François ATGER Directeur de l’AGEFIPH
Une fois de plus l'AGEFIPH a les moyens de la communication, qu'elle veut se donner, lesquels ? Peut-être pas toujours celle que l'on pourrait en attendre ! Quant aux réponses si personne ne conteste le bien-fondé du bilan relativement auditif que 20 ans corps être cette 14e édition de la semaine pour l'emploi. Beaucoup de travailleurs ne comprennent pas les facilités toujours accordées aux employeurs ou branches professionnelles récalcitrantes. La Presse et ses contradictions, mais la encore son directeur refusera toute précision, nous confiant les chiffres qui les sont les siens et toujours très difficile de contrôle ! Et des contributions qui selon lui continuent à être payées par les entreprises alors que certaines entreprises affirment elles même le contraire ! François ATGER, d'ailleurs de préciser que la préférence des entreprises a la contribution ne sont que des idées reçues, le constat et la lui et incontestable, le chômage des personnes handicapées représente encore 20,2 % soit deux plus que chez les demandeurs d'emploi valide ? À vous de voir ! |
FHI — Alors que la semaine pour l'emploi bat son plein et 14 ans après sa création en 1997, vos objectifs ont-ils atteint avec les autres partenaires ? François ATGER — L'Agefiph coordonne avec l'Adapt et le FIPHFP la 13e et 14e Semaine pour l'emploi des personnes handicapées. En 2009, ses équipes ont organisé 341 évènements de nature multiple (forums emploi, portes ouvertes dans des centres de formation, tables rondes, ateliers de recherche d'emploi et de coaching ...) qui ont enregistré la participation cumulée de plus de 10 000 personnes handicapées et plus de 5 000 entreprises. Témoignant ainsi de leur forte implication. 2 200 binômes ont été mis en place dans le cadre de »Un Jour, un métier en action © », qui permet aux demandeurs d'emploi en recherche d'orientation de découvrir un métier à exercer, soit 47 % de progression par rapport à 2008. 120 000 pages ont été vues sur www.handichat.fr. Trois fois plus qu'en 2008 ! Avec 18 000 visiteurs uniques et 53 heures de programmes traduits en LSF, la web-TV Handichat a permis aux internautes de poser 4 220 questions et de déposer 3 394 CV en direction des 45 entreprises participant aux chats. 4 000 internautes se sont connectés au chat associant Jamel Debbouze et Pierre Blanc, directeur général de l'Agefiph. Succès sur internet, mais également sur le terrain avec plus d'une dizaine d'ateliers Handichat qui ont permis à des personnes ne disposant pas d'ordinateur ou peu familiers d'internet de participer. Souhaitons que la cuvée 2010 soit à la hauteur de celle de l'an dernier. Cette année nous expérimentons un nouvel événement dans cinq villes françaises (Lyon, Lille, Paris, Montauban, Rouent): Job studio qui propose aux journalistes de découvrir les parcours vers un entretien d'embauche de 60 demandeurs d'emploi qui ont pour objectif de valoriser les qualités personnelles et développer les compétences professionnelles des demandeurs d'emploi handicapés en amont de la phase d'embauche. Le Job studio, qui fait se rencontrer dans l'action, des personnes handicapées et des entreprises, se veut un véritable vecteur de médiatisation de l'insertion. FHI — Aujourd'hui encore bon nombre d'entreprises publique ou privée ont du mal à concevoir la personne handicapée en tant que travailleur, que répondez-vous à cela ? François ATGER — C'est un classique ! L'histoire de la bouteille à moitié pleine et à moitié vide... Considérons d'abord les résultats de l'année dernière : fin 2009 le nombre de demandeurs d'emploi handicapés avait augmenté, pour la première fois dans une crise, deux fois moins vite que l'ensemble des publics (+10 % contre +20 % respectivement). Parallèlement, l'effort de formation global en faveur des demandeurs d'emploi handicapés a crû de 4 %, alors qu'il a accusé une baisse de 5 % pour les demandeurs d'emploi en général. Enfin, dans une période marquée par la destruction d'emplois, le nombre de personnes handicapées employées dans les entreprises qui n'atteint pas le quota de 6 %, contributrices à l'Agefiph, a crû de 10,3 % hors sous-traitance. Ainsi, pour la première fois dans une crise, l'action de l'Agefiph, accompagnant l'impact de la loi de 2005 et venant en complément de l'action de l'État en matière d'emploi dans la même période, a produit un effet positif historiquement inédit sur le marché du travail. FHI — Cette année encore bon nombre de conventions avec votre organisme ont été signées, n'est-elle pas un moyen d'échapper à l'augmentation des contributions comme cela semble le cas dans le privé ? François ATGER — La signature d'une convention avec l'Agefiph n'exonère en aucun cas du versement de la contribution due à l'Agefiph, ce qui n'est pas le cas des accords que les employeurs peuvent conclure avec les partenaires sociaux. Une convention de politique d'emploi conclue avec l'Agefiph permet aux entreprises qui le souhaitent d'être accompagnées dans la mise en place d'une stratégie et de moyens cohérents et efficaces pour progresser dans la voie de l'emploi des personnes handicapées. 35 nouvelles entreprises sur l'ensemble du territoire se sont engagées avec l'Agefiph cette année dans cette voie. Ces conventions, qui ne peuvent être reconduites qu'une seule fois, sont soumises à une évaluation rigoureuse et leurs résultats sont mesurés. Elles mettent en œuvre une grande variété d'actions (recrutement, maintien, information, sensibilisation, formation des acteurs de l'entreprise, formation des personnes handicapées, parcours professionnels, actions vers le milieu protégé) et trouvent leur originalité dans une prise en compte précise des contextes, spécificités et particularités de chacune des entreprises pour construire des projets adaptés à leurs besoins, ce qui est rendu possible par les modes d'interventions, exigeants, mais souples, de l'Agefiph en la matière. FHI — Aujourd'hui encore plus d'un quart des entreprises françaises préfère s'acquitter de la contribution plutôt que de l'embauche, auquel s'ajoute un quart a moins de 3 %. Comment expliquez-vous cette situation ? François ATGER — Soyons précis, et sortons des idées reçues. Si, selon les derniers chiffres que vient de publier l'État (DARES) pour l'année 2008, 248 000 salariés handicapés sont occupés dans les établissements privés assujettis, ce qui représente une progression de 8,1 %, il reste que 43 % des établissements assujettis à l'obligation d'emploi contribuent encore à l'Agefiph.
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Nous enregistrons un progrès de 2 % par rapport à 2007. 18 % des entreprises assujetties étaient en en 2008 à « quota zéro » (c'est-à-dire n'employant aucune personne handicapée, et ne faisant pas appel à la sous-traitance). Ces entreprises, au nombre de 25 000 en 2007, était exposé au risque de devoir, si elles n'entreprenaient aucune action positive, verser en 2010 une contribution à l'Agefiph égale à 1500 fois le SMIC horaire par salarié handicapé manquant au quota. L'enjeu est de leur faire faire un premier pas dans la voie de l'emploi des personnes handicapées. Grâce à une campagne volontariste, conçue et pilotée par l'Agefiph, Ces entreprises ont toutes été contactées, et 86 % d'entre elles ont bénéficié d'un diagnostic de leurs possibilités de contribuer concrètement à l'emploi des personnes handicapées. Les effets de cette action au début de l'année 2010 ont été mesurés : près des 2/3 de ces entreprises étaient sorties du « quota zéro ». FHI — Il y a aujourd'hui un secteur comme celui de la presse (écrite, audiovisuel ou radiophonique) qui n'embauche aucun travailleur handicapé a 90 %. Cela ne vous pose-t-il pas certaines interrogations notamment quand il s'agit du secteur public ? François ATGER — Les branches professionnelles s'engagent de plus en plus nombreuses sur le champ conventionnel, ce qui représente un atout indéniable par la « force de frappe » qu'elles représentent pour atteindre plus d'entreprises, petites et grandes. Le constat d'un faible quota dans telle ou telle branche nous invite davantage à l'action et à un travail de conviction auprès des employeurs qu'aux interrogations. FHI — L'État vient d'annoncer dans la loi de finances 2011 sa décision de ponctionner l'AGEFIPH de 60 M€ en deux ans, n'y a-t-il pas la une contradiction avec ses objectifs a l'emploi ? François ATGER — Notre Conseil d'administration a pris connaissance de l'article 97 de la loi des finances au moment de sa publication au Journal officiel. Il a exprimé le regret à cette occasion que cette disposition n'ait pas fait l'objet d'une concertation préalable. C'est après un examen précis et concret des conditions de mise en œuvre des transferts de charges qu'il contient qu'il déterminera sa position. FHI — L'État n'a-t-il pas une part importante dans le taux de chômage des travailleurs handicapés et notamment dans le domaine de la scolarité où nombreux sont encore ceux qui ne peuvent avoir une scolarité faute d'AVS ? François ATGER — Comme vous le savez, l'Agefiph n'est compétente ni pour intervenir dans le secteur public, ni pour commenter, l'action de l'État et des employeurs publics quant à leurs politiques d'emploi. FHI — En comparaison de 1997, le profil du travailleur handicapé a-t-il évolué et quelle évolution peut-il avoir dans notre société ? François ATGER — Depuis 1997, le profil global de la population des demandeurs d'emploi handicapés a relativement peu évolué : plus masculin, plus âgé, moins formé, et au chômage depuis plus longtemps. 57 % sont des hommes, contre 50 % pour l'ensemble des demandeurs d'emploi. 38 % ont 50 ans et +, contre 18 % pour l'ensemble des demandeurs d'emploi. 79 % sont de niveau inférieur au bac, contre 59 % pour l'ensemble des demandeurs d'emploi. 53 % sont chômeurs de longue durée (>= 1 an) 37 % pour l'ensemble des demandeurs d'emploi. Ces caractéristiques rejoignent celles de la population handicapée en âge de travailler dans son ensemble dont le taux de chômage s'établit à 19 %, contre 8 % pour l'ensemble de la population. Les raisons sont multiples : le handicap, dans la très grande majorité des cas, survient au cours de la vie et non à la naissance et prend des proportions grandissantes plus on monte dans l'échelle des âges. Il frappe les personnes qui connaissent des conditions de vie et de travail relativement plus dures, voire plus dangereuses. Le retard pris par la société dans l'emploi, la scolarisation et la formation des personnes handicapées explique le reste. FHI — Après le vote de la réforme des retraites, estimez-vous que celle-ci corresponde aux difficultés et aux besoins des personnes handicapées ? (Élargissement de l'accès à la retraite anticipée, pénibilité, maladie...) François ATGER — Il n'appartient pas à l'Agefiph de commenter les tenants et aboutissants de cette réforme. Cependant nous percevons bien qu'elle aura un effet sur l'emploi des personnes handicapées en termes quantitatifs : comme nous l'avons vu, la prévalence du handicap augmente avec l'âge. Cette loi met donc mécaniquement l'accent sur l'accompagnement nécessaire des personnes handicapées en recherche d'emploi, mais aussi en emploi. FHI — Pour conclure sans vouloir me répéter, mais qu'attendez-vous réellement et concrètement de cette nouvelle édition et notamment de nouvelle manifestation organisée cette année ? François ATGER — La Semaine de l'emploi est un temps fort chaque année qui permet d'attirer l'attention du grand public sur les enjeux de notre action. C'est pourquoi chaque année, avec toutes les bonnes volontés qui se manifestent, nous mettons toute notre mobilisation dans sa réussite. Mais nous ne nous berçons pas d'illusions : une semaine, fût-elle médiatique, est une pierre dans l'édifice qu'il faut construire. C'est pas à pas, tous les jours avec une opiniâtreté confiante dans les possibilités d'avancées que les progrès se feront et se font déjà sentir. Interview réalisé à Paris le 20 novembre |
2010. 11. 20 --- Une fois de plus l’AGEFIPH a les moyens de la communication, qu'elle veut se donner, lesquels ? Peut-être pas toujours celle que l'on pourrait en attendre ! Quant aux réponses si personne ne conteste le bien-fondé du bilan relativement auditif que 20 ans corps être cette 14e édition de la semaine pour l'emploi. Beaucoup de travailleurs ne comprennent pas les facilités toujours accordées aux employeurs ou branches professionnelles récalcitrantes. La Presse et ses contradictions, mais la encore son directeur refusera toute précision, nous confiant les chiffres qui les sont les siens et toujours très difficile de contrôle ! Et des contributions qui selon lui continuent à être payées par les entreprises alors que certaines entreprises affirment elles même le contraire ! François ATGER, d’ailleurs de préciser que la préférence des entreprises a la contribution ne sont que des idées reçues, le constat et la lui et incontestable, le chômage des personnes handicapées représente encore 20,2 % soit deux plus que chez les demandeurs d’emploi valide ? À vous de voir !
