Évaluation d’efficacité de VigilanS de 2015 à 2017, dispositif de prévention de la réitération suicidaire
A l’occasion de la journée mondiale du suicide (v. Article) qui aura lieu le 10 septembre prochain sous le thème « Le suicide peut être évité ». Un sujet demeure au lendemain de crise du Covid 19. Une cause dont les plus jeunes ne sont pas épargné, mais aussi la crise sanitaire du Covid 19 dont les impacts sont aujourd’hui démontrés sans pourtant avoir été un facteur d’augmentation. Une étude publié qui semble paraitre néanmoins une certaine efficacité, de ce dispositif VigilanS1 de prévention du suicide, néanmoins celui ne met en avant que la période 2015 à 2017. Donc avant la crise sanitaire du covid 19.
C’est quoi le dispositif VigilanS…
Créé en 2015, le dispositif VigilanS permet d’établir un contact entre des jeunes qui ont tenté de mettre fin à leurs jours et des professionnels de santé. Il doit être déployé dans 96 départements à la rentrée. Il s’agit d’un dispositif post-hospitalier de recontacte de patients suicidants qui a pour objectif de diminuer la réitération suicidaire.
Les patients bénéficient d'une veille par une équipe de " vigilanseurs " sur une période de six mois après la tentative de suicide. La veille s'appuie sur la remise d'une carte ressource (numéro d'appel 24/24 et 7j/7) et par le maintien d'un contact avec les patients (appels téléphoniques et envois de cartes postales). La veille varie selon les caractéristiques des suicidants (récidivistes ou non).
« Le suicide est évitable, sa prévention doit être une priorité. Santé publique France s’engage depuis plusieurs années dans la surveillance et la prévention des tentatives de suicide et des décès par suicide. L’agence soutient notamment, via ses travaux d’expertise, le dispositif VigilanS. L’évaluation positive de ce dispositif conforte les orientations de la stratégie nationale de prévention du suicide et doit pousser l’ensemble des acteurs à poursuivre les actions mises en place dans ce domaine », explique Caroline SEMAILLE, Directrice générale de Santé publique France.
D’après le ministère de la Santé, 75% des récidives ont lieu dans les 6 mois suivant une tentative de suicide. Certains dispositifs tentent d’y répondre ; dans les Hauts-de-France, VigilanS a été créé en 2015 pour maintenir un contact pendant un an entre les personnes concernées et un réseau de professionnels de santé. «Ce dispositif a prouvé son efficacité sur la prévention de la récidive suicidaire, il diminue de près de 40% le risque de récidive », souligne Franck BELLIVIER. Il ajoute que VigilanS est « un dispositif "économiquement viable", ce qui «encourage à continuer d'investir dans ce type de dispositif dans le futur ». En septembre 2023, VigilanSdoit être déployé dans 96 départements.
Réaliser une évaluation d'efficacité…
Afin de mieux comprendre le dispositif VigilanS réduisait significativement le risque de réitération suicidaire. La Direction générale de la Santé a missionné Santé publique France pour réaliser une évaluation d'efficacité du dispositif sur la période 2015-2017 dans les 6 premiers territoires ayant expérimenté le dispositif : Nord-Pas-de-Calais, Bretagne, Haute et Basse-Normandie, Languedoc-Roussillon et Jura.
Les patients VigilanS ont été chaînés dans les bases du Système national des données de santé (SNDS) et/ou dans les bases de passage aux urgences (Oscour) et suivis sur une période de douze mois. Un groupe de 11 573 patients VigilanS a été comparé à un groupe de 11 573 patients témoins, non exposés au dispositif VigilanS.
Pour assurer la comparabilité des deux groupes, les patients non exposés ont été tirés au sort dans la base du SNDS et appariés aux patient VigilanS (1 patient exposé pour 1 patient non exposé) sur la base d'un score de propension. Une analyse de survie a été conduite en utilisant un modèle de Cox avec un effet aléatoire sur le centre et en ajustant sur le sexe, l'âge, le mode de tentative initiale, l'antécédent de tentative à l'inclusion, l'année d'inclusion et l'index de déprivation sociale.
Les résultats montrent une diminution de 38 % du risque de réitération suicidaire (passage aux urgences ou hospitalisation pour tentative de suicide ou décès par suicide) dans les 12 mois suivant leur tentative de suicide chez les patients VigilanS en comparaison au groupe de patients non exposés. Une évaluation médico-économique rapportant les sommes investies dans le dispositif VigilanS aux coûts des tentatives et suicides évités a également été conduite.
