Tribune, Lettre et Pétition revendiquant « l'amélioration de l'accès aux soins de santé mentale »
Après la Tribune le Dr Bruno FALISSARD, spécialiste de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, à l’INSERM réagissant sur l’intention du Premier ministre de faire de la santé mentale la grande cause nationale de 2025. Une question abordée a nouveau par la députée Anne-Cécile VIOLLAND, députée Horizons de Haute-Savoie le 2 octobre dernier. Un sujet critique tant il vrai avec la progression des dépressions depuis 2005, quelque soient la tranche d’âge. Situation qui n’a pas était améliorer face la diminutions permanente du nombre de lit en psychiatrie et de personnel.
Une France en pleine dépression…
« Quelle bonne idée de s’occuper de la santé mentale des Français. Il est vrai que ça ne va pas bien fort dans ce domaine. Santé publique France nous l’a rappelé il y a quelques mois : le taux de dépression augmente régulièrement depuis 2005 et ce dans toutes les classes d’âge, avec une accélération sensible depuis 2017, en particulier chez les jeunes femmes. Tout le monde est d’accord là-dessus, et c’est d’ailleurs une constatation internationale » déclaré dans une tribune Dr Bruno FALISSARD.
Un diagnostic confirmé par une récente étude d’Ipsos le 10 octobre dernier publié à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale par Ipsos qui dévoile une large étude menée à travers 31 pays dont la France sur la perception de cet enjeu au sein de la population. Un problème de santé majeur pour plus d'un tiers des Français. Un taux qui au niveau mondial atteint même 45% des personnes interrogées, passant devant le cancer (38%).
Une majorité de Français (57%) affirme penser régulièrement à leur bien-être mental (+ 2 points vs 2023). Côté bien-être physique, ils sont 71% à penser y régulièrement, soit le même chiffre qu’en 2023. Les épisodes de dépression touchent la population française avec plus d'un Français sur cinq (22%) expliquant avoir connu une période de dépression pendant plusieurs semaines. Cependant ce nombre est en baisse de 3 points par rapport à 2023.
Un sentiment dépressif chez les jeunes très présent…
Une étude réalisée en avril 2024 par Santé publique France intitulé « La santé mentale et le bien-être des collégiens et lycéens en France hexagonale » montre cette évolution. La présence de plaintes somatiques et/ou psychologiques récurrentes concerne 51 % des collégiens et 58 % des lycéens. Ainsi 14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque important de dépression. Chez les lycéens 24 % déclarent des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, et 13 % déclarent avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie et environ 3 % une tentative avec hospitalisation. Une santé mentale et le bien-être des élèves se dégradent durant le collège et ne s’améliorent pas au lycée. Globalement, les filles présentent une santé mentale moins bonne et un niveau de bien-être moins élevé que les garçons.
Un outil d’aide à disposition de tous
Le 3114, numéro national de prévention du suicide, est accessible 24h/24 et 7j/7. Cette ligne s’adresse aux personnes en détresse, mais aussi à leur entourage, aux professionnels et aux personnes endeuillées par suicide. Les appels, gratuits et confidentiels, sont pris en charge par des professionnels du soin, psychologues ou infirmiers, formés à la prévention du suicide. Ce dispositif comporte également un site internet qui met à disposition des ressources pour mieux comprendre la crise suicidaire et des conseils pour la surmonter.
Manque de perception et disparité femme et homme…
Les résultats mettent également en lumière la perception des systèmes de santé en France. Ainsi, 45 % des Français estiment que la santé physique est davantage priorisée que la santé mentale dans le système de santé actuel. Cependant, une large majorité (77%) considère que la santé mentale et la santé physique sont d'égale importance. La disparité entre les femmes et les hommes concernant l’impact du stress sur la vie quotidienne est également notable. 29% des hommes français ressentent les effets du stress sur leur vie quotidienne, ce pourcentage grimpe à 39% concernant les femmes françaises et même 40% chez les femmes de moins de 35 ans.
Des hôpitaux psychiatriques abandonné !...