FHI —Alors que la semaine pour l’emploi bat son plein et 14 ans après sa création en 1997, vos objectifs ont-ils atteint avec les autres partenaires ?
François ATGER —L’Agefiph coordonne avec l’Adapt et le FIPHFP la 13e et 14e Semaine pour l’emploi des personnes handicapées. En 2009, ses équipes ont organisé 341 évènements de nature multiple (forums emploi, portes ouvertes dans des centres de formation, tables rondes, ateliers de recherche d’emploi et de coaching …) qui ont enregistré la participation cumulée de plus de 10 000 personnes handicapées et plus de 5 000 entreprises. Témoignant ainsi de leur forte implication. 2 200 binômes ont été mis en place dans le cadre de »Un Jour, un métier en action© », qui permet aux demandeurs d’emploi en recherche d’orientation de découvrir un métier à exercer, soit 47 % de progression par rapport à 2008.
120 000 pages ont été vues sur www.handichat.fr. Trois fois plus qu’en 2008 ! Avec 18 000 visiteurs uniques et 53 heures de programmes traduits en LSF, la web-TV Handichat a permis aux internautes de poser 4 220 questions et de déposer 3 394 CV en direction des 45 entreprises participant aux chats. 4 000 internautes se sont connectés au chat associant Jamel Debbouze et Pierre Blanc, directeur général de l’Agefiph. Succès sur internet, mais également sur le terrain avec plus d’une dizaine d’ateliers Handichat qui ont permis à des personnes ne disposant pas d’ordinateur ou peu familiers d’internet de participer.
Souhaitons que la cuvée 2010 soit à la hauteur de celle de l’an dernier. Cette année nous expérimentons un nouvel événement dans cinq villes françaises (Lyon, Lille, Paris, Montauban, Rouent): Job studio qui propose aux journalistes de découvrir les parcours vers un entretien d’embauche de 60 demandeurs d’emploi qui ont pour objectif de valoriser les qualités personnelles et développer les compétences professionnelles des demandeurs d’emploi handicapés en amont de la phase d’embauche. Le Job studio, qui fait se rencontrer dans l’action, des personnes handicapées et des entreprises, se veut un véritable vecteur de médiatisation de l’insertion.
FHI —Aujourd’hui encore bon nombre d’entreprises publique ou privée ont du mal à concevoir la personne handicapée en tant que travailleur, que répondez-vous à cela ?
François ATGER —C’est un classique ! L’histoire de la bouteille à moitié pleine et à moitié vide…Considérons d’abord les résultats de l’année dernière : fin 2009 le nombre de demandeurs d’emploi handicapés avait augmenté, pour la première fois dans une crise, deux fois moins vite que l’ensemble des publics (+10 % contre +20 % respectivement). Parallèlement, l’effort de formation global en faveur des demandeurs d’emploi handicapés a crû de 4 %, alors qu’il a accusé une baisse de 5 % pour les demandeurs d’emploi en général. Enfin, dans une période marquée par la destruction d’emplois, le nombre de personnes handicapées employées dans les entreprises qui n’atteint pas le quota de 6 %, contributrices à l’Agefiph, a crû de 10,3 % hors sous-traitance. Ainsi, pour la première fois dans une crise, l’action de l’Agefiph, accompagnant l’impact de la loi de 2005 et venant en complément de l’action de l’État en matière d’emploi dans la même période, a produit un effet positif historiquement inédit sur le marché du travail.
FHI —Cette année encore bon nombre de conventions avec votre organisme ont été signées, n’est-elle pas un moyen d’échapper à l’augmentation des contributions comme cela semble le cas dans le privé ?
François ATGER —La signature d’une convention avec l’Agefiph n’exonère en aucun cas du versement de la contribution due à l’Agefiph, ce qui n’est pas le cas des accords que les employeurs peuvent conclure avec les partenaires sociaux. Une convention de politique d’emploi conclue avec l’Agefiph permet aux entreprises qui le souhaitent d’être accompagnées dans la mise en place d’une stratégie et de moyens cohérents et efficaces pour progresser dans la voie de l’emploi des personnes handicapées. 35 nouvelles entreprises sur l’ensemble du territoire se sont engagées avec l’Agefiph cette année dans cette voie.
Ces conventions, qui ne peuvent être reconduites qu’une seule fois, sont soumises à une évaluation rigoureuse et leurs résultats sont mesurés. Elles mettent en œuvre une grande variété d’actions (recrutement, maintien, information, sensibilisation, formation des acteurs de l’entreprise, formation des personnes handicapées, parcours professionnels, actions vers le milieu protégé) et trouvent leur originalité dans une prise en compte précise des contextes, spécificités et particularités de chacune des entreprises pour construire des projets adaptés à leur besoins, ce qui est rendu possible par les modes d’interventions, exigeants, mais souples, de l’Agefiph en la matière.
FHI —Aujourd’hui encore plus d’un quart des entreprises françaises préfère s’acquitter de la contribution plutôt que de l’embauche, auquel s’ajoute un quart a moins de 3 %. Comment expliquez-vous cette situation ?
François ATGER —Soyons précis, et sortons des idées reçues. Si, selon les derniers chiffres que vient de publier l’État (DARES) pour l’année 2008, 248 000 salariés handicapés sont occupés dans les établissements privés assujettis, ce qui représente une progression de 8,1 %, il reste que 43 % des établissements assujettis à l’obligation d’emploi contribuent encore à l’Agefiph. Nous enregistrons un progrès de 2 % par rapport à 2007. 18 % des entreprises assujetties étaient en en 2008 à « quota zéro » (c’est-à-dire n’employant aucune personne handicapée, et ne faisant pas appel à la sous-traitance). Ces entreprises, au nombre de 25 000 en 2007, étaient exposées au risque de devoir, si elles n’entreprenaient aucune action positive, verser en 2010 une contribution à l’Agefiph égale à 1500 fois le SMIC horaire par salarié handicapé manquant au quota. L’enjeu est de leur faire faire un premier pas dans la voie de l’emploi des personnes handicapées. Grâce à une campagne volontariste, conçue et pilotée par l’Agefiph,
Ces entreprises ont toutes été contactées, et 86 % d’entre elles ont bénéficié d’un diagnostic de leurs possibilités de contribuer concrètement à l’emploi des personnes handicapées. Les effets de cette action au début de l’année 2010 ont été mesurés : près des 2/3 de ces entreprises étaient sorties du « quota zéro ».
FHI —Il y a aujourd’hui un secteur comme celui de la presse (écrite, audiovisuel ou radiophonique) qui n’embauche aucun travailleur handicapé a 90 %. Cela ne vous pose-t-il pas certaines interrogations notamment quand il s’agit du secteur public ?
François ATGER —Les branches professionnelles s’engagent de plus en plus nombreuses sur le champ conventionnel, ce qui représente un atout indéniable par la « force de frappe » qu’elles représentent pour atteindre plus d’entreprises, petites et grandes. Le constat d’un faible quota dans telle ou telle branche nous invite davantage à l’action et à un travail de conviction auprès des employeurs qu’aux interrogations.
FHI —L’État vient d’annoncer dans la loi de finances 2011 sa décision de ponctionner l’AGEFIPH de 60 M€ en deux ans, n’y a-t-il pas la une contradiction avec ses objectifs a l’emploi ?
François ATGER —Notre Conseil d’administration a pris connaissance de l’article 97 de la loi des finances au moment de sa publication au Journal officiel. Il a exprimé le regret à cette occasion que cette disposition n’ait pas fait l’objet d’une concertation préalable. C’est après un examen précis et concret des conditions de mise en œuvre des transferts de charges qu’il contient qu’il déterminera sa position.
FHI —L’État n’a-t-il pas une part importante dans le taux de chômage des travailleurs handicapés et notamment dans le domaine de la scolarité où nombreux sont encore ceux qui ne peuvent avoir une scolarité faute d’AVS ?
François ATGER —Comme vous le savez, l’Agefiph n’est compétente ni pour intervenir dans le secteur public, ni pour commenter, l’action de l’État et des employeurs publics quant à leurs politiques d’emploi.
