ou de nuage toxique.
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Site AZF après l'explosion du 21 septembre 2001
Enfin, et ce n'est pas la moindre des polémiques soulevées par cette affaire, la loi des finances 2011 impose aux riverains de sites classés une mise aux normes draconienne de leur logement. Ils se voient contraints de financer 70 % des travaux pour protéger leur habitation des risques d'incendies, d'explosion ou de nuage toxique.
Le montant de ces travaux représente en moyenne plus de 10 000 € par foyer. Entre 20 000 et 30 000 d'entre eux sont encore concernés. À côté, la loi prévoit l'expropriation de milliers de riverains. Les tractations entre l'État et les industriels, réticents à en supporter la charge financière, sont loin d'être réglées.
Bernard LANDRU ministre du Logement, présent à la cérémonie à lui tenu à préciser, qu'il souhaite avant toute chose « Que la justice puisse faire son travail, afin que les familles puissent faire leurs deuils, et voir Toulouse se diriger vers l'avenir, reconnaissant que les nombreuses blessées et victimes n'ont pas toujours pris en compte, il s'agit aujourd'hui quelle le soit ! »
La chimie a-t-elle encore un avenir à Toulouse ?
À tort ou raison les Toulousains ne veulent plus de cette industrie, mais a telle vraiment encore un avenir dans le grand Toulouse ? Les nombreuses entreprises existantes tant ont prouvé que l'explosion d'AZF n'aura pas totalement supprimé la filière, celle-ci représentant encore 130 entreprises et 4000 emplois dans la région Midi-Pyrénées. Mais la crainte du grand public et les actualités récentes d'accident industriel n'ont pas rassuré ce dernier. Difficile alors pour l'UIC Midi-Pyrénées qui à lancer les « journées proximité » afin de renouer le lien entre cette industrie et le grand public est cela à l'occasion de l'année internationale de la chimie en 2011.
Trois jours de rencontre organisée du 15 au 18 septembre dernier ou plusieurs entreprises avait ouvert leurs portes, une manifestation qui n'a pas, semble-t-il le succès escompté. Le président du Conseil économique social et environnemental régional Jean-Louis Chauzy a proposé un plan de relance en quatre points pour dynamiser la filière. A-t-il une chance d'aboutir ? Le plan élaboré par le CESER fera néanmoins l'objet d'une lettre adressée au président du Conseil régional Martin Malvy et au préfet de région Henri-Michel Comet, mais qu'aucun calendrier n'est prévu quant à l'application.
Stéphane Lagoutiére
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