Les troubles de santé mentale affectent des millions de personnes à travers le monde et peuvent entraîner des conséquences dévastatrices sur les individus et leurs familles. La stigmatisation, le manque de ressources et la pénurie de professionnels qualifiés rendent souvent difficile l'accès à des soins appropriés et efficaces. Pourtant, de nombreuses personnes n'ont toujours pas accès aux soins dont elles ont besoin en raison de divers obstacles.
La réduction du nombre de lits et de personnel dans les hôpitaux psychiatriques en France est une problématique qui soulève de nombreuses inquiétudes. Les soignants alertent sur une psychiatrie au bord de la rupture, avec des personnels en sous-effectifs et une offre de soin dégradée. Une situation qui entraîne de plus en plus un sentiment d'insécurité parmi les soignants et les patients et les syndicats, exacerbé par la fermeture de lits dans les unités psychiatriques due au manque de soignants.
Le nombre de postes vacants ne cesse de croître, ce qui aggrave encore la situation. En outre, la baisse du nombre de lits en état d'accueillir des patients s'accentue, avec un recul plus rapide qu'avant la crise sanitaire. Plus d'un quart des postes sont vacants dans 40% des établissements, et 25% des établissements se déclarent en grande difficulté pour répondre aux besoins de la population.
Les fermetures structurelles de lits sont nombreuses et se sont intensifiées avec la crise sanitaire, en lien avec un manque criant de personnel médical ou paramédical. Entre fin 2008 et fin 2019, le nombre de places en psychiatrie a augmenté pour la prise en charge à temps partiel, tandis que le nombre de lits pour la prise en charge à temps complet a diminué. Ces changements reflètent une évolution vers des formes de prise en charge alternatives à l'hospitalisation complète, mais ils posent également la question de l'adéquation des ressources disponibles pour répondre aux besoins des patients nécessitant une hospitalisation.
A ce jour Les conséquences sont multiples : des délais d'attente allongés pour les patients nécessitant une hospitalisation, une pression accrue sur les soignants qui restent, et une prise en charge parfois insuffisante qui peut mener à des situations critiques pour les patients les plus vulnérables. Pour remédier à cette crise, des voix s'élèvent en faveur d'un "plan Marshall" pour la psychiatrie, appelant à des investissements significatifs pour améliorer les conditions de travail et attirer de nouveaux talents dans la profession.
Quatre mesures dans une pétition…
Une pétition adressée à la fois aux citoyens pour une prise de conscience de cette situation, mais aussi au ministère de la santé, désormais sous la responsabilité de Geneviève DARRIEUSSECQ. Une pétition lancée sous l’intitulé « Pour l'amélioration de l'accès aux soins de santé mentale » ayant à ce jour réunit plus 14.479 signatures. Une pétition qui invite les responsables politiques. Augmenter le financement de la santé mentale : allouer des budgets supplémentaires pour développer des infrastructures de santé mentale, recruter et former des professionnels, et fournir des ressources nécessaires.
Mais aussi de promouvoir l'éducation et la sensibilisation « avec des campagnes de sensibilisation pour réduire la stigmatisation associée aux troubles de santé mentale et encourager les individus à chercher de l'aide ». L’auteur qui réclame aussi le renforcement des infrastructures et des ressources, par la « Construction et rénover des centres de santé mentale, et garantir la disponibilité de traitements et de services de soutien ».
Les deux points concernant la faciliter l'accès aux soins avec « la mise place des programmes de soutien pour les populations vulnérables, garantir des services de santé mentale abordables et accessibles à tous, y compris dans les zones rurales ». Enfin celle d’intégrer la santé mentale dans les soins primaires. Avec « la formation les professionnels de santé primaire pour qu'ils puissent reconnaître et traiter les troubles de santé mentale, et orienter les patients vers des spécialistes lorsque nécessaire ».
Ensemble, nous pouvons faire une différence significative pour garantir à chaque individu l'accès aux soins de santé mentale dont il a besoin et mérite ! En France, environ 3 millions de personnes souffrent de troubles psychiques sévères. Les conséquences de tels troubles sont majeures pour l’individu concerné, qui présente un risque suicidaire accru, et plus largement un risque plus élevé de mortalité prématurée.
Rédacteur : Stéphane LAGOUTIERE
Sources : Mes Opinions.com / Inserm / Santé Publique France / Freepik
Publication : 14/10/2024