FHI —En comparaison de 1997, le profil du travailleur handicapé a-t-il évolué et quelle évolution peut-il avoir dans notre société ?
François ATGER —Depuis 1997, le profil global de la population des demandeurs d’emploi handicapés a relativement peu évolué : plus masculin, plus âgé, moins formé, et au chômage depuis plus longtemps. 57 % sont des hommes, contre 50 % pour l’ensemble des demandeurs d’emploi. 38 % ont 50 ans et +, contre 18 % pour l’ensemble des demandeurs d’emploi. 79 % sont de niveau inférieur au bac, contre 59 % pour l’ensemble des demandeurs d’emploi. 53 % sont chômeurs de longue durée (>= 1 an) 37 % pour l’ensemble des demandeurs d’emploi. Ces caractéristiques rejoignent celles de la population handicapée en âge de travailler dans son ensemble dont le taux de chômage s’établit à 19 %, contre 8 % pour l’ensemble de la population. Les raisons sont multiples : le handicap, dans la très grande majorité des cas, survient au cours de la vie et non à la naissance et prend des proportions grandissantes plus on monte dans l’échelle des âges. Il frappe les personnes qui connaissent des conditions de vie et de travail relativement plus dures, voire plus dangereuses. Le retard pris par la société dans l’emploi, la scolarisation et la formation des personnes handicapées explique le reste.
FHI —Après le vote de la réforme des retraites, estimez-vous que celle-ci corresponde aux difficultés et aux besoins des personnes handicapées ? (Élargissement de l’accès à la retraite anticipée, pénibilité, maladie…)
François ATGER —Il n’appartient pas à l’Agefiph de commenter les tenants et aboutissants de cette réforme. Cependant nous percevons bien qu’elle aura un effet sur l’emploi des personnes handicapées en termes quantitatifs : comme nous l’avons vu, la prévalence du handicap augmente avec l’âge. Cette loi met donc mécaniquement l’accent sur l’accompagnement nécessaire des personnes handicapées en recherche d’emploi, mais aussi en emploi.
FHI —Pour conclure sans vouloir me répéter, mais qu’attendez-vous réellement et concrètement de cette nouvelle édition et notamment de nouvelle manifestation organisée cette année ?
François ATGER —La Semaine de l’emploi est un temps fort chaque année qui permet d’attirer l’attention du grand public sur les enjeux de notre action. C’est pourquoi chaque année, avec toutes les bonnes volontés qui se manifestent, nous mettons toute notre mobilisation dans sa réussite. Mais nous ne nous berçons pas d’illusions : une semaine, fût-elle médiatique, est une pierre dans l’édifice qu’il faut construire. C’est pas à pas, tous les jours avec une opiniâtreté confiante dans les possibilités d’avancées que les progrès se feront et se font déjà sentir.
Propos recueilli le 17 novembre 2010
Par Stéphane Lagoutiére
Éric BLANCHET Directeur de l’ADAPT : Poursuivre pour éveiller les consciences
Alors que la 14éme édition de la semaine pour l'emploi des personnes handicapées a commencé hier, le Directeur Éric BLANCHET nous confie ici l'impression d'un bilan et l'évolution des travailleurs handicapés dans la société française. Le Directeur qui appel les entreprises à éveil et évolution des mentalités et aussi celle de la responsabilité face au taux de chômage de l'importance de l'accès a l'éducation et aux études supérieures ou encore a la formation professionnelle thème de cette 14e édition. Et confirme le sentiment de l'association face aux décisions de l'État sur sujet ou celui de l'AGEFIPH qui considère cela comme. À noté que vous pouvez retrouver toutes les informations de cette manifestation nationale sur le site édité spécialement à cet effet et mis en place par les trois organisateurs l'ADAPT, l'AGEFIPH et le FIPHFP. |
F.H.I --- 14 ans après sa création en 1997, vos objectifs ont-ils atteint ? Éric BLANCHET --- Quatorze ans, c'est un cycle significatif. Nous avons démarré dans un no-mans-land et, à l'époque, peu de monde osait faire un rapprochement entre compétences et handicap. Et encore moins de personnes ne pouvaient penser que le handicap pourrait être une force pour l'entreprise. C'était une thématique très faible, car le lien handicap et emploi ordinaire était encore naissant et le handicap représentait surtout un frein pour l'entreprise. Une représentation qui persiste de nos jours, mais qui a fortement évolué notamment grâce à la loi de 2005. Aujourd'hui, on peut dire que le pari est gagné : le côté rendez-vous annuel est bien campé dans l'agenda social français et la reconnaissance du public à l'égard des travailleurs handicapés s'instaure de plus en plus. Bien que le problème des personnes handicapées au travail se pose de manière continue, il y a au moins une semaine par an où beaucoup de personnes prennent le temps d'y réfléchir et d'agir. L'an passé, avec près de 380 actions recensées sur notre site, l'édition 2009 de la Semaine a montré une très forte mobilisation des entreprises et des candidats. Nous avons comptabilisé, rien que sur les manifestations portées par L'ADAPT, 2 500 recruteurs et 7 500 candidats mobilisés. F.H.I --- Aujourd'hui encore bon nombre d'entreprises publique ou privée ont du mal à concevoir la personne handicapée en tant que travailleur, que répondez-vous à cela ? Éric BLANCHET --- Que les choses ont évolué ! et que si les entreprises avaient encore du mal à imaginer qu'une personne handicapée puisse être un producteur lors de la première SEPH, la loi 2005 a permis de faire évoluer les mentalités et les entreprises n'opposent plus handicap et compétences. Mais il faut continuer à éveiller les consciences et à informer les recruteurs qui ne sont pas tous au même niveau d'information et de sensibilisation. Nous travaillons désormais avec Agefos PME Ile de France qui permet de tisser des relations avec les petites et moyennes entreprises. F.H.I --- Il y a aujourd'hui un secteur comme celui de la presse (écrite, audiovisuel ou radiophonique) qui n'embauche aucun travailleur handicapé a 90 %. Cela ne vous pose-t-il pas certaines interrogations ? Éric BLANCHET --- Il y a un manque certain de représentation du handicap dans la société civile et notamment auprès des représentants politiques ou médiatiques. Cela fait partie d'un des axes des PRIORITÉS HANDICAP 2011 que nous avons formulé en ce début de semaine pour l'emploi. Plus précisément, c'est une déclinaison de la quatrième priorité que nous avons formulée ainsi : « accroitre la représentation du handicap dans tous les compartiments de la vie civile ». Cela part du constat que voir plus de personnes handicapées dans la vie de tous les jours notamment dans les médias permet de mettre fin aux tabous, de travailler sur les perceptions et de dédramatiser les choses. F.H.I --- Le manque de formation n'est-il pas trop souvent mis en avant comme excuse, alors que celle-ci et largement présente en France et souvent soutenu par les régions ? Éric BLANCHET --- Même si l'on sait que certaines personnes handicapées ne peuvent aller vers l'emploi, il n'en reste pas moins vrai que pour celles qui le peuvent, les obstacles sont nombreux, car avant l'emploi, il y a l'accès à l'école et à l'enseignement supérieur et que cela reste un obstacle pour nombre d'enfants et d'adolescents handicapés. Dans un contexte économique difficile où le diplôme est vu comme une garantie pour l'employeur, le manque de qualification représente un frein. Cependant, ce défaut pourrait être corrigé si la réflexion se faisait en termes de métiers et de compétences.
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F.H.I --- L'État vient d'annoncer dans la loi de finances 2011 sa décision de ponctionner l'AGEFIPH de 60 M€ en deux ans, n'y a-t-il pas la une contradiction avec ses objectifs a l'emploi ? Éric BLANCHET --- Plus qu'une ponction, il s'agit d'un transfert de compétences. L'article vise à transférer à l'Agefiph la gestion de certains dispositifs à destination des travailleurs handicapés, aujourd'hui pris en charge par l'État et notamment ceux pour financer et assurer la mise en œuvre des parcours de formation professionnelle... Interrogée à ce sujet par L'ADAPT lors de notre conférence de presse de lancement de la Semaine, l'Agefiph a expliqué que cela nécessiterait des arbitrages, les conséquences de ce transfert sont donc à venir, c'est pourquoi il s'agit d'être attentif. F.H.I --- L'État n'a-t-il pas une part importante dans le taux de chômage des travailleurs handicapés et notamment dans le domaine de la scolarité où nombreux sont encore ceux qui ne peuvent avoir une scolarité faute d'AVS ? Éric BLANCHET --- Face à aux pouvoirs publics, ce que nous voulons, c'est que les MDPH avec la CNSA affirment leur rôle de coordinateurs. Il faut simplifier les dispositifs et les rendre lisibles pour que les personnes handicapées puissent solliciter les bons acteurs en fonction de leur situation. Ces coordonnateurs de proximité doivent régler leurs difficultés internes pour mettre leur énergie au service des personnes handicapées. L'ensemble du dispositif législatif à travers la loi 2005 abordait toutes les questions permettant l'accès à la pleine et entière citoyenneté des personnes handicapées. Il faut qu'un plan de mise en œuvre respectant la volonté du législateur soit établi et suivi. F.H.I — Aujourd'hui encore plus d'un quart des entreprises françaises préfère s'acquitter de la contribution plutôt que de l'embauche, auquel s'ajoute un quart à moins de 3 %. Comment expliquez-vous cette situation ? Éric BLANCHET — Malgré l'implication des entreprises, force est de constater que le taux de chômage des personnes en situation de handicap est le double de la moyenne nationale. Ainsi l'accès à l'emploi pour les personnes handicapées qui le peuvent reste un défi. On pourrait être tenté de faire porter à l'entreprise la responsabilité de l'emploi des personnes handicapées. Mais est-ce aussi simple ? Les conditions en amont de l'accès à l'emploi ne sont toujours pas réunies : l'accès à l'école, aux collèges, à l'université ou aux grandes écoles, la pertinence des formations, des transports non accessibles et insuffisants, l'accès aux logements... Par ailleurs, les représentations qu'on se fait sur le handicap demeurent un frein à l'embauche. Le changement de regard étant un processus long, cela implique une nécessaire répétition des actions de sensibilisation comme le représente la Semaine pour l'emploi des personnes handicapées. F.H.I --- Pour conclure sans vouloir me répéter, mais qu'attendez-vous réellement et concrètement de cette nouvelle édition et notamment de nouvelle manifestation organisée cette année ? Éric BLANCHET --- Notre 14e édition sera placée sous le signe de la vigilance en cette période de crise économique et de forte mutation de notre secteur. La particularité de cette année est notre volonté de répondre toujours de manière concrète aux besoins des personnes en recherche d'emploi et des entreprises, de participer à l'élaboration de solutions. Notre Semaine permet la rencontre entre recruteurs et travailleurs handicapés avec l'organisation d'Handicafés©, de Jobdatings© ou de Forums pour l'emploi. Mais cette année, nous avons souhaité muscler le discours vis-à-vis de l'emploi et avons menée des groupes de réflexion sur le sujet qui nous a permis de présenter hier lors de l'inauguration de la Semaine pour l'emploi des personnes handicapées au 104 dans le 19e à Paris, des PRIORITÉS HANDICAP 2011 où l'on demande à tous de se pencher sur les parcours atypiques, la formation, le management et le lien nécessaire à créer entre les établissements scolaires et universitaires, les services de l'emploi et les collectivités territoriales.. Nous avons mis en ligne un blog hier sur le sujet qui reprend l'intégralité de nos prioritéshandicap2011.com Interview réalisé le 16 Novembre 2010 |
