Christian GRAPIN Directeur de l’association Tremplin : Études, Handicap Entreprises
Christian GRAPIN, est Diplômé de l'ESSEC, de l'Institut de l'innovation et de l'entrepreneuriat social. Après un parcours de consultant en Relations Humaines, Il rejoint l'association TREMPLIN – Études, Handicap, Entreprises - et en devient le Directeur en 2003. Son objectif aujourd'hui étant de mobiliser les compétences et les expertises de tous pour favoriser l'inclusion des lycéens et étudiants handicapés dans les études et dans les entreprises. Il inscrit l'action de l'association dans de nombreux projets régionaux et nationaux, et s'ouvre aujourd'hui à l'Europe en contribuant à une initiative unique et innovante de l'OCDE. |
FHI --- Il existe beaucoup de manifestations déjà en place pourquoi une supplémentaire ? Christian GRAPPIN : Cette manifestation n'est pas, une manifestation spécifique, dédiée au handicap. C'est une manifestation généraliste tournée vers les étudiants issus de grandes écoles et d'universités qui s'ouvrent depuis l'année dernière aux étudiantes et étudiants en situation de handicap. Elle reste, et restera généraliste, mais sous l'impulsion de TREMPLIN, elle opère cette année une plus grande ouverture axée sur « l'inclusion » dans toutes ses facettes du handicap. Facette entreprises, facette études supérieures, facette sport. À ce titre, je ne pense pas qu'il existe beaucoup de manifestations généralistes de ce genre destinées aux étudiantes, et mobilisées sur le handicap sans en faire une spécificités. FHI --- Le Chômage a progressé en 2011, de + 15 % chez les travailleurs handicapés une situation qui se poursuivit dans le premier semestre 2012. Quel soutient nouveau pouvez-vous apporter à ces jeunes ? Christian GRAPPIN : Effectivement, le taux de chômage des personnes handicapées n'est toujours deux fois plus élevé que celui des autres Français. Il serait suivant les sources entre 20 et 22 20 à 22%. Comme vous le savez, les personnes avec une reconnaissance ouvrant droit à l'OETH sont plus âgées et moins diplômées que l'ensemble de la population des 15-64 ans. Selon l'INSEE 48 % d'entre elles ont plus de 50 ans, et 83 % des personnes handicapées ont une qualification inférieure ou égale au BEP. Notre mission est d'accompagner, avec notre réseau de près de 200 entreprises, les jeunes lycéens et étudiants handicapés pour d'une part qu'ils avancent dans les études supérieures, tout en, d'autre part, développant leur expérience professionnelle. Notre objectif est qu'il arrive sur le marché du travail avec un bon voire très bon niveau d'études, et avec une connaissance de leur capacité et qualités professionnelle. Et cela fonctionne. Presque 18% des jeunes accompagnés par notre association qui sont aujourd'hui dans un parcours Bac+4/5 sont venus chez Tremplin avec seulement un Bac. Quant à ceux qui préparent un Bac+3, ce sont presque 25% qui sont venus avec un Bac. Donc aider les jeunes à passer du Bac aux études supérieures ; c'est possible. Et les aider à passer des études supérieures à l'emploi aussi. Parmi les jeunes qui trouvent un emploi après avoir été accompagnés par TREMPLIN, 52%% le trouvent en 3 mois maximum, 76%% en 6 mois maximum. FHI --- Depuis quelque année des associations comme STARTING-BLOCK ont fait évoluer la donne comme dans les ESC où l'intégration a particulièrement été réussie. Quel bilan dressez-vous de cette évolution ? Christian GRAPPIN : Le nombre d'étudiants en situation de handicap a évolué dans le supérieur 12 000 en 2011, dont 1000 dans les grandes écoles (ils étaient 8400 en 2005). Le nombre de jeunes en primaire aussi 126 300 en 2011 contre 105 000 en 2005, et la plus grande évolution est en secondaire : 75 000 en 2011 contre 47 000 en 2005. En revanche, comme les chiffres ci-dessus le montrent, les transitions primaires/secondaires ou secondaires/supérieure sont toujours si difficiles.