L’étude qui estime que 1 € investi dans le dispositif VigilanS permettrait d'économiser 2 € de coût de santé. Le déploiement du dispositif VigilanS est inscrit dans la stratégie nationale de prévention du suicide. En 2023, 32 centres VigilanS sont implantés. Ils couvrent l'ensemble des régions françaises y compris les territoires d'outre-mer (Océan Indien, Antilles, Guyane).
La France en tête des pays européen…
La France présente un taux de suicide supérieur à la moyenne des autres pays de l’Union européenne1. Même si le nombre de suicides tend à diminuer depuis 20 ans, on compte toujours près de 9 200 décès par suicide et environ 200 000 tentatives de suicide par an en France. Depuis le début de la crise sanitaire, une passages aux urgences pour pensées suicidaires a été observée en population générale.
Les personnes ayant déjà tenté de se suicider constituent une population particulièrement à risque de réitération suicidaire et de décès par suicide2. Il est donc primordial de déployer des actions de prévention en direction de cette population pour réduire ces risques.
En France, le suicide est la première cause de mortalité des 15-25 ans, et bat les records européens en la matière. Avec près de 8300 décès enregistrés en France métropolitaine en 2017 et 200.000 tentatives, la France affiche l'un des taux les plus élevés des pays européens de développement comparable. « Historiquement, la France n'est pas très bonne élève pour ses chiffres de décès par suicide », rappelle Franck BELLIVIER, délégué Ministériel à la Santé Mentale et à la Psychiatrie au Ministère de la Santé et de la Prévention.
Contrairement aux idées reçues, la pandémie du Covid-19 et ses confinements successifs n’auront pas augmenté les tentatives de suicides. Une situation démontré par le rapport publié en 2022 par l’Observatoire nationale du suicide. « Les périodes de confinement ont été plutôt protectrices, il y a eu moins de tentatives de suicide et pas forcément de rebond au moment du déconfinement », souligne Franck BELLIVIER. D’une façon générale, « la tendance est à la baisse depuis plus de 10 ans mais nous avons noté un phénomène rare; la forte augmentation des tentatives de suicide chez les jeunes, en particulier les moins de 15 ans », ajoute-t-il.
Téléphone ou site a votre services…
Pour rappel, si vous êtes en détresse et/ou avez des pensées suicidaires, si vous voulez aider une personne en souffrance, vous pouvez contacter le 3114. (7j/7 et 24h/24). Lancé le 1er octobre 2021. Gratuit, le service garantit une écoute vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, par des professionnels formés comme répondants. Dix centres ont ouvert leurs portes le 1er octobre 2021 à travers le pays et doivent être rejoints par neuf autres en 2022, pour constituer un réseau employant à terme 300 personnes. En 2022, le 3114 doit s’enrichir d’un service de tchat. Ses créateurs veulent aussi le rendre accessible aux personnes handicapées et aux détenus, en ajoutant ce numéro à ceux autorisés à l’intérieur des prisons. Un numéro de prévention qui dispose également un site
Pour plus d’information vous pouvez consulter également deux site. Le premier créer en 1998, Infosuicide se veut ouvert à l’échange d’informations entre tous ceux concernés par l’isolement et la prévention du suicide et tout particulièrement aux professionnels, aux chercheurs, aux étudiants, aux associations, aux institutions. Il se veut réagir à l’actualité : pour débattre, dialoguer, comprendre et agir. Les pages sont ouvertes à la publication, ou au référencement, de tout travail original ou d’intérêt sur les thèmes abordés. Infosuicide.org a pour but de relayer l’actualité sur la question, d’ouvrir un espace d’échanges, de débats et de partage de savoirs sur la question du suicide et de sa prévention.
Le second et créer en 1997 elle devient l’Union nationale de prévention du suicide. Elle a une action de plaidoyer auprès des institutions publiques et politiques pour influencer et modifier les comportements et prises de position. Elle met en place diverses actions et réalisations pour alerter, sensibiliser et informer l’opinion publique sur le fait que le suicide n’est pas un sujet tabou et qu’une prévention du suicide et de sa tentative est possible.
La Rédaction
Sources : Santé Publique France / Ministère de la santé
1 Auteur : Broussouloux Sandrine, Gallien Yves, Fouillet Anne, Mertens Clément, Chin Francis, Cassourret Guillaume, Caserio-Schonemann Céline, du Roscoät Enguerrand, Le Strat Yann
Publication : 05/09/2023