Propos recueillis à Paris le 16 novembre 2010
Par Stéphane Lagoutière
Jean-Luc Reichmann "continuer la lutte pour le respect de la différence"
Comme prévus ! Quelques jours après la dictée d'Ela écrite cette par Marc Levy est intitulé « Une gifle de lumière », Jean-Luc REICHMA répond aux questions du journal, et nous confie ses sentiments et impression sur cet événement. L'équipe qui lui souhaite un joyeux anniversaire qu'il fêtera dans le 2 novembre pour ce présentateur de TF1, qui affirme être soucieux de « continuer la lutte pour le respect de la différence ». « À partir du moment où ont fait du bien pour les autres vous faites du bien pour vous, la maladie peut touchez chacun d'entre nous aujourd'hui ils ont besoin de vous comme vous avez besoin d'eux » a-t-il précisé le 18 octobre dernier. Une dictée sérieuse où l'animateur aura aussi pris le temps a la plaisanterie avec son ancien professeur de géographie et les élèves... |
F.H.I --- Né à Toulouse et lycéen a Sainte-Marie des Champs comment avez-vous vécu ce retour à la source a l'occasion de la dictée d'Ela ? Jean-Luc REICHMANN : Beaucoup d'émotion, surtout que c'était dans l'amphithéâtre dans lequel j'ai joué ma première pièce « Les 2 timides » d'Eugène Labiche. Encore plus surpris, car deux de mes anciennes professeures étaient présentes et sont encore en exercice Mademoiselle Navarre et Madame Casparos. Rien n'a changé, tout a continué, comme le chantaient les Poppys à l'époque où j'étais à Sainte-Marie des Champs. F.H.I --- Artiste, sportif ou animateur de télévision ont participé à cette lecture avec parfois des raisons diverses. Quels sont les vôtres ? Jean-Luc REICHMANN : Je défends dès que je peux des associations qui ont besoin de médiatisation pour aider ceux qui en ont besoin. ELA est une association au grand cœur avec un parrain au grand cœur Zinedine Zidane, si je peux être une goutte d'eau pour faire avancer la recherche à quelconque niveau que ce soit, je répondrai toujours présent. F.H.I --- Vous dites être concerné par le handicap et le vivre à travers votre sœur sourde travaillant dans un cabinet de prothésiste dentaire ou après votre accident de moto à l'âge de 23 ans. Comment estimez-vous l'intégration du handicap dans notre aujourd'hui ?
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Jean-Luc REICHMANN : Nous sommes là pour continuer la lutte pour le respect de la différence, toutes mes émissions sont basées sur les ressemblances et non sur les différences des gens. L'accident, le handicap peut arriver à quiconque d'entre nous il faut en avoir conscience. Une meilleure intégration du handicap dans notre quotidien devrait être le lot de tout un chacun. F.H.I --- Toujours très apprécié du grand public, pour votre gout de la vie, vos plaisanteries, comment voyez-vous votre avenir au sein de la télévision ou dans votre métier d'artiste ? Jean-Luc REICHMANN : À la télé ou dans le monde des médias nous vivons de plus en plus dans le monde de l'éphémère on ne peut jamais se projeter dans l'avenir donc vivons à 200 % le moment présent. F.H.I --- Sur un sujet comme les retraites, comment voyez-vous la vôtre et celle des personnes handicapées par exemple ? Jean-Luc REICHMANN : La retraite ! Quelle retraite ? F.H.I --- Pour conclure que direz-vous de ce texte Marc Levy et comment l'avez-vous ressenti ? Jean-Luc REICHMANN : Une main tendue, un regard vers l'autre, cette dictée a permis d'échanger des sourires et d'ouvrir les yeux sur toutes formes de différences. Interview reéalisé à Toulouse
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Comme prévus ! Quelques jours après la dictée d’Ela écrite cette par Marc Levy est intitulé « Une gifle de lumière », Jean-Luc Reichmann répond aux questions du journal, et nous confie ses sentiments et impression sur cet événement. L’équipe qui lui souhaite un joyeux anniversaire qu’il fêtera dans le 2 novembre pour ce présentateur de TF1, qui affirme être soucieux de « continuer la lutte pour le respect de la différence ». « À partir du moment où ont fait du bien pour les autres vous faites du bien pour vous, la maladie peut touchez chacun d’entre nous aujourd’hui ils ont besoin de vous comme vous avez besoin d’eux » a-t-il précisé le 18 octobre dernier. Une dictée sérieuse où l’animateur aura aussi pris le temps a la plaisanterie avec son ancien professeur de géographie et les élèves.
F.H.I : Né à Toulouse et lycéen a Sainte-Marie des Champs comment avez-vous vécu ce retour à la source a l’occasion de la dictée d’Ela ?
Jean-Luc REICHMANN : Beaucoup d’émotion, surtout que c’était dans l’amphithéâtre dans lequel j’ai joué ma première pièce « Les 2 timides » d’Eugène Labiche. Encore plus surpris, car deux de mes anciennes professeures étaient présentes et sont encore en exercice Mademoiselle Navarre et Madame Casparos. Rien n’a changé, tout a continué, comme le chantaient les Poppys à l’époque où j’étais à Sainte-Marie des Champs.
F.H.I : Artiste, sportif ou animateur de télévision ont participé à cette lecture avec parfois des raisons diverses. Quels sont les vôtres ?
Jean-Luc REICHMANN : Je défends dès que je peux des associations qui ont besoin de médiatisation pour aider ceux qui en ont besoin. ELA est une association au grand cœur avec un parrain au grand cœur Zinedine Zidane, si je peux être une goutte d’eau pour faire avancer la recherche à quelconque niveau que ce soit, je répondrai toujours présent
F.H.I : Vous dites être concerné par le handicap et le vivre à travers votre sœur sourde travaillant dans un cabinet de prothésiste dentaire ou après votre accident de moto à l’âge de 23 ans. Comment estimez-vous l’intégration du handicap dans notre aujourd’hui ?
Jean-Luc REICHMANN : Nous sommes là pour continuer la lutte pour le respect de la différence, toutes mes émissions sont basées sur les ressemblances et non sur les différences des gens. L’accident, le handicap peut arriver à quiconque d’entre nous il faut en avoir conscience. Une meilleure intégration du handicap dans notre quotidien devrait être le lot de tout un chacun.
F.H.I : Toujours très apprécié du grand public, pour votre gout de la vie, vos plaisanteries, comment voyez-vous votre avenir au sein de la télévision ou dans votre métier d’artiste ?
Jean-Luc REICHMANN : À la télé ou dans le monde des médias nous vivons de plus en plus dans le monde de l’éphémère on ne peut jamais se projeter dans l’avenir donc vivons à 200 % le moment présent.
F.H.I : Sur un sujet comme les retraites, comment voyez-vous la vôtre et celle des personnes handicapées par exemple ?
Jean-Luc REICHMANN : La retraite ! Quelle retraite ?
F.H.I : Pour conclure que direz-vous de ce texte Marc Levy et comment l’avez-vous ressenti ?
Jean-Luc REICHMANN : Une main tendue, un regard vers l’autre, cette dictée a permis d’échanger des sourires et d’ouvrir les yeux sur toutes formes de différences.
Interview réalisée à Toulouse
Par Stéphane Lagoutiére
Jean-Pierre Dupont député UMP : le dépistage de l'audition est une nécessité !
Les Députés Edwige Antier, Jean-François Chossy et Jean-Pierre Dupont ont présenté à l'Assemblée nationale le 5 juillet dernier le rapport du dépistage de l'audition demandé le 23 février dernier par le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale Jean-François Copé. Les députés préconisant notamment la mise en place... À la veille de la révision de la loi de 2004 relative à la politique de santé publique, le principe de la généralisation de ce dépistage et des conditions qui devront accompagner sa mise en œuvre sont posés. C'est à cette question que la mission conduite par le Groupe UMP a tenté d'apporter des éléments de réponse au cours de ses travaux et pour lequel ces derniers ont aussi déposé une proposition de loi. Chaque année, un enfant sur mille naît avec une déficience auditive ou est dépisté en tant que tel avant l'âge de deux ans, soit environ 800 enfants par an. Un chiffre qui atteint 2000 enfants si l'on y ajoute ceux dépistés dans les deux premières années. Près de 85 % des surdités, son génétique et pré de 90 % des parents ne sont pas malentendant ou sourd.... |
F.H.I --- En février 2010 la ministre Nadine Morano a mise en place le plan 2010-2012 votre rapport en t-il un premier bilan et lequel ? Jean-Pierre DUPONT --- La mission qui nous a été confiée à Edwige Antier, Jean-François Chossy et moi-même se situe dans le cadre de la coproduction législative nouvellement en place. Elle répond aux attentes du milieu médical et nous a été suggérée suite au Colloque tenu à l'Assemblée Nationale le 1er février 2010 par la Fondation Jacques Chirac pour le handicap, sur le thème des nouvelles techniques en matière de handicap auditif et visuel. Entre mars et juin 2010, 30 auditions ont été tenues en présence d'interlocuteurs émanant des milieux ministériels, médicaux, organismes payeurs, associations familiales, etc. Une présentation de la proposition de loi a été faite à Mme le Ministre de la Santé et pour information à la Presse, la semaine dernière. F.H.I --- La prévention certes, mais faut-il aujourd'hui encore pour les familles avoir les moyens d'y répondre, l'aide a l'appareillage reste un problème financier tant pour les enfants que pour les adultes ? Jean-Pierre DUPONT --- Le sujet était limité au dépistage précoce et tendant à généraliser l'expérience menée par la Caisse Nationale d'Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS) sur 6 principales villes françaises et dans la Région CHAMPAGNE-ARDENNE. La méthode des dépistages, sa précocité, sa fiabilité et la nécessité de mettre en place une structure de diagnostic et d'orientation ont été étudiées.