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Sans oublier pour autant dans la transition supérieure/Emploi. Car ce n'est pas parce qu'un étudiant handicapé rentre en supérieur que sa transition vers l'emploi est acquise. Et cela en France comme en Europe. C'est pourquoi, en France, nous accompagnons les étudiants jusqu'à leur 1er emploi, et qu'au niveau européen, nous sommes partenaires d'une expérimentation concernant le Danemark, l'Irlande, l'Italie et la France. Sensibiliser les écoles, sensibiliser les étudiants valides comme le fait Starting-Block est une démarche très importante. Mais elle n'est pas suffisante. Il faut aussi sensibiliser les lycéens, les étudiants en situation de handicap et les accompagner. C'est ce que nous faisons. Et c'est face à leurs projets que nous pouvons proposer aux écoles et universités des actions concrètes d'accueil et de formation. Si elles sont déjà sensibilisées, la réactivité en sera meilleure. FHI --- N'est-il pas un problème de penser université ou grande école alors que le parcours avant le bac reste aujourd'hui un parcours du combattant pour certains élèves ? Christian GRAPIN : La réponse précédente confirme votre regard. Si l'évolution est marquante dans le primaire et le secondaire, il est important de se tourner vers les jeunes de lycées, pour rendre plus efficace la transition secondaire/supérieure. FHI --- Pour conclure vous parler d'inclusion en affirmant « toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs », personne ne viendra vous contredire, comme l'AGEFIPH qui rendu son rapport c'est loin d'être le cas dans l'ensemble des entreprises. Comment fait-on ? Christian GRAPIN : Justement, affirmer la nécessité des mélanges, des rencontres et parfois les chocs, c'est bien ; les mettre en œuvre c'est mieux. En 2011 TREMPLIN a permit à 300 jeunes qui nous accompagnent de réaliser plus de 760 actions dans les entreprises. Ce mélange est bénéfique et formateur tant pour les jeunes qui vont dans les entreprises que pour les collaborateurs et collaboratrices qui les accueillent, les forment, les intègrent. Le dire, c'est bien, le faire, c'est mieux. La loi de 2005 porte en elle cette pensée inclusive. Tous les acteurs dont les écoles (et leurs professionnels) et les entreprises (et leurs professionnels) doivent la mettre en œuvre. Chacun sait qu'une loi ne change pas comme par enchantement les comportements, les représentations, les pratiques de ceux qui doivent la mettre en œuvre. Cela vaut pour celles et ceux qui entourent les personnes handicapées, comme les personnes handicapées elles-mêmes. L'on constate malgré tous un progrès dans les entreprises. Entre janvier 2009 et janvier 2010, le taux d'emploi de personnes handicapées serait passé de 3,99 % à 4,21 %.
Interview réalisé à Paris le 1er juin 2012
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le Rocker Québécois Martin DESCHAMPS « Dix ans de lutte pour l’inclusion »
Né en 1970, La carrière musicale de Martin DESCHAMPS prend son envol en 1996, lorsqu'il décroche le titre de meilleur chanteur à l'Empire des futures stars. Une performance pas banale qui lui permet rapidement d'évoluer au sein de la formation rock offen bach, histoire de prendre la relève vocale de Gerry Boulet. Il part donc en tournée avec la formation pour une série de 50 spectacles... Un départ en lion, comme on dit ! Depuis cette date et plus 15 ans il n'a eu de cesse de voguer non seulement à travers le Québec, mais aussi à travers le monde. Un homme qui n'a eu de cesse de relever sans cesse de nouveau défi en plus de la semaine québécoise des personnes handicapées dont il est le porte-parole depuis 10 ans maintenant !!! |
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Vous avez accepté cette année encore le rôle de porte-parole de la Semaine québécoise des personnes handicapées, quelles sont vos motivations ? Martin DESCHAMPS --- La Semaine québécoise sert à sensibiliser les gens. Ma mission personnelle se résume en un mot : dédramatiser ! Il faut prendre les personnes handicapées comme elles sont, sans dramatiser leur situation. Je crois qu'il faut avoir une attitude positive face à la vie, que l'on soit handicapé ou pas. C'est dans ce sens-là que je pense pouvoir donner un coup de main. Quelle importance a, selon vous, une Semaine québécoise des personnes handicapées ? Martin DESCHAMPS --- C'est surtout une question de mémoire, de rappeler aux gens qu'on est là, les personnes handicapées. Parfois, on a besoin d'attentions un peu plus particulières que les autres dans certaines situations de la vie courante. Des fois, c'est juste des petits gestes qui peuvent faciliter la vie des personnes qui ne l'ont pas facile. Je pense que c'est juste bon, une fois par année, qu'on se le rappelle et qu'on sensibilise les gens. Je suis fier de m'associer à cet événement parce que je pense être une personne handicapée qui réussit et qui vit sa vie comme il l'entend et comme il en a