L'Armée du Salut fête ses 150 ans de lutte contre l'exclusion et contre la misière
Comme chaque soir à Paris, une douzaine de bénévoles, en gilets jaunes, leur remettent un plateau avec un plat chaud, un laitage, un dessert. Les chaises rouges en plastique sont prises d'assaut. Chacun mange rapidement, souvent en silence, tandis que dans la cour, les autres attendent leur tour. C'est l'une des nombreuses actions de l'Armée du Salut, qui fête ses 150 ans d'existence.
Un anniversaire qui sera fêté le 13 septembre 2015 en présence des bénévoles, salariés, personnes acceuillies et donateurs vont se rassembler pour souffler les bougies au Parcs Georges BRASSENS dans le 15e arrondissement à Paris Cet après midi festif commencera par un concert de Musique Territoriale de l'Armée du Salut et se poursuivra autour de la dégustation du gâteau d'anniversaire.
Un mouvement qui vit le jour le 2 juillet 1865, le Pasteur anglais William Booth fondait un mouvement désireux d'apporter le salut aux plus pauvres de la société. Une démarche résumée, par le célèbre slogan «Soupe, Savon, Salut». Aujourd'hui, l'Armée du Salut est active dans 127 pays et compte 1,7 million de membres.
Sans domicile, travailleurs pauvres, migrants, retraités avec de petites pensions et bien sur personnes en situation de handicap ou de dépendance... l'accueil est inconditionnel, explique le major Dominique GLORIES, officier de l'Armée du Salut depuis 35 ans, qui coordonne l'aide alimentaire. Depuis 2013, cette distribution de repas a remplacé à Paris les traditionnelles « soupes de nuit », en extérieur.
Yves, cuisinier de 54 ans en arrêt de travail, fait une heure trente de transport chaque soir pour venir manger. « Ça me fait une sortie », dit celui qui vit à l'hôtel et vient depuis un an car « il y a la quantité, c'est équilibré, et les gens sont sympas ».
De son côté, Karim, sans domicile fixe de 30 ans, est aussi un habitué. « Avant j'allais aux Restos du Coeur, mais c'est une distribution dans la rue. Ici on mange au chaud et assis. Mais il y a de plus en plus de monde dans la file d'attente », se désole-t-il.
Chaque soir, ils sont entre 350 à 400 à attendre un repas chaud
Chaque soir, ils sont entre 350 et 400, mais jusqu'à 600 l'été, lorsqu'une grande partie des associations ferment leur portes. Paradoxalement, ils sont moins nombreux l'hiver, beaucoup profitant des repas offerts par les centres d'hébergement ouverts en période de froid.
L'aide alimentaire est une des priorités du mouvement. C'était une volonté du pasteur méthodiste William BOOTH, lorsqu'il créa à Londres, en 1865, « la mission chrétienne », qui deviendra l'Armée du Salut.
Touché par la misère des populations ouvrières britanniques, il souhaitait « les aider à sortir de leur désespérance ». Mais il prend vite conscience qu'on ne peut pas parler de valeurs spirituelles à des personnes qui ont le ventre vide. Il faut d'abord répondre à leurs besoins élémentaires, une condition qu'il résume par « soupe, savon, salut ».
Les actions de l'Armée du Salut se sont diversifiées
Il s'inspire de la structure militaire pour « mener le combat », et essaime rapidement dans d'autres pays. En France, l'Armée du Salut s'implante en 1881. Aujourd'hui, elle est active dans 127 pays et compte 1,7 million de membres.
« Depuis le début, nous maintenons cette activité d'aide alimentaire, en offrant au moins un repas complet par jour aux plus démunis », précise le colonel Daniel NAUD, à la tête de l'organisation en France.
Mais les actions se sont diversifiées: hébergement, réinsertion, aide aux jeunes en difficulté, aux personnes handicapées et aux retraités, l'association dispose dans l'Hexagone de 140 structures d'accueil et d'aide, qui prennent en charge près de 8.000 personnes.
Des personnes handicapées prit en charge comme le demontre, le domaine du Château d'Auvilliers ou l'établissement a étendu ses activités et développé son inscription territoriale et ses partenariats. Représentant aujourd'hui une véritable plate-forme de services du secteur nord d'Orléans pour personnes handicapées. Avec notamment un ESAT (Établissement et Services d'Aide par le Travail), où 87 travailleurs handicapés exercent leurs compétences dans les ateliers du Château (horticulture, bâtiment, sous-traitance industrielle) ou détachés en entreprise.
Un Foyer de vie (Foyer d'accueil médicalisé), installé dans un bâtiment neuf (l'activité a démarré au printemps 2012), où vivent 34 jeunes adultes handicapés et plusieurs personnes handicapées vieillissantes; Mais aussi un Foyer de Vie de Jour, qui peut accueillir chaque jour jusqu'à 12 personnes et qui propose de nombreuses activités, centrées autour d'une ferme pédagogique.
Le colonel NAUD : « Aujourd'hui, nos centres d'accueil sont pratiquement tous pleins »
Ces structures sont gérées par la Fondation de l'Armée du Salut, une des deux entités du mouvement qui s'est scindé en deux en 1931 pour respecter la règle de séparation de l'Église et de l'État. L'autre entité, la Congrégation, est une église protestante qui porte ses valeurs spirituelles.
« Aujourd'hui, nos centres d'accueil sont pratiquement tous pleins », explique le colonel NAUD. « Nous sommes prêts à nous mobiliser pour accueillir des réfugiés", souligne-t-il, "mais ce qui nous manque, ce sont des fonds ».
L'Armée du Salut financé par des aides de l'État
Financé par des aides de l'État et des dons, le mouvement dispose d'un bon ancrage dans l'opinion, notamment grâce à la tradition du chaudron, de la petite clochette et des musiciens de l'Armée, qui au moment de Noël appellent à la générosité des passants.
« Lorsque nous sortons avec notre uniforme, nous sommes repérables, cela nous rend service », reconnait le colonel NAUD. Ce dimanche, l'Armée du Salut fête son anniversaire dans un square parisien avec un concert de sa fanfare territoriale et un gâteau géant. La fête devrait être au rendez-vous...
La Rédaction / Avec AFP
Publication : 11/09/2015