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Sécurité et la santé au travail, risque nouveau et régression de la protection des salariés

2010.04.28.souffrance-au-travail-a-france-télécomChaque année l'Organisation internationale du Travail (OIT) dénombre plus deux millions de morts soit 5000 morts par jour et 270 millions d'accidents sur les lieux de travail. Une situation inquiétante, car si une fois de plus les pays pauvres sont les plus touchés, les conséquences dans les pays riches restent un poids pour l'économie. Quant au thème choisi pour ce 28 avril : « Les risques émergents et les nouvelles formes de prévention dans un monde du travail en mutation ». Un message renouvelé dans son discours par Juan SOMAVIA, Directeur général du bureau l'organisation internationale du travail

Une journée essentielle dans le monde comme en France ou l'actualité des dernières semaines nous a montré l'importance du sujet avec à titre exemple, les suicides à la chaine dans l'entreprise France Télécom. L'emploi précaire, la sous-traitance, les charges de travail plus élevées, ou encore « l'intensification des tâches due aux compressions d'effectifs » ont eu « inévitablement des répercussions sur les conditions de travail », pouvant entraîner par exemple des troubles musculo-squelettiques, ou des risques psychosociaux, comme le stress au travail.

« Des études effectuées dans des pays européens et d'autres pays développés montrent que le stress est à l'origine de 50 à 60 % de la totalité des journées de travail perdues », explique l'OIT. Néanmoins, le stress n'est pas le seul facteur de la santé au travail, la précarité, le stress étant considérés comme « la deuxième cause la plus fréquemment relevée de troubles de santé au travail, qui a touché 22 % des travailleurs de l'Union européenne en 2005 », précise-t-il. Enfin, cette dernière, insistant sur la nécessité de partager les connaissances sur ces risques émergents, au niveau national comme international, pour une meilleure évaluation et prévention de ces risques.

Sécurité et santé au travail qui toujours selon l'OIT représenterait un milliard de milliards de dollars à l'économie mondiale. Auquel il convient ajouter le coût social des départs à la retraite anticipée pour invalidité, raccourcissant ainsi la vie professionnelle de près de cinq ans en moyenne. Enfin l'absentéisme, qui peut aller de 2 % à 10 % selon le secteur et le type de travail, sans oublier le chômage dû à une capacité de travail réduite du fait d'une maladie, ou encore la pauvreté causée par une perte totale ou partielle de revenu, surtout chez les femmes.

Pays pauvres et pays riches, le respect des droits reste un fleau ! 

Pays pauvres et émergents, l'Afrique, à elle seule, comptabilise 18 % des accidents mortels, comme au Sénégal ou chaque année sont eux les plus concernés, près de 360 000 accidents de travail entraînent des décès de près de deux millions de travailleurs. En 2009, 2713 accidents ont été déclarés à la Sécurité sociale, qui a déboursé deux milliards 898 millions de francs CFA soit l'équivalent de 4,4M€. Ce chiffre ne prend pas en compte les accidents dans le secteur informel. Des pays ou ou malheuresement le droit sociale est souvent mise de côté face a des entreprises ou seule le profit est un objectif essentiel. Auquel il faut aujouter des politiques souvent ou la préocupation de leurs population ne sont que secondaire.

Des travailleur indoux construisant un échafaudage pour lequel la sécurité et totalement absenteDes travailleur indoux construisant un échafaudage pour lequel la sécurité et totalement absente©oitÀ titre d'exemple celui du Canada et de la France dans le premier et notamment dans la région du Québec en 2009, ce sont 95 597 personnes qui ont malheureusement été victimes d'un accident ou d'une maladie professionnelle. De plus, la CSST* a recensé 185 décès survenus à la suite d'un accident ou d'une maladie du travail. Par rapport à 2008, il s'agit tout de même de diminutions : de 12 % des accidents et des maladies du travail, et de 5 % des décès recensés. Une situation que connaît le Québec depuis dix ans qui représente de plus de 30 %. Malgré tout pour M. M. Luc MEUNIER, président du conseil d'administration et chef de la direction de la CSST interrogé par notre correspondante locale Jacinthe MAJEAU, « Cette baisse est une réussite. Mais un accident demeure un accident de trop. C'est pourquoi nous devons poursuivre nos actions pour prévenir les accidents et les maladies du travail, ses actions mêmes qui nous guident depuis maintenant 30 ans », avant d'ajouter « Je ne peux concevoir qu'encore aujourd'hui, toutes les personnes en emploi ne reçoivent pas une formation adéquate sur les risques reliés à leur travail ».