envie. Qu'est-ce qui vous a amené à la chanson, quel a été votre cheminement ? Martin DESCHAMPS --- Tout jeune, j'adorais la musique, surtout celle qui contenait des percussions, la musique latine, africaine. C'est drôle parce que mes parents avaient une collection de disques où j'allais souvent piger et je choisissais toujours ces disques-là, même si je ne savais pas encore lire. Ensuite, à l'âge de 11 ans, j'ai reçu une batterie en cadeau, et c'est là que j'ai découvert mes talents musicaux. Par la suite, j'ai dû changer d'instrument parce que j'avais un chum qui jouait de la batterie. Avec la guitare (basse), j'ai commencé à composer des chansons tout en écoutant mes groupes préférés : les Rolling Stones, les Beatles, Deep Purple, Led Zeppelin. J'ai dévoré de la musique depuis que je suis tout petit et j'en dévore encore. Avez-vous suivi des cours de musique ? Martin DESCHAMPS --- J'ai suivi des cours de batterie durant environ trois ou quatre mois. Pour la guitare, j'ai appris seul parce qu'il n'y a que moi qui sais jouer de la basse avec deux doigts et un demi-bras. Quel impact a eu votre incapacité sur votre cheminement personnel et professionnel ? Martin DESCHAMPS --- Ce que ça a provoqué, c'est une dédramatisation, et c'est ce que je souhaitais qui arrive! Souvent, les personnes différentes se dépassent dans des situations qui sont hors de l'ordinaire, comme les athlètes olympiques handicapés. Puis, il y a aussi des chanteurs rock, mais ça, il y en a un peu moins ! (rires) il y a aussi des gens qui, dans la vie de tous les jours, ont des obstacles à surmonter parce qu'ils sont handicapés, et qui y arrivent très bien et mènent leur vie en allant de l'avant et en pensant positivement. On sait que l'image est importante dans le monde du spectacle, que le corps parfait est glorifié, comment
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Vivez-vous cette réalité ? Martin DESCHAMPS --- Je pense que j'ai un certain look qui n'est peut-être pas dans les normes, mais j'ai un look unique qui apporte une plus-value au produit Martin Deschamps. J'essaie de dédramatiser la situation en montrant aux gens que je fais ce métier parce que c'est ma passion, parce que j'adore la musique, parce que j'adore les gens. Ceux qui comprennent ma philosophie et ma façon de voir la vie en retirent quelque chose, je pense. Est-ce que vous vous considérez comme une personne handicapée ? Martin DESCHAMPS --- Ben oui ! Si en me levant le matin, je ne prenais pas mes béquilles, je tomberais la face par terre ! Mettons ça au clair, je suis une personne handicapée, mais je ne me mets pas de limites par exemple. J'essaie de faire en sorte que cette différence-là ne brime pas mes projets et mes rêves. Vivre dans une société idéale qui intègre les personnes handicapées, ce serait comment selon vous ? Martin DESCHAMPS --- Oh boy ! Premièrement, ce serait une société qui accepte la marginalité, ça veut dire que tout le monde pourrait se déplacer dans le véhicule de son choix et de la façon de son choix : la tête en bas, les pieds dans les airs, n'importe quoi ! Il n'y aurait plus de stéréotypes ou de modèle pour le bipède urbain normal. Il y aurait plutôt une espèce d'ouverture d'esprit et d'originalité. Il faut savoir que, souvent, les personnes différentes sont très originales dans leur tête et dans leur façon de vivre. Alors, c'est de laisser de la place à l'originalité ? Martin DESCHAMPS --- Oui ! Ça provoquerait automatiquement une ouverture d'esprit de la société et ça rendrait sûrement plus à l'aise les personnes différentes, parce que tout le monde pourrait être marginal et tout le monde pourrait être différent. Ce qui est lourd pour une personne handicapée, c'est le regard ? Martin DESCHAMPS --- Oui, c'est le regard des autres. S'il y avait moins de stéréotypes et moins de gens qui pensent que tout le monde doit être pareil, ça irait mieux. Moi, je ne rentre pas dans le moule, et il y en a plein de gens qui ne rentrent pas dans le moule. S'il n'y en avait pas de moule, ce serait déjà un bon pas de fait. Comment peut-on faire pour changer ces mentalités, y a-t-il une recette ? Martin DESCHAMPS --- Ben... moi, ma recette, c'est continuer de chanter fort, le plus longtemps possible, et qu'il y ait le plus de gens possible sur la terre qui me voient faire et qu'ils puissent changer leur regard sur les autres personnes handicapées. Moi, c'est ma mission. Mais ce n'est pas seulement pour les personnes handicapées. Si je veux continuer d'impressionner le plus de monde sur la terre, c'est aussi pour faire brasser le camarade, pour faire brasser l'intérieur des gens, les réveiller un peu et leur donner un peu de « pep » par la musique et par ce que je fais. La population québécoise a-t-elle, selon vous, relevé le défi de l'intégration des personnes handicapées dans toutes les sphères de la vie (sociale, scolaire, professionnelle) ? Martin DESCHAMPS --- D'après moi, elle est en train de le faire.
