Un chauffeur de bus prend la décision de faire descendre tous les passagers pour laisser monter un voyageur handicapé
L’histoire pourrait faire rire si elle ne représentait pas l’image d’une société qui demeure dans son comportement majoritairement individualiste. Reste à espérer que cette expérience vécue par les passagers de ce bus contraint de descendre pourra leur servir de leçon et les invités à plus de citoyenneté ! en laissant la place nécessaire pour qu’une personne en situation de handicap puisse circuler librement et monter dans le bus sans souci. C’est l’expérience qu’a vécue un Parisien atteint d’une sclérose en plaques. Un geste inattendu et exceptionnel ! même si pour certains chauffeurs la solution semble radicale.
La réalité un manque de civisme !
Une histoire qui reflète l’image de notre société qui malgré quelques instants parfois de solidarité nationale peut se rassembler autour d’une cause comme le téléthon par exemple, l’individualisme de notre société demeure bien une réalité quotidienne. Comme le décrit si bien F.B* dans un twitte posté le 19 octobre et partagé plusieurs milliers de fois. « Hier attendant le bus à Paris, Porte de Clichy » avec son frère « personne ne voulait se pousser. Comme personne ne bougeait, le chauffeur s’est levé et a dit Terminus ! Tout le monde descend ! Après il est venu me voir et m’a dit, vous pouvez monter et les autres, vous attendez celui d’après !' ». Un twitte à l’image de notre société. Contacté F.B nous a précisé que le chauffeur, dont il ne connaît pas l’identité, lui à dit regretté le comportement des voyageurs et leurs « manques de civisme (…) nous pouvons tous nous retrouver en fauteuil un jour ».
Un manque de civisme mais aussi d’accessibilité raconte ce Parisien qui regrette les problèmes d'accès pour personnes à mobilité réduite dans les espaces publics, et dénonce la « multiplication de fausses cartes de stationnement ». Une problématique d’accessibilité récurrente pour laquelle APF France Handicap et d’autres associations comme Handi Social avait appelé à manifester le 26 septembre dernier dans toute la France comme à Paris avec une manifestation "Pas de métro, pas de boulot !". Une expérience pour laquelle François se dit rassuré affirmant « qu'il y avait quand même une petite justice pour les gens en fauteuil roulant même si elle est encore malheureusement encore trop rare en Île-de-France et devrait servir à tous les chauffeurs comme aux citoyens ».
Des sentiments partagés…
Un comportement jugé exceptionnel pour certains qui n’hésite pas espéré comme Julie qui réside elle a Paris « que tous les chauffeurs prennent exemple sur ce chauffeur, parce que malheureusement beaucoup s'en moquent et cela se n'est pas normal, ils s'en fichent. Je pense que beaucoup de chauffeurs devraient avoir une longue formation. Il faut qu’ils fassent respecter les règles ».
Pour d’autres au contraire la solution semble radicale. « En tant que conducteur de bus dans le 94, je n’ai jamais eu affaire à ce genre de comportement, mais de là à chasser tout le monde pour ensuite reprendre une seule personne je trouve sa un peu osé, la meilleure méthode est d’éteindre le moteur et attendre que tout le monde bouge » pour Martin chauffeur de bus a Paris.
Une histoire presque quotidienne !
Une histoire que vivent quotidiennement les personnes en situation de handicap, et cela quelle qu’ils soient, même si les personnes en fauteuil sont évidemment les plus concernées, elles ne sont pas les seules. Déficients visuels, auditifs, ou encore handicap invisible sont, eux aussi concernés, sans oublier le handicap mental, encore mal prise en compte dans cette politique de l'accessibilité pourtant dite universelle. Des passagers en situation de handicap, confronté chaque jour à ces discriminations qu’il s'agisse du personnel avec des rampes qu'ils ne veulent pas déployer faute de temps, ou des insultes de passager mécontent.
Des expériences, comme en juillet dernier à Saint-Ouen (93), vécus par Soumaïla TRAORÉ, handicapé moteur, qui c’était vu refuser l’accès à deux bus, Soumaïla, « Je me suis alors dit que j’allais essayer de le rattraper parce que je ne trouvais pas cela acceptable. » et bloquera le bus. La RATP qui affirme pourtant que l’accessibilité est un « Enjeu majeur. » Selon l’exploitant, l’ensemble du réseau de bus parisiens (63 lignes) et plus de 70 % du réseau de banlieue (plus de 200 lignes) peuvent être emprunté par des personnes en fauteuil roulant. « À horizon 2021, 100 % des lignes de bus seront accessibles », assure encore la RATP.
Une expérience vécue par FB qui ne sont pas une première notamment dans les transports en commun qu’il s'agisse des avions, des trains mais aussi des bus. Une expérience qu’auront connue ces derniers mois des passagers handicapés comme à Aix-en-Provence, comme le raconte Marcs dont un conducteur « m’a dit de prendre le bus suivant, alors que je suis en fauteuil roulant et que son bus était quasiment vide, et le suivant, bondé ! Et il a dit aux autres passagers de monter bien sûr ».
Des expériences et des histoires quotidiennes qui prouvent malheureusement que l’accessibilité reste encore un long chemin tant dans sa mise en œuvre sur le terrain qu'au sein de notre société ou les Français ont tendance à oublier que du jour au lendemain celle-ci leur sera peuvent nécessaire pour garder et préserver leurs indépendances et leurs autonomies.
Stéphane LAGOUTIERE
* Celui-ci préférant garder l’anonymat.
Publication : 23/10/2018