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Jean-Pierre DUPONT --- Le sujet était limité au dépistage précoce et tendant à généraliser l'expérience menée par la Caisse Nationale d'Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS) sur 6 principales villes françaises et dans la Région CHAMPAGNE-ARDENNE. La méthode des dépistages, sa précocité, sa fiabilité et la nécessité de mettre en place une structure de diagnostic et d'orientation ont été étudiées. Par ailleurs et parallèlement, une étude médico-économique a été faite à l'initiative du Ministère et son rendu, début juillet 2010, a permis de chiffrer le coût de la mesure préconisée à 11 M€. F.H.I --- Selon vous les propositions faites dans ce rapport sont telles susceptible d'améliorer la vie des familles et pourquoi ? Jean-Pierre DUPONT --- L'intérêt du dépistage précoce permet d'optimiser les solutions à apporter, quelle qu'elle soit, de réduire l'incidence sociale de ce handicap qui concerne 800 enfants par an, de leur permettre une meilleure insertion sensorielle, éducative et scolaire, dès le premier âge. Nombreux sont les pays qui ont adopté le dépistage précoce et l'étude des résultats obtenus nous encourage dans cette démarche. F.H.I --- D'une manière générale quel bilan dressez-vous de la situation et quel sont les en matière budgétaire les efforts a fournir et sont-ils possibles alors qu'ont nous parle de réduire les aides a la politique sociale ? Jean-Pierre DUPONT --- L'incidence économique a été évalué dans l'étude socio-économique du Ministère de la Santé, confirmée par les expériences de la CNAMTS et des organismes mutualistes, ce qui nous conduit à mener à terme cette présentation de proposition de loi. Interview réalisé à |
Didier ROCHE Président de l'UPTIH au service des travailleurs handicapés indépendants
L'Union Professionnelle des Travailleurs Indépendants Handicapés (UPTIH) représente et accompagne les personnes en situation de handicap ayant une activité indépendante et en cours de création. Ses adhérents bénéficient d’un réseau professionnel, de mise en valeur de leurs projets et de leurs compétences en ligne, d’avantages socio-économiques chez différents partenaires, d’outils méthodologiques et d’un vivier d’informations en ligne, d’un programme de coaching individualisé, et de modules de formation (en cours de développement) autour de la création et de la gestion d’entreprise. Pour plus de renseignements : www.uptih.fr Son Président Didier Roche a tenu une réunion au Restaurant parisien Dans le Noir ? Le 1er juillet dernier, nous l’avons interrogée sur les créateurs d’entreprise et le handicap et son association voici ce qu’il nous a répondu Didier ROCHE |
F.H.I --- 3000 créations d'entreprises par les TH par ans ne s'agit pas t-il la d'une forme d'échec de la politique d'insertion et quel sont les métiers qui attire le plus ces derniers ? Didier ROCHE --- Je ne suis qu'à moitié d'accord avec vous. C'est vrai qu'une partie de ces créations d'entreprises est opérée par des personnes que l'on peut appeler « entrepreneurs par défaut » : ils sont lassés de leurs expériences en entreprise ou ils sentent qu'on ne les responsabilise pas suffisamment en raison de leur handicap et ils sont parfois également lassés de leur recherche d'emploi qui est un vrai parcours du combattant pour lequel ils ont l'impression d'avoir encore plus à prouver qu'une personne valide. Mais une autre partie de ces entrepreneurs en situation de handicap ont comme les entrepreneurs valides la fibre entrepreneuriale. Ils ont envie d'indépendance, de souplesse dans leur métier et d'innovation dans un secteur qu'ils connaissent déjà bien. Il n'existe malheureusement aucun chiffre sur le sujet et j'espère que l'UPTIH sera bientôt capable de vous donner de telles statistiques- mais c'est peut-être une majorité des entrepreneurs en situation de handicap. En effet, la souplesse que permet le travail indépendant par rapport au travail salarié est une grande force lorsqu'on est en situation de handicap : elle permet de travailler depuis son domicile , de gérer soi-même l'adaptation de son poste, et de départager soi-même ce que l'on sait faire et ce que l'on ne sait pas faire ! F.H.I --- La discrimination reste toujours très forte, plus de 35 % d'entreprise n'embauche aujourd'hui aucun salarié handicapé. Quel sont aujourd'hui les difficultés auquel doit faire face un travailleur handicapé qui souhaite créer sa propre entreprise ? Didier ROCHE --- Pour intégrer une entreprise, un travailleur handicapé doit faire face aux préjugés de l'employeur puis des collègues de travail sur le handicap. Pour créer son entreprise, un entrepreneur handicapé doit faire face aux préjugés des investisseurs puis des clients et fournisseurs potentiels. C'est une autre forme de discrimination et c'est pour cela que l'UPTIH veut aider, soutenir et aussi représenter les entrepreneurs en situation de handicap. Mais les difficultés sont aussi celles communes à tous les entrepreneurs : difficultés de mettre en place un projet cohérent, un plan de financement viable et de trouver les premiers clients ! L'entrepreneuriat, que l'on soit en situation de handicap ou pas, c'est un choix de vie professionnelle fort et engageant. F.H.I --- Co fondateur de l'UPTIH, entrepreneur non voyant pouvez vous nous dire les raisons qui vous ont conduit a sa création et votre parcours personnel ? Didier ROCHE --- Je suis moi-même travailleur indépendant handicapé. J'ai créé ma 1ère entreprise à 23 ans et depuis les projets se multiplient. Beaucoup ont vu le jour, d'autres attendent dans un coin de ma tête. J'ai commencé par créer une entreprise de
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distribution de produits de la vie quotidienne, de produits informatiques et de services associés (formation, expertise de poste...) destinés au mal et non-voyant. J'ai ensuite été membre fondateur de la radio Euro-FM (au moment du passage à l'Euro) reprise par Vivre FM. Puis il y a eu les restaurants Dans le Noir ? à Paris d'abord et à Londres, Barcelone et bientôt New York. Ensuite mes associés (Édouard de BROGLIE et Fabrice ROSZCZKA) et moi-même avons voulu réutiliser ce concept d'expérimentation du noir absolu en créant une société d'événementiel Ethik Event. Aujourd'hui, elle crée des événements autour de tout type de handicap (surdité, mobilité réduite, malvoyant...). Ces événements en pleine lumière complètent l'offre originelle d'événements dans le noir. Au-delà du handicap, c'est parfois une expérience sensorielle que les clients veulent mettre en place afin de présenter d'une autre manière leurs produits. Puis il y a eu l'attraction au Futuroscope, « Les yeux Grands Fermés », toujours sur ce même concept. Je suis encore très actif dans ces structures, mais je crée encore régulièrement : Ethik Management, Ethik ESTHETIC et enfin l'UPTIH sont des projets en plein essor. F.H.I --- Quelles sont les aides au-delà de celles sociales, que vous pouvez apporter à travers votre association ? Didier ROCHE --- L'UPTIH est le « guichet unique » de l'entrepreneuriat en situation de handicap. Nous sommes un relai d'information pour rediriger nos adhérents vers la structure qui correspond à l'état d'avancement de son projet. Nous nouons donc des partenariats avec les boutiques de gestion, les incubateurs, les organismes de prêts, etc... Nous proposons également un accompagnement personnalisé avec un travail en binôme avec un bénévole de l'UPTIH, pour réussir à monter un business plan viable et à le présenter. Dès septembre nous proposerons des formations. L'UPTIH est aussi un réseau. Au travers de rencontres et d'événements, l'UPTIH est une réelle communauté ou s'échange les bonnes pratiques, les astuces et les conseils entre travailleurs indépendants. Et enfin nous proposons aux TIH d'être visible en ligne au travers d'un annuaire de compétences. Troisième point important : nous voulons garantir à nos adhérents, une représentativité. Être entrepreneur puis, une fois installé à son compte, Travailleurs indépendants handicapés est un statut qui se défend et qui se revendique. C'est aussi pour cela que l'UPTIH propose aux TIH de se rassembler. « Ensemble, on va plus loin » est une de nos devises : l'objectif de l'UPTIH est aussi de faire évoluer les mentalités et le cadre législatif pour que créer son entreprise en situation de handicap soit plus facile. F.H.I --- Vous avez organisé aujourd'hui une conférence de presse revendiquant que la création d'entreprises par des TH était possible, soit, mais après...? Didier ROCHE --- Nous sommes actuellement en pleine campagne de notoriété et d'adhésion –la conférence de presse entrait dans ce cadre. Aujourd'hui les partenariats et le nombre d'adhérents se multiplient, ce qui signifie qu'il nous faut garantir un service de qualité à de plus en plus d'adhérents et qu'il faut mettre en place des nouvelles conventions de partenariat. Notre deuxième priorité est notre action de lobbying pour faire évoluer le cadre législatif qui n'est pas suffisamment favorable à la création d'entreprises en situation de handicap.
