Covid-19 : Des infirmiers désabusés sont 57% déclaré « être en situation d’épuisement professionnel »
Alors que le re-confinement est sur le bout de lèvre et que plusieurs métropoles sont désormais classées en zone « alerte renforcée », voire « maximale » et que les épidémiologistes prévoient que la majorité de notre territoire le sera également dans quelques semaines, les infirmiers expriment leurs épuisement dans un sondage(1). Pour Patrick CHAMBOREDON, Président de l’Ordre National des Infirmiers auteur de ce sondage, celui-ci l’urgent également « de revoir le décret qui encadre l’exercice de notre profession pour prendre en compte et officialiser ces compétences additionnelles, d’ores et déjà mises en œuvre au quotidien par les infirmiers ».
Des professionnels à la recherche d’une reconnaissance…
Si les indicateurs communiqués chaque jour – nombre de patients contaminés, nombre d’admission en réanimation, etc. – sont essentiels au suivi de la progression de l’épidémie, ne perdons pas de vue une autre donnée cruciale : celle des moyens humains. Ce sont en effet les professionnels de santé qui sont en première ligne pour prendre en charge les patients au quotidien. Dans ce sondage ou près de 60 000 ont répondu ces derniers décrivent une organisation fragilisée, parfois même en risque de rupture. Mais faisant état aussi de fatigue et de découragement avancés.
Une profession en premier ligne pourtant tellement applaudi par les Français et pour lequel le Ministre de la Santé Olivier VERAN ne se réduit que a des promesses mais aussi a réduction budgétaire dans le PLFSS qui sera présente le 27 octobre prochain a l’assemblée nationale. Un choix politique qui va contre sens comme pour les urgence qui exprime leurs colère depuis plus deux ans.
Selon Patrick CHAMBOREDON ce sondage exprime, l’inquiétude de ces professionnelles se « sentent désarmés pour y parvenir, au point de se demander s’ils vont continuer à exercer leurs fonctions à l’avenir. Nous ne pouvons pas accepter cela. Les infirmiers sont indispensables au fonctionnement du système de soins ». Au-delà des demandes de court terme et de gestion de crise, comme la revalorisation, il s’agit surtout pour le président de permettre « aux infirmiers d’évoluer tout au long de leur carrière, en reconnaissant leur contribution réelle à l’offre de soins, en leur permettant d’avancer vers davantage d’autonomie ».
Rappelant dans cette époque d’incertitude « à la responsabilité de chacun. Il est essentiel que les Françaises et les Français respectent scrupuleusement les gestes-barrières »
Une organisation au bord de la rupture…
En pleine crise sanitaire contre l’épidémie de Covid19, la consultation réalisée début octobre montre certains points de fragilité inquiétants pour les infirmiers à remporter ce marathon sanitaire prévu pour durer encore plusieurs mois. Il sont 33 % à considéré « être moins nombreux que d’habitude » et d’ores et déjà en tension. Avec une conséquence : des établissements médicaux en risque de rupture, puisque 57% des infirmiers exerçant en établissement indiquent « ne pas disposer du temps nécessaire pour prendre en charge les patients ».
Un sondage qui montre que les politiques ne semble pas avoir tenu compte suffisamment des enseignements de la première vague. Des critiques mise en avant par la commission d’enquête que avait ouvert le Senat. Il sont ainsi 43 % contre 46% pour les libéraux. A cet égard, 47% des infirmiers et 55 % parmi les libéraux considèrent « qu’on ne se repose pas suffisamment sur eux en ville pour lutter contre la Covid-19 et ses conséquences ». Ces derniers citant l’exemple des tests de dépistage, poursuivre les soins des patients chroniques et/ou non Covid-19, ou encore pour le suivi à domicile des patients contaminés. Enfin, se pose la question des équipements de protection, qui se révèlent de nouveau en quantité insuffisante pour 44% des infirmiers contre 68% pour les libéraux.
Des infirmiers fatigués, malmenés et surchargés…
Au-delà des organisations de plus en plus défaillante, et alors même que la même que première vague du printemps dernier a rappelé au plus grand nombre leur rôle indispensable au sein du système de santé, les infirmiers subissent des conditions de travail dégradées. Ce sondage met en avant que 59 % d’entre eux ont vu « leur charge de travail augmenter depuis le début de la crise », un taux monte a 75 % pour les infirmiers salariés / exerçant en établissement.