En France, la situation est certes bien moins meilleure même si elle évolue. Car après le Plan Santé au Travail 2005-2009, Le Stress donné en exemple par le BIT à lui enfin été reconnut en France par le 2010-2014, dont le projet avait été présenté fin 2009 avec Xavier DARCOS. La France concernée aussi par les nanotechnologies qui d'ici à 2020 sera à la base de 20 % environ de tous les produits fabriqués dans le monde. Une technologie émergente dont les risques associés sont encore très peu connus tout comme leur impact sur la santé... On commence à cerner seuls quelques-uns des risques biologiques découlant de l'application de nouvelles technologies qui peuvent affecter les travailleurs de nombreux secteurs, du secteur de la santé à celui de la gestion des déchets, en passant par l'agriculture. Enfin, les risques chimiques avec des substances allergènes, sensibilisantes, cancérogènes et mutagènes de plus en plus largement utilisées, avec leurs conséquences pour la santé et l'environnement. L'exemple de l'Amiante reste un exemple phare où plusieurs milliers de salariées restent toujours en attente d'une indemnisation ou d'une prise en charge.

Sans oublier bien sûr les risques liés aux évolutions des conditions de travail et du marché de l'emploi citons juste le vieillissement de la population qui s'accompagne d'une augmentation du nombre de travailleurs âgés plus exposé à certains risques tels que les maladies infectieuses ses et les troubles musculosquelettiques (TMS). Éric Woerth qui a d'ailleurs lancé une le troisième volet de sa campagne de sensibilisation pour renforcer la mobilisation des entreprises en matière de lutte contre les troubles musculo-squelettiques (TMS). Campagne qui a débuté le 1er avril dernier, le ministre qui souhaite réduire de 25 % le nombre d'accidents du travail dans les quatre ou cinq ans, a-t-il annoncé. Le ministre entend également stabiliser le nombre de troubles musculo-squelettiques, « alors qu'aujourd'hui il explose », a-t-il ajouté.

Le stress au travail, une priorité européenne de santé au travail

Rapport du bureau de l'organisation international du travailSelon la quatrième enquête 2005 de la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail, 22,3 % des salariés européens souffrent de problèmes de santé liés au stress d'origine professionnelle. Pour l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, le stress « survient lorsqu'il y a un déséquilibre entre la perception qu'une personne a des contraintes imposées par son environnement et la perception qu'elle a de ses propres ressources pour y faire face ». Les partenaires sociaux européens représentatifs des employeurs et des salariés ont signé un accord sur le stress en 2004. Un second accord portant sur le harcèlement et la violence au travail a suivi en 2007.

En France, la conférence nationale sur les conditions de travail de l'automne 2007, les dernières études puis les derniers drames de l'actualité ont relancé l'urgence d'un plan de lutte contre le stress. En effet, au-delà de ces drames récents, le mal-être « au travail » est aujourd'hui en France, une réalité pour 24 % des hommes et 37 % des femmes.

Un message à faire comprendre pour le BIT

Des risques émergents ou malgré le début de certaines réponses n'apportent toujours pas des réponses pour protéger le salarié dans sa vie professionnelle. Une prise en charge qui sera bien plus élevée que celle de la prévention. Il a ce titre à l'occasion de cette journée notamment publiée une brochure intitulée «Risques émergents et nouvelles formes de prévention dans un monde du travail en mutation», qui fait une synthèse des principales nouvelles questions de SST, dont celles qui sont liées aux innovations technologiques telles que les nanotechnologies et les biotechnologies. En outre, la brochure rappelle que les spécialistes de la SST sont préoccupés par le développement du stress lié au travail et provenant des difficultés à « faire face à l'évolution des modes de travail. Par ailleurs, l'OIT a récemment adopté une liste révisée des maladies professionnelles qui comprend pour la première fois les troubles mentaux et comportementaux et ceux qui sont liés au stress post-traumatique.

Un message que souhaite passer le Bureau international du Travail, qui estime que le partage d'informations sur ces risques émergents devient donc une priorité vitale au niveau national comme international. Au-delà, les outils de prévention doivent évoluer vers des stratégies conçues pour anticiper, identifier, évaluer et maîtriser les risques émergents. C'est le message, "urgent", de cette journée mondiale aux gouvernements, organisations d'employeurs et de travailleurs et autres acteurs du monde du travail.

Stéphane LAGOUTIÉRE


CSST* La CSST est aujourd'hui l'un des plus importants assureurs de personnes au Québec. En 2009, près de 187 000 employeurs cotisaient à la CSST, et 3,1 millions de travailleurs bénéficiaient de sa couverture d'assurance.

Catégorie : ORGANISATION MONDIAL - OMS
Publication : 28 April 2010

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