Interview réalisé à Paris le 5 juillet 2010 |
Robert Borja, Président de l'association Starting-Block
A l' occasion du lancement de 5e campagne Handivalide qui aura lieu dans 40 universités et grande école française du 11 février au 5 mai 2010, pour promouvoir l'égalité des chances pour les étudiants en situation de handicap. Nous avons interrogé le président Robert Borja de l'association étudiante Starting-Block et Larissa Blaser Présidente de la Commission Handivalides de Centrale Lille. Car si le bilan de l'action et certes largement positif, idée préconçue et manque de volonté et parfois de moyens financier côté administration ou politique laisse songeur... |
F.H.I --- Au lendemain de l'anniversaire du vote de la loi sur l'égalité des chances, celle-ci a-t-elle permis une meilleure accessibilité et ouverture aux étudiants en situation de handicap ? Robert BORJA --- Oui, effectivement, cela a permis des améliorations notables, car la dernière loi sur le sujet datait de 1975 et ne traitait pas spécifiquement de l'enseignement supérieur. Ainsi, depuis 2005, les établissements supérieurs ont la responsabilité d'organiser et de financer l'adaptation des locaux ainsi que les conditions d'accueil et d'accompagnement pédagogique des étudiants handicapés. Cette loi a été suivie par la signature de deux chartes entre le Ministère de l'Enseignement supérieur et la conférence des présidents d'Universités, en 2007, et la conférence des Grandes Écoles en 2008. Sont ainsi apparus dans les établissements supérieurs les référents handicap, chargées d'évaluer les besoins de l'étudiant et de mettre en place un plan d'aide et d'adaptation personnalisé. Néanmoins, les situations sont encore très variables d'un établissement à l'autre et certaines barrières subsistent toujours. Ainsi, l'intégration du handicap psychique dans les politiques d'accueil et d'accompagnement reste aujourd'hui encore très difficile à prendre en compte Larissa BLASER --- Handivalides – Melle Blaser : Je ne suis pas depuis suffisamment longtemps la problématique du Handicap et des études supérieures pour pouvoir répondre à cette question. Toutefois, je trouve la notion de chance, peu approprié. L'accessibilité des études devant être un droit. F.H.I --- Le gouvernement, lors son arrivée au pouvoir, s'était engagé à favoriser l'accès et l'ouverture aux grandes écoles pour les étudiants en situation de handicap, quel est votre sentiment ? Y a t-il eu des avancées sur ce point et lesquelles ? Robert BORJA --- En 2008, la signature de la charte entre le Ministère de l'Enseignement supérieur et la Conférence des grandes écoles a permis de mettre en place une vraie dynamique à ce niveau. On assiste depuis à une globale amélioration de l'accès des étudiants handicapés aux grandes écoles. Mais ces avancées restent très lentes et parfois insuffisantes. Par exemple, il est encore très difficile pour un étudiant handicapé d'accéder aux classes préparatoires de certaines grandes écoles. Il reste également beaucoup à faire en terme d'aménagement des concours afin de garantir une réelle égalité des chances. Aujourd'hui encore, le taux d'étudiants handicapés suivant une formation dans les grandes écoles est encore très faible.
Larissa BLASER --- Je n'ai pas l'impression que le gouvernement a agi en faveur de l'accessibilité des Handicapés aux grandes écoles. Certes elles doivent se rendre accessibles à tous d'ici janvier 2011, mais le financement ne suivant pas, forcer la main en imposant des délais qui ne peuvent être respectés, ne sont pas d'un grand intérêt. Et cette accessibilité des locaux mise de côté je pense que les grandes écoles pourraient aussi agir plus, indépendamment du gouvernement, en réformant les manières d'enseigner notamment. Selon moi, chacune des deux parties est prête à faire avancer, il manque juste un peu d'entrain.
F.H.I --- Pour pouvoir permettre aux jeunes handicapés de réussir leur parcours d'étude à l'université ou dans les grandes écoles, pensez-vous que les moyens donnés au départ soient suffisants ? Robert BORJA --- Il est clair que les moyens ne sont toujours pas à la hauteur des enjeux. Malgré le programme Handiscol qui a permis des avancées significatives, le manque d'AVS est un problème récurrent depuis plusieurs années. Il faut noter également un manque criant de formation initiale des enseignants du primaire et du secondaire sur le handicap. Et pourtant, toutes les avancées relatives à l'accès et à la prise en charge des étudiants handicapés dans le supérieur ne pourront être pérennes que lorsque ces défis dans le primaire et le secondaire seront pleinement relevés. C'est dans cet esprit que Starting-block a lancé un programme de jumelage scolaire entre des classes de collégiens valides et handicapés afin de sensibiliser et de permettre une meilleure connaissance mutuelle entre jeunes valides et handicapés dès le plus jeune âge. Nous venons également récemment de mettre en place un programme de tutorat pour les jeunes du secondaire afin de les accompagner, en amont, dans leur orientation en termes d'études et d'emploi. |
Larissa BLASER --- De ce que j'ai pu apprendre, il me semble qu'au-delà des moyens mis à disposition en primaire ou en secondaire, le problème vient plus de l'autocensure. Autocensure qui d'ailleurs se retrouve aussi bien chez les jeunes handicapés que valides et qui peut sembler assez justifier. En effet, au-delà des moyens, la complexité des formations supérieures rend difficile la réussite. Manque d'aides scolaires disponibles et aptes à comprendre les cours suivis, manque de temps notamment en classes préparatoires par exemple. F.H.I --- Certains jeunes étudiants handicapés estiment que la discrimination est encore beaucoup trop présente (notamment de la part des étudiants et des professeurs). Quel ressenti avez-vous sur cette problématique ? Robert BORJA --- Effectivement, c'est ce qui ressort d'une grande partie des témoignages que nous mettons en lumière lors de la campagne Handivalides. Certaines estiment à 30 % le nombre de jeunes handicapés qui pourraient bénéficier des aides mises en place, mais qui ne le font pas connaître par peur de la discrimination. Pour y remédier, nous estimons que les dispositions légales et techniques doivent être accompagnées d'un travail de sensibilisation sur le terrain. C'est un des objectifs principaux de la campagne Handivalides, que nous menons dans les établissements supérieurs depuis plusieurs années... Larissa BLASER --- Pour moi, toute discrimination est de toute façon « trop » présente. Après je pense que ces réactions sont plus le résultat d'une peur. L'ignorance sur les handicaps, la peur de la différence sont des choses qui peuvent facilement être résolues par des campagnes d'information auprès des jeunes. Et à ce niveau-là je trouve important qu'Handis et Valides travaillent ensemble, chacun ayant un rôle à jouer pour briser les barrières. Certes ce n'est pas forcément facile de communiquer sur son handicap, mais essayer de le cacher tend à justifier les comportements discriminatoires. F.H.I --- Quel bilan concrètement (avancé technique, matériel, financier...) dressez-vous de la campagne Handivalides 2009 ? Quels sont vos objectifs pour la campagne 2010 ? Robert BORJA --- De plus en plus d'universités et de grandes écoles ont fait le choix de nous rejoindre dans la démarche Handivalides, en accueillant une journée de sensibilisation sur leur campus. Par ailleurs, les associations étudiantes sont de plus en plus nombreuses à porter le projet. Ces tendances très visibles en 2009 sont encore renforcées en 2010 et nous nous en réjouissons, car cela prouve une appropriation de la thématique du handicap par les principales parties concernées. Nous sommes très heureux notamment de voir, parallèlement à la Campagne Handivalides de Starting-Block, l'éclosion d'autres initiatives étudiantes liées à ce sujet. De notre côté, pour la campagne 2010, nous avons créé un comité de pilotage composé exclusivement d'étudiants motivés, au cœur du projet dans leurs établissements respectifs. Cette implication des associations étudiantes permet de renforcer encore l'ancrage local des journées Handivalides, indispensable à la pertinence et à la pérennité de la campagne. L'enjeu consistera dans les prochains mois à accompagner la maturation d'un véritable mouvement national étudiant dédié au développement d'une culture d'inclusion des étudiants handicapés à toutes les composantes de la vie étudiante et d'une collaboration constructive à la politique handicap de leur établissement. Larissa BLASER --- La commission Handivalides a rejoint la campagne 2009 trop tard pour pouvoir tirer un bilan. Nos objectifs personnels pour cette année, consistent seulement à organiser une journée Handivalides qui ait un impact autant, voir plus grand que l'année dernière, sur tous les visiteurs et plus particulièrement l'administration de Centrale Lille. Et d'inscrire durablement la problématique du Handicap à l'école Centrale Lille. Pour mon école, suite un audits celle-ci est tours en attente de financement, malgré des subventions qui ont permis d'amélioré l'accessibilité,l'absence d'étudiant chez nous et surtout du par notre secteur d'étude, malgré tout je reste persuader que cela sera possible pour notre école d'accueillir un étudiant qui le souhaiterait intégré se cursus scolaire. F.H.I --- Enfin, à l'approche des élections régionales (mars 2010) et compte tenu du rôle essentiel des régions sur les questions de handicap, quels sont vos souhaits en matière de politique à destination des étudiants en situation de handicap ? Robert BORJA --- A travers notre campagne d'opinion « Jeunes et Handicaps égalisons nos chances », nous soulignons que l'accès aux études est étroitement lié à d'autres thématiques telles que celles de l'accès aux loisirs, au logement, au transport et à l'insertion professionnelle. Ce n'est qu'en travaillant sur ces 5 axes fondamentaux, tant au niveau local que national, qu'une réelle égalité des chances pour tous sera possible. Larissa BLASER --- Je n'ai aucune remarque à faire à ce sujet.
