Ouverture du 4e festival du film en Audiovision Valentin Haüy du 17 au 30 avril
Alors que va s'ouvrir le festival de Cannes, celui où tout le gratin sera lui présent, s'ouvre a partir d'aujourd'hui un 4e rendez-vous bien que plus modeste mais tout aussi essentiel, présenté à Paris au cinéma UGC Gobelins. Un événement exceptionnel qui propose une nouvelle fois aux personnes aveugles et malvoyantes pour découvrir au cinéma des films récents en Audiovision et pour pallier une offre cinématographique toujours trop faible.
Une manifestation qui sera parrainée cette année par le réalisateur Jean Pierre JEUNET. Sachant que pour ceux qui le souhaitent peuvent consulter l'ensemble de la programmation, les horaires et les tarifs sur le site de l'Association.
Un rendez-vous, qui confirme le manque des films, dont a peine 10 % bénéficie d'une version en audiodescription, selon l'association organisatrice de cette manifestation, pire moins de 1 % des salles de cinéma sont équipées pour diffuser des films audio décrits alors que le pays compte 1,3 million de personnes aveugles et très malvoyantes. Une technique que l'AVH est parfaitement légitime pour défendre et qui a été reconnu comme un élément d'accessibilité dans la loi du 11 février 2005. Celle-ci importée des États-unis dans les années 80 par l'AVH qui l'a développée en France. Depuis, l'association a audio décrit près de 500 films, ce qui représente plus de 85% de la production en France. Elle forme les audio descripteurs et milite pour la reconnaissance de leur statut.
C'est quoi l'audiodescription ?
L'audiodescription ou Audiovision est un procédé qui permet de rendre le cinéma accessible aux personnes aveugles ou malvoyantes grâce à un texte en voix-off décrivant les éléments visuels du film : actions, mouvements, expressions, décors, costumes... La voix de la description est insérée entre les dialogues et les éléments sonores essentiels de la bande-son afin de ne pas nuire à l'œuvre originale. Au cinéma, elle est diffusée par le biais d'un casque relié à un boîtier sans fil permettant d'assister à la même séance que le public voyant. Le développement de l'Audiovision est un engagement majeur de l'AVH. En plus des films qu'elle audio décrit (70 en 2012), l'AVH organise des projections dans toute la France (283 en 2011) et rencontre les professionnels du secteur pour défendre le droit à la culture pour tous.
Trois questions à Patrick SAONIT
Responsable de l'Audiovision à l'Association Valentin Haüy
Quelles sont les grandes étapes de l'audiodescription d'un film ?
L'écriture du texte par deux auteurs, cela prend entre trois et dix jours, la validation par le réalisateur ou la production du film et enfin l'enregistrement par deux speakers et le mixage avec le son du film qui prennent deux ou trois jours.
Quel est le coût moyen pour audiodécrire un film en France ?
En France, le coût varie entre 5000 € et 7500 €. À l'Association, le prix est de 5000 € pour un long métrage. Il correspond à l'écriture du texte, son enregistrement et son mixage 24 ou 25 images secondes, ainsi qu'un fichier voix pour DCP.
Peut-on dire que tous les films peuvent être audiodécrits ?
Oui, ou presque. Nous avons travaillé sur Les Enfants du Paradis où il y avait de longues scènes de mimes, La Guerre du Feu ou The Artist, films sans dialogues, mais aussi Le Cinquième élément et Matrix, qui sont des films d'action futuristes. Je pense aussi à Tree of Life, un film complexe à audiodécrire. Seuls les films muets basés sur un comique de répétition nous posent problème, comme les petits films de Charlie Chaplin par exemple. Répéter d'une façon orale un gag n'est pas efficace, contrairement au visuel.
La Rédaction
Publication : 17/04/2013