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M'Hammed SAJIDI est le président de l'association "Vaincre l'autisme"
M'Hammed SAJIDI est le président de l'association "Vaincre l'autisme" et fondateur du centre Futuroschool de Paris a répondu a l'occasion de la journée mondiale de l'autisme aux questions posées sur l'évolution et la situation de l'autisme et aux dynamise de son potentiel de développement en France. Mais un homme d'expérience, qui confirme que si l'évolution a commencé tout comme la prise de conscience, beaucoup restent à faire tant en matière de prise en charge dans le domaine de l'hébergement que celui scientifique.
Douglas BIKLEN : « Partir de l'idée que les capacités sont présentes chez l'enfant »
Sélectionné au côté de vingt deux autres candidature sur la recommandation d'un jury international, nous avons interrogé le Pr. Douglas BIKLEN qui recevra le prix des Nations unies, lors d'une cérémonie organisée par le gouvernement koweïtien, ce 29 février 2012. Un prix d'un montant de 40 000 $ créé en 2002 et est décerné tout ans. L'Unesco qui a dans un communiqué déclaré que «au cours des 40 dernières années, le Pr. Douglas BIKLEN a eu un impact positif dans son travail sur les personnes ayant une déficience intellectuelle.
Un travail qui comprend notamment plusieurs livres et films tels que La réalisation de l'école complète (1985), L'école sans étiquettes (1992), et My Life Classic comme un artiste (2004) qui ont contribué à la perception influence prédominante de déficience intellectuelle.
FHI --- Pourriez-vous donner un exemple de la manière dont votre travail a permis de faire progresser le droit à l'éducation des personnes présentant un handicap intellectuel ? Au début des années 70, nous avons réalisé des enquêtes afin de faire connaître les abus dont étaient victimes les personnes présentant un handicap intellectuel dans les hôpitaux psychiatriques publics où elles étaient internées et dans les écoles publiques. Nous avons constaté que les enfants ne bénéficiaient d'aucun service éducatif et que les adultes étaient abandonnés à leur sort dans les services d'institutions où les conditions de vie et de santé étaient assez mauvaises. Pour lutter contre ces abus, nous avons commencé par documenter la situation dans ces établissements, en discréditant ainsi les prétentions thérapeutiques liées à ces formes de traitements. Ces activités ont contribué au développement d'un large courant en faveur de la désinstitutionnalisation. Nous nous sommes ensuite demandé ce que nous pourrions faire pour éviter que des enfants ne soient placés dans de telles situations. Les enfants confiés à ces établissements se voyaient refuser l'accès à l'éducation publique et à une intervention éducative précoce. Nous avons donc décidé d'orienter notre travail vers l'accès aux services préscolaire et de garderie, ainsi qu'à l'éducation de base, en réfléchissant aux moyens d'offrir un peu de répit aux familles. Ces efforts se sont inscrits dans le début de l'approche que l'on appelait alors main streaming et que l'on a désigné ensuite par les termes d'inclusion, d'intégration communautaire et de droits des personnes handicapées. FHI --- Le prix va-t-il avoir des incidences sur votre travail au niveau international ? Il faut espérer que ce prix attire l'attention sur le mouvement international en faveur de l'inclusion, en favorisant de nouvelles possibilités de contact entre les professionnels de l'éducation au niveau international. Mon espoir est que tant les universitaires que les professionnels de l'éducation réalisent que la notion de handicap intellectuel constitue en fait un obstacle à un enseignement et à un apprentissage effectifs. J'envisage le développement d'un mouvement international pour la reconnaissance du rôle de l'innovation dans le domaine éducatif, afin de prendre en compte les différences cognitives entre enfants, en évitant dans tous les cas de leur coller l'étiquette de « handicap intellectuel ». FHI --- Quelles mesures préconisez-vous pour assurer la participation des personnes présentant un handicap intellectuel à l'éducation ? La mesure la plus importante serait un engagement international en faveur de l'accès précoce de tous les enfants à l'éducation, en veillant au caractère inclusif des premières interventions. Si les parents font l'expérience de l'inclusion des enfants à un âge précoce, ils n'accepteront jamais autre chose par la suite lorsque leurs enfants grandiront. L'accès à l'éducation inclusive dans les écoles primaires et secondaires, comme le prévoit la Convention relative aux droits des personnes handicapées, devrait faire partie des priorités au niveau national et international. Des soutiens éducatifs devraient être fournis aux enfants sans qu'il soit nécessaire de leur appliquer une étiquette. Les évaluations réalisées dans le contexte éducatif devraient avoir pour but d'examiner de quelle façon les différences affectent l'apprentissage et de réfléchir aux soutiens ou aux approches pédagogiques aptes à remédier aux problèmes observés.