Interview réalisé à Paris le 11.02.2010 |
Madeleine Louarn Metteur en Scène de l'Empereur de Chine et Artiste associée de la CDDB
Madeleine Louarn est venue au théâtre par la pratique de la mise en scène avec des acteurs professionnels handicapés mentaux il y a 25 ans. Ses orientations et ses choix sont, de façon décisive déterminée par cette expérience. Madeleine Louarn qui en 1994 à fondé sa compagnie avec le le Théâtre de l'Entresort, et depuis 18 mois artiste associée au Centre Dramatique de Bretagne (CDDB) de Lorient....Elle présente par sa mise en scène aujourd'hui cette pièce l'Empereur de Chine. |
F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Quel est le regard porté sur les acteurs handicapés dans le milieu culturel ? Avez-vous un public particulier ? Et dans les sphères de l'éducation spécialisée ? Madeleine LOUARN --- Depuis les débuts de l'Atelier Catalyse, nous avons fait un très grand chemin. Au départ, on ne voyait que le côté social de notre démarche artistique. À présent on nous pose beaucoup moins de questions à ce sujet. Ce que les gens regardent aujourd'hui, c'est le contenu. Je pense que l'expérience est regardée avec attention, et que c'est sa durée, sa longévité qui permet ça. La question de la réception avec Catalyse est particulièrement compliquée. Nous sommes confrontés à un double handicap de réception. Il s'agit soit d'un regard de fascination ou soit de suspicion. Certaines personnes arrivent emplies de bienveillance et d'envie de découvrir ce que l'on va leur proposer, tandis que d'autres sont d'emblée dérangées par cette question du handicap. Le reproche d'utiliser ces acteurs comme des marionnettes, d'exploiter une fibre malsaine du voyeurisme sont à l'origine de ces apprioris. Notre but n'est pas de le masquer le handicap. C'est quelque chose d'irréductible. Les gens viennent voir nos spectacles en toute connaissance de cause, et certains sont parfois dérangés, car ils se sentent impliqués dans un acte de voyeurisme. Mais en général, les spectateurs sont souvent très sensibles, et viennent dans une disposition de bienveillance. Ce sont des gens qui nous suivent, et qui portent un regard de tendresse sur ces comédiens. C'est un public rêvé pour tout acteur de théâtre, pour tout professionnel du spectacle dont le but de départ est de donner, de partager... Ce regard bienveillant représente vraiment un atout. Bien sûr, il y a de la suspicion, nous ne sommes pas à l'abri du jugement, mais cela fait partie du jeu, c'est normal... F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Quelles sont les difficultés majeures dans la mise en scène d'acteurs handicapés ? Certaines contraintes peuvent-elles se transmuer en atouts, en ligne de force ? Madeleine LOUARN --- Une des plus grandes difficultés se trouve dans la porosité émotionnelle de ces acteurs. Ce sont de véritables éponges. Ils captent immédiatement l'énergie dans laquelle tu te trouves, et s'en imprègnent. Il faut donc se trouver dans de bonnes dispositions et faire preuve d'un dynamisme immense pour garder leur attention et faire durer leur envie de travailler. La mise en condition de leur capacité à improviser, à donner, est compliquée. Pour que cela se passe bien, dans les meilleures conditions possible, il faudrait que je sois toujours de bonne humeur, au meilleur de ma forme... ce qui est impossible ! Certains jours sont donc parfois voués à l'échec. Le tandem que Jean-François Auguste et moi formons à la mise en scène est essentiel à ce niveau. Lorsque l'on est deux à les diriger, un relais se créé en permanence et la capacité à fournir de l'énergie est doublée ; c'est presque devenu indispensable. Les comédiens de Catalyse travaillent dans l'immédiateté, ils sont dans l'instant toujours renouvelés de l'action. De ce fait, lorsqu'ils ne sont pas à l'aise ou qu'ils sont face à une difficulté majeure, cela se ressent tout de suite... Ils font de la haute voltige, et tout au long de chaque représentation, il y a une marge d'incertitude, un risque de chute permanent. Mais cela est aussi valable dans l'autre sens. Cette immédiateté dans laquelle ils appréhendent les choses qui en font des acteurs d'une rare intensité. Leur enthousiasme et leur grande spontanéité sont de véritables atouts. Ce sont des gens qui, en règle générale, sont pleins de bonne volonté. Ils sont entiers et imprévisibles, ils me surprennent très souvent, même après plus de vingt ans... F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Que penses-tu de cette phrase de Didier Plassard : « Obligé de rester sur le seuil d'une vie psychique qui lui demeure étrangère, menacé par les défaillances d'une trop courte mémoire, l'acteur handicapé nous fait souvenir que les paroles qu'il prononce – et que toutes les paroles de théâtre, avec elles – sont soufflées. » ? Madeleine LOUARN --- J'aime beaucoup cette phrase, car elle touche à un aspect essentiel du théâtre. Il y a au moins trois niveaux de parole au théâtre : celle de l'auteur, qui est ensuite répétée par l'acteur qui la fait sienne. Puis cette parole est reprise autant de fois que la pièce est portée au plateau, dans autant de mises en scène, par autant de regards, autant d'acteurs... Cette notion de soufflage nous ramène aussi à l'acte théâtral par excellence. On revient là au temps du théâtre soufflé. C'est une question qui m'intéresse et qui m'inspire beaucoup. Le « souffler » fait référence à une notion essentielle qui est que la voix, le corps sont mus par une autre voix, un autre corps, quelqu'un d'autre parle, à parler. Le théâtre c'est refaire ce qui a déjà eu lieu et le soufflage rend cette notion immédiatement visible. Tout se répète au théâtre, tout passe par la répétition, et pour l'acteur handicapé en particulier. Tout se répète sans cesse, jusqu'à la scène. Cela explique aussi la longueur des temps de création. Le temps : c'est peut-être là une des grandes différences avec la mise en scène d'acteurs dits « normaux » F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Le soufflage apparaît comme une parade aux défaillances de la mémoire des acteurs, mais il semble aussi s'inclure dans une décision esthétique. Y a-t-il eu une évolution du soufflage au fil des créations ? Comment se crée la cohabitation scénique entre les souffleurs et les acteurs ? Madeleine LOUARN --- Le soufflage est pensé surtout en fonction des besoins de chaque pièce et de chaque acteur. On doit composer avec pour chaque mise en scène. La connexion ne se fait pas toujours bien entre les souffleurs et les acteurs. Le rythme est difficile à trouver et peut être perdu par le souffleur... Il faut se positionner et réagir le plus justement possible face aux défaillances de la mémoire. Chaque acteur a son rythme, et l'on peut soit décider d'anticiper, soit laisser l'acteur gérer son texte. Parfois il faut aussi rattraper les erreurs. Le soufflage demande un vrai travail d'écoute, d'anticipation et d'interaction avec les comédiens. Il faut aussi trouver la juste présence à adopter. Il ne s'agit pas de leur mâcher le travail, mais de les accompagner. Contrairement à d'autres créations comme ... que nuage... par exemple, dans L'Empereur de Chine, comme dans Alice ou le Monde des Merveilles, les souffleurs sont en présence. Il y a une sorte de mise à nu des mécanismes de notre travail. Le souffleur doit donc à la fois trouver une certaine neutralité dans sa présence et s'intégrer de manière harmonieuse dans l'esthétique qui se crée. Certains acteurs ont beaucoup plus besoin que d'autres de cette présence. Christian par exemple en est dépendant, tandis que Jean-Claude est parfois gêné par le soufflage, car, sans doute, cela lui enlève de son autonomie, de sa liberté de décision. Comme il le dit dans son entretien, il ne s'occupe pas du soufflage. Cependant cela lui arrive d'en avoir besoin... C'est une béquille, mais qui doit aussi faire partie d'un tout, d'un univers. F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Les pièces que vous montez sont loin d'être des choix de facilité. La difficulté des textes est-elle une barrière pour la direction des acteurs ? Comment parviennent-ils à s'approprier les abstractions d'auteurs tels que Beckett ou Ribemont-Dessaignes ? Madeleine LOUARN --- Dire des choses banales n'est pas plus facile pour eux que de dire des choses profondes. Au contraire, le choix de l'abstraction leur correspond beaucoup mieux. Les textes de Beckett, et à présent de Georges Ribemont-Dessaignes, leur parlent. L'abstraction, ce qui ne fait pas sens d'emblée, et qui leur est même tout à fait éloigné traduit ou leur permet de traduire de manière beaucoup plus exacte, plus forte et poétique, ce par quoi ils sont traversés, leur perception troublée de la réalité. Le choix des textes dépend aussi, et avant tout, de mes désirs de metteur en scène, de mes aspirations artistiques. C'est une question personnelle au départ. Après j'adapte mes choix en fonction des acteurs... Les textes sont parfois retravaillés pour eux, mais en général il s'agit plus d'une question d'aisance dans la diction que d'une question de compréhension, de sens. F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Le dadaïsme est un des points d'ancrage dans l'histoire de Catalyse, dans la création de votre parole, de votre esthétique. Tu emploies l'expression d'un « retour aux origines ». Peux-tu revenir là-dessus ? Madeleine LOUARN --- Wielopole, Wielopole, de Tadeusz Kantor est le premier spectacle que je sois allée voir à Paris, en 1981. J'étais au tout début de ma carrière d'éducatrice aux « Genêts d'Or » à Morlaix et j'avais en charge l'Atelier Catalyse qui venait d'être créé. A cette époque il s'agissait d'un atelier de théâtre amateur pour des adultes handicapés au sein des Genêts d'Or. En assistant à ce spectacle, et sans avoir vraiment saisi ce qui venait ce passer sur scène, j'ai ressenti une sorte de révélation. Je savais qu'il y avait là, chez Kantor, quelque chose qui s'approchait de ce que je voulais faire avec les acteurs de Catalyse, un langage et une puissance qui pouvaient leur correspondre. Kantor, que je découvrais, a donc en quelque sorte, guidé les premiers pas de l'Atelier Catalyse. Je me suis intéressé de plus près à ce metteur en scène polonais, et j'ai découvert l'importance que les dadaïstes, en particulier Picabia, avaient eue dans son travail. J'ai lu énormément de choses sur Dada. Ce mouvement a été une influence fondatrice, avec Kantor, de l'Atelier Catalyse. Contrairement au théâtre classique d'un Molière ou d'un Marivaux, cette forme de théâtre moins conventionnelle que représente le mouvement Dada, permet d'aller chercher là où l'on ne s'aventure pas forcément. Le choix de L'Empereur de Chine, première pièce dada, est donc un retour aux sources de l'Atelier Catalyse, un retour aussi à l'intuition que ces acteurs pourraient faire advenir un théâtre premier, un théâtre originel. F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Selon toi, quels ont été les principaux apports du mouvement Dada dans l'art et ses institutions ? Madeleine LOUARN --- La déconstruction à laquelle se sont attelés les dadaïstes a fait naître des formes artistiques plus ouvertes, instaurées contre et loin de l'académisme. Les dadaïstes, par leur violence et leur subversion, ont bousculé tout ce qui était devenu statique et sclérosé dans l'art et ses institutions. Ils ont permis de retrouver une liberté née de leur entreprise de déconstruction. Le mouvement Dada ne s'est pas développé de manière isolée, des forces subversives s'étaient déjà formées auparavant et s'instauraient au même moment un peu partout dans le monde. Il était évidemment nécessaire, à l'époque d'en passer par cette destruction. Aujourd'hui c'est différent, car après un siècle de déconstruction, nous avons à présent besoin de reconstruire. Si Dada s'est édifié sur le « ne pas », il faut désormais partir sur autre chose que sur cette négation... Le dadaïsme, surexploité par les universitaires (entre autres) s'est finalement retrouvé congelé et affublé du « isme » qu'il avait toujours refusée. Dada n'aura vécu que très peu de temps. Ce mouvement s'inscrit dans une sorte de fulgurance, et par-là même est devenu très compliqué à traduire. En voulant le traduire, l'inscrire dans l'histoire de l'art, on le fige, on le congèle, c'est imparable.