Près des 2/3 des infirmiers déclarent que « leurs conditions de travail se sont détériorées depuis le début de la crise » et 64% pour les infirmiers salariés / exerçant en établissement. Il sont près d’un infirmier sur cinq « n’a pas pu prendre de congés depuis mars dernier » contre 29% parmi les libéraux !.
Par ailleurs, trop d’infirmiers se retrouvent confrontés à une forme d’insécurité réglementaire 30% des infirmiers « exercent des taches qui sortent de leur champ de compétences réglementaire pour faire face au surcroit d’activité général lié au Covid-19 », aussi bien en ville qu’en établissement. Des chiffres qui prouve selon le président de l’Ordre des infirmiers, « il parait urgent de revoir le décret qui encadre l’exercice de notre profession pour prendre en compte et officialiser ces compétences additionnelles, d’ores et déjà mises en œuvre au quotidien par les infirmiers ».
Des professionnels poussé parfois suicide…
Des hommes et des femmes qui ont connu ces derniers années plusieurs cas de suicides parmi les personnels des hôpitaux et établissements de soins. Comme le montrent plusieurs expertises CHSCT, la contradiction s’aiguise entre la logique gestionnaire et l’éthique professionnelle de personnels épuisés et dépourvus de moyens. Le 8 janvier 2018, une aide-soignante du service de médecine nucléaire du CHU de Toulouse met fin à ses jours. Ce n’est pas la première fois que cela se produit dans l’établissement.
En 2016, deux infirmiers, une aide-soignante et une aide-puéricultrice étaient passées à l’acte. Le 9 janvier 2018, une salariée en contrat aidé de l’Ehpad de Cunlhat (Puy-de-Dôme) se suicide à son domicile. La veille, elle avait appris que son emploi était supprimé (en Auvergne sur les 300 contrats aidés de ce secteur 200 sont supprimés). Le 10 janvier 2018, un infirmier du service psychiatrique de Denain (59) se pend. La CGT dévoilera lors d’une conférence de presse que le mois précédent, c’est une infirmière de ce même hôpital qui a été sauvée in extremis. Et ce ne sont la que quelque exemple…
Des infirmiers risquent de « jeter leur blouse »…
Ils seraient ainsi au cause de ces Des conditions de travail, qui auraient selon l’ordre des infirmiers des conséquences graves sur l’état de fatigue et de santé des infirmiers. 33% des infirmiers déclarent « qu’ils étaient en situation d’épuisement professionnel avant la crise », et 57% à déclarer « être en situation d’épuisement professionnel depuis le début de la crise », avec 48 % d’entre eux « un fort risque d’impact sur la qualité des soins ».
Alors que 34 000 postes d’infirmiers sont vacants en cette rentrée 2020 selon l’ordre des infirmiers, affirmant qu’il faudrait en créer encore plus pour répondre réellement aux besoins du terrain, « ces conditions de travail dégradées nous font courir le risque de voir toujours plus d’infirmiers jeter leur blouse » souligne le communiqué. Pour preuve 37% des infirmiers estiment que « la crise que nous traversons leur a donné l’envie de changer de métier » et 43% « ne savent pas s’ils seront toujours infirmiers dans 5 ans ».
Des chiffres qui doivent véritablement convaincre le gouvernement et notamment le Ministre Olivier VERAN de l’urgence de la situation et de la nécessité d’un réellement investissement dans la santé des français, mais aussi des professionnelles sans lequel les établissement qu’ils s’agisse des hôpitaux ou établissement médicaux-sociaux mais des libéraux qui ne peuvent se réduire a quelques primes promise aux professionnels dont beaucoup n’en n’ont pas vue la couleur !
Stéphane LAGOUTIÉRE
Sources : Ordre National des Infirmiers 2020
(1) Consultation réalisée du 2 au 7 octobre 2020 auprès des 350 000 infirmiers inscrits à l’Ordre et à laquelle 59 368 infirmiers ont répondu.
Publication : 12/10/2020