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Les familles sont souvent les premières à découvrir les moyens d'inclure pleinement les enfants ; les politiques éducatives devraient leur reconnaître un rôle important dans l'examen des méthodes d'inclusion à mettre en œuvre. Les États devraient exiger de tous les enseignants l'acquisition de certaines compétences de base permettant de donner aux pratiques pédagogiques un caractère inclusif. Cette formation devrait commencer par une sensibilisation aux principes de la conception universelle de la pédagogie FHI --- L'alphabétisation a-t-elle acquis un sens nouveau pour vous grâce à l'utilisation de la méthode de communication facilitée ? Ce que nous avons appris en nous servant de claviers avec de nombreux élèves dont les problèmes étaient attribués à un handicap intellectuel est que des facteurs très divers peuvent s'opposer au développement de la capacité d'apprendre à lire et à écrire. Ces facteurs comprennent, par exemple, des difficultés concernant la coordination entre l'oeil et la main, la consécution des gestes et des tâches, la conscience de la position du corps dans l'espace et l'attention, ou bien d'autres facteurs comme l'anxiété. Notre travail en matière d'alphabétisation est axé sur la recherche de méthodes pour surmonter ces difficultés. L'idée essentielle que j'ai apprise est que les troubles d'élocution d'un individu, ou ses difficultés à employer d'autres moyens de communication, ne veulent pas dire nécessairement que cette personne est incapable de devenir alphabète. FHI --- Pourriez-vous expliquer ce que vous entendez par « partir de l'idée que les capacités sont présentes chez l'enfant » et préciser le lien entre cette approche et l'éducation inclusive ? Lorsqu'elle a commencé à travailler avec Helen Keller, Anne Sullivan est partie du présupposé qu'Helen disposait effectivement de capacités et que son problème tenait au fait qu'elle n'avait pas accès à une forme de communication efficace. Même avant qu'Anne ait commencé à travailler avec elle, le désir de communiquer d'Helen était manifeste : elle mimait des gestes pour montrer qu'elle avait envie de manger un toast beurré ou de faire une glace. Cependant, l'introduction par Anne des mots et de l'orthographe a eu pour Helen un effet libérateur. « Partir de l'idée que les capacités existent », cela veut simplement dire agir comme l'a fait Anne Sullivan. Présupposer que l'enfant dispose de capacités cognitives, créer des situations pour lui permettre d'apprendre, partir de l'idée que l'enfant souhaite apprendre et s'affirmer dans le monde. Ne pas présupposer l'existence de capacités, cela reviendrait à penser que certains individus ne peuvent apprendre, se développer et participer à la vie sociale. Partir de l'idée que les capacités sont présentes devrait être le serment d'Hippocrate des professionnels de l'éducation. Il s'agit d'un principe général exigeant d'aborder chaque enfant comme un individu souhaitant être pleinement intégré, désireux d'être reconnu et apprécié, et voulant apprendre, être entendu et participer. En présupposant l'existence de capacités, les professionnels de l'éducation s'imposent la tâche de découvrir des méthodes toujours plus créatives et innovantes pour permettre aux individus d'apprendre. La question ainsi n'est plus celle de savoir qui peut être intégré ou qui peut apprendre mais comment assurer à l'éducation un caractère inclusif. C'est pourquoi nous partons de l'idée que les capacités existent. |
Jean-Marc Bouvier Responsable de l'action politique de l'ONG Handicap International
Cette nouvelle pyramide est une nouvelle fois pour notre journal, l'occasion de faire comprendre l'importance de cette bataille engagée par l'ONG Handicap International. Un combat de tous les jours comme nous le confirme sont directeur général, Jean Marcs BOIVIN , que nous interrogeons ici pour un état des lieux et sur l'avenir de la convention désormais entrée en vigueur depuis 2010 et que la France à ratifiée. Après de longs mois d'attente !!! |