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F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Pourquoi Ribemont-Dessaignes ? Pourquoi L'Empereur de Chine ? Ce choix s'est-il imposé d'emblée ? Connaissais-vous le texte et son auteur auparavant ? Madeleine LOUARN --- Je connaissais Georges Ribemont-Dessaignes, et en particulier ses petites pièces (Le Partage des os, Larme de Couteau, L'Arc en ciel, Zizi de Dada), que j'avais déjà montées dans un atelier avec des adolescents. Ce qui m'intéresse chez lui, plus que chez Tristan Tzara par exemple, c'est le pan philosophique de son écriture. Cet aspect est très important pour moi dans le choix d'un auteur. J'ai besoin d'être confronté à un texte qui me questionne, qui soit porteur d'une métaphysique. L'Empereur de Chine est pour moi l'une des plus belles pièces métaphysiques, et qui soient à la fois drôles et poétiques. C'est à mon sens l'oeuvre la plus élaborée de Georges Ribemond-Dessaignes. Elle est considérée comme la première pièce dada, et, en ce sens, a considérablement marqué l'histoire du mouvement, mais aussi de l'art contemporain. Il s'agit d'une explosion, d'un surgissement et aussi d'une révolte. F.H.I / Jessica ROUMEUR --- L'Empereur de Chine a été monté pour la seconde et dernière fois à Rome en 1927. Elle n'a donc été portée au plateau qu'une seule fois en France en 1925 par le Laboratoire Art et Action. Cela représente-t-il un défi pour toi ? Pour l'Entresort ? pour Catalyse ? Madeleine LOUARN --- Je ne parlerais pas de défi, mais plutôt d'une occasion de répondre aux critiques que l'on reçoit au sujet de la manipulation, de la manière dont, pour certains, nous nous servons de ces acteurs comme de marionnettes. Cette pièce leur donne une parole sur des choses qu'ils pensent profondément, mais dont on ne leur autorise presque jamais l'accès. Dans L'Empereur de Chine, sont parfois formulés leurs propres fantasmes. Ils assument complètement la force de ces propos. « Savent-ils ce qu'ils font ? » : c'est la critique principale que nous recevons. On nous accuse par-là de procéder à une sorte de « réification » des acteurs handicapés. Mais au contraire, ils sont tout à fait dans leur intégrité à ce moment-là, sur la scène. Ils n'ont jamais été des objets pour moi... En revanche c'est vrai que cette question de la maîtrise du sens est légitime. Que comprennent-ils vraiment des textes qu'ils ont en charge ? Cela reste assez mystérieux. Certaines choses leur échappent certainement, mais ils ont leur propre imagerie, ils se font leur histoire. On s'en rend compte lorsqu'on lit les petits récits qu'ils ont écrits sur leurs personnages dans la pièce. Ils sont particulièrement riches d'images. Cette richesse et ce décalage font aussi leur force et leur mystère sur le plateau. Cependant, en répétition, j'essaie toujours de repréciser le sens des scènes que nous travaillons. Nous veillons bien sûr à ce qu'ils saisissent l'essentiel. Un important travail d'appropriation du sens de l'histoire et des personnages est mené chaque jour auprès d'eux par leur accompagnatrice pédagogique et ponctuellement par différents intervenants. J'espère que notre travail contribuera à faire sortir cette pièce de l'oubli dans lequel elle est injustement tombée. Monter une oeuvre aussi abstraite et subversive, que les gens ne connaissent pas, et avec des acteurs handicapés de surcroît, peut paraître assez risqué, mais c'est aussi ce qui fait l'intérêt et la richesse de cette création. Je crois qu'avec des acteurs « normaux », l'expérience n'aurait sans doute pas été aussi intéressante... F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Vous dite que ce texte s'éclaire dès qu'il s'éprouve sur un plateau. Qu'y voyais-tu avant et qu'y as-tu découvert au plateau ? Madeleine LOUARN --- Certaines scènes, à la lecture, par leur beauté, leur lyrisme, paraissaient évidentes d'emblée comme la jeune fille aux yeux de verre, la chambre de l'or avec Onane... En revanche, d'autres restaient très obscures. Toutes les scènes avec Équinoxe et Ironique, par exemple, sont particulièrement compliquées, absconses et se révèlent au plateau. Ces deux personnages sont les commentateurs de tout ce qui se passe dans la pièce. A la lecture, on a le sentiment que leurs paroles sont un enchaînement, voire un enchevêtrement, d'absurdités. En réalité tout ce qu'ils énoncent est en lien direct avec les personnages et l'action. Mais on ne pouvait s'en rendre compte qu'à l'épreuve de la scène. Ces deux extraterrestres sont à la fois des clowns, des magiciens, des équilibristes, et endossent un rôle de passeur entre les personnages et les spectateurs. Leurs interventions ne servent donc pas juste à créer de l'abstrait, de l'absurde... Ils sont porteurs d'une véritable parole, ils sont un reflet, un miroir tendu à nos propres absurdités. F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Qu'apportent les acteurs de Catalyse dans ta vision de cette pièce ? Dans sa mise en espace ? Madeleine LOUARN --- Par leur présence, les acteurs de Catalyse apportent aux textes une intensité rare. L'identification au personnage est difficile à travailler avec eux, c'est donc l'événement qui est mis en avant. Il y a une captation véritable du public par ces acteurs. Ils s'apparentent un peu à des funambules... Le public doit lui aussi passer outre certaines contraintes, dues au handicap, pour que la réception soit de bonne qualité. Il est donc nécessaire pour eux de se faire « attraper » par les acteurs, de se sentir happés par la force de leur présence. F.H.I / Jessica ROUMEUR --- La question de la réception est toujours délicate, dans n'importe quel projet proposé à un public. Cela doit être d'autant plus périlleux lorsqu'il s'agit d'une telle pièce...Est-ce anxiogène ? Madeleine LOUARN --- Oui c'est anxiogène, et cela repose sur cette question de notre responsabilité dans ce que l'on fait dire à ces acteurs, sur l'éventuel scandale que cela pourrait engendrer. L'Empereur de Chine est une pièce particulièrement subversive. Les thèmes abordés pourraient bien choquer certaines personnes. On assimile souvent les personnes déficientes intellectuelles à des enfants du fait de leur innocence et de la pureté qu'on leur prête. Pourtant, ils portent aussi en eux un potentiel d'incertitude et de violence (il suffit de regarder les jeunes atteints de maladies mentales, de psychose notamment, les meurtres survenus en hôpital psychiatrique...). Pour désamorcer ce potentiel de « dangerosité », on ramène ces personnes à l'enfance. La sexualité des personnes handicapées est elle aussi volontiers dissimulée (masturbation, inceste, viol...), elle fait partie de ces choses fantasmatiques que notre regard voudrait ne pas prendre en compte. Ce projet est donc forcément source d'angoisse ou d'appréhension, car nous ne sommes plus là dans un spectacle familial comme l'était Alice ou le Monde des Merveilles. Le virage pourrait paraître assez saisissant... F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Qu'as-tu particulièrement envie de mettre en avant, de défendre dans cette pièce ? Madeleine LOUARN --- Nous avons laissé de côté toute la partie ubuesque de la pièce, toute la partie critique de la société, tant au niveau religieux que politique. L'Empereur de Chine regorge de représentants du peuple. (des fonctionnaires, des religieux...). Nous avons voulu en faire un groupe de personnages neutres, une masse indifférenciée. Pour cela il nous a fallu réduire leur nombre et les uniformiser. Ce choix est né d'une volonté de mettre en avant les protagonistes face à leur quête existentielle et à la pression qu'ils reçoivent de cette masse. C'est le pan métaphysique de la pièce que nous avons tenté de déployer au maximum. Pour ces personnages, la quête de soi, la recherche d'une place dans le monde se fait en rapport avec le divin. Tout est métaphysique dans leurs questionnements, dans leurs choix, dans leurs actions, tout a avoir avec la manière dont on se situe par rapport à Dieu, par rapport à la transcendance. Placer l'être au coeur de l'action, en faire l'endroit de convergence de tous les regards était pour moi le point le plus important de cette mise en scène. F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Ce décor est riche parce qu'il est protéiforme... Que représente ce dispositif scénique pour vous ? Cette matière est tout à fait particulière et la présence de ce vélum également. Cela pourrait faire penser à un ciel qui menace les être en permanence, une sorte de seconde peau dont les personnages s'enveloppent, se servent parfois pour mettre à mort ou bien tentent de soulever... Madeleine LOUARN --- Le motif majeur de ce dispositif est celui de la suspension. Tout part du ciel et se dirige vers le ciel. Tous nos accessoires sont stockés dans les cintres, rien – ou presque – ne vient des coulisses. Ce décor représente un monde qui pèse, avec ce ciel qui menace les êtres en permanence. Il s'agit presque d'une énigme. Il était aussi très important pour moi que ce décor soit abstrait.
Il ne fallait pas que l'on puisse le situer de manière géographique ou historique, mais au contraire, qu'il contribue à placer ces personnages dans un hors temps, un hors lieu... L'abstraction de ce dispositif scénique est alors propice à l'envol des êtres (propre et figuré), à une certaine défiance envers les lois de la pesanteur, et à une approche de la notion d'absolu si chère à Georges Ribemont-Dessaignes. Cette matière, noire et fluide, presque liquide, englue les êtres. C'est un univers très lourd, qui pèse au-dessus d'eux comme une catastrophe. Le contexte de guerre dans lequel l'auteur a écrit cette pièce explique d'ailleurs cette menace. De ce poids naît l'envie de s'échapper, de s'envoler, (comme Espher qui se pend pour accéder à l'absolu) ou bien la tentation de s'y engouffrer. Onane, dans sa quête de l'amour et de la mort se retrouve aspirée par les profondeurs. Elle voudrait soulever les choses, aller voir en dessous pour découvrir ce qui se trame dans les abysses, ce qui se joue au moment de mourir. Cette expérience va d'ailleurs lui être fatale... Ce dispositif permet tout cela par ses nombreuses possibilités de transformation. F.H.I / Jessica ROUMEUR --- Il était question de décliner les trois actes sur trois époques différentes : passé, présent et futur. Où en est cette conception dans la scénographie, dans les costumes ? Madeleine LOUARN --- Nous avons fait ce choix dans un souci d'efficacité scénique. Après, s'agit-il d'une bonne ou d'une mauvaise idée ? Nous le saurons au dernier moment ! Cette décision nous permettait également d'appréhender cette pièce dans une notion d'atemporalité. Dans le premier acte, nous sommes projetés dans une idée de passé, dans le deuxième dans l'idée du présent, et dans le troisième, dans une idée de futur. C'est ce terme « d'idée » qui est important. Il n'est pas question de reconstituer une époque en particulier, mais d'aller piocher des éléments à travers le temps et les cultures pour donner à voir quelque chose qui s'éloigne de nous tout en étant indéfinissable. Interview réalisé à Paris le 2010.12.02 |