F.H.I --- Handicap international organise samedi la XVIe pyramide, après la ratification du traité d'Ottawa dont la France et son entrée en vigueur. Pourrions-nous dire que les objectifs sont aujourd'hui pleinement atteints ? Jean-Marcs BOIVIN --- Il existe aujourd'hui deux traités internationaux interdisant des armes conventionnelles et qui ont été massivement utilisées : le Traité d'Ottawa contre les mines antipersonnel (signé en 1997, entré en vigueur en 1999) et le Traité d'Oslo contre les bombes à sous-munitions (signé en 2008 et qui vient d'entrer en vigueur le 1er août 2010). Ces traités interdisent la production, l'utilisation, le commerce et le stockage de ces armes. La France a adhéré à ces deux traités. Cependant, nous ne pouvons pas dire que le problème de ces armes est résolu. Sur le terrain, beaucoup reste à faire. Toutes les 90 minutes, une personne dans le monde est tuée ou mutilée par une mine ou autre reste explosif de guerre. Cette situation dramatique doit changer. Handicap International entend faire pression sur les gouvernements, afin qu'ils respectent les engagements vis-à-vis de ces deux traités, notamment en termes de dépollution et d'assistance aux victimes. Les Pyramides de chaussures, qui ont lieu le 25 septembre dans 31 villes de France, sont une occasion pour les citoyens français de se mobiliser en signant la pétition contre les bombes à sous-munitions. Plus Handicap International recueillera de signatures, plus l'association aura du poids pour faire pression sur les gouvernements. F.H.I --- Présente dans 61 pays du monde, quel est le sentiment de l'ONG sur l'évolution des personnes handicapées à travers le monde (social, santé, justice, pauvreté...). A tel réellement évolué en 50 ans ? Jean-Marcs BOIVIN --- Effectivement, Handicap International intervient dans 60 pays et gère plus de 300 projets dans le monde pour améliorer les conditions de vie des personnes handicapées. Le travail est immense, la situation des personnes handicapées dans les pays en développement étant encore dramatique. Seulement 2% des personnes handicapées ont accès aux services de santé de base (UNECSO), 98% des enfants handicapés ne sont pas scolarisés. (UNICEF) sachant que 80% des personnes handicapées vivent avec moins d'un euro par jour. (Université d'Helsinski). En cas d'urgence, jusqu'à 80% des personnes qui restent dans les zones dangereuses sont des personnes handicapées (OFDA / CRED 2005). Le travail de Handicap International sur le terrain est donc un combat de tous les jours qui est loin d'être terminé. F.H.I --- Fondé en 1982, l'ONG prix Nobel de la paix en 1997, représente un budget de près 79 479 451 M€, cela permet-il de couvrir les besoins et les actions sur le terrain ? Jean-Marcs BOIVIN --- Aujourd'hui l'association Handicap International France peut compter sur un budget de 77 800 000 €. Grâce à la générosité du grand public, Handicap International peut intervenir dans 60 pays dans le monde auprès des personnes les plus vulnérables. Nos activités sont multiples : déminage, appareillage, soins médicaux, insertion scolaire et professionnelle des personnes handicapées, plaidoyer politique... Les besoins sur le terrain sont immenses. Ce budget nous permet donc de pouvoir mettre en place des projets menés avec sérieux et professionnalisme. F.H.I --- Handicap International dont l'une des forces et le nombre de ces bénévoles, qui sont-ils et suffisamment nombreux au besoin du travail sur le terrain ?
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Jean-Marcs BOIVIN --- Handicap International en France, c'est un réseau de 400 bénévoles permanents, répartis dans 20 relais de mobilisation. Relais essentiels de Handicap International, le réseau des relais de mobilisation permet de faire connaître en France, les actions de l'association sur le terrain. Il est composé de bénévoles engagés et dynamiques, chargés de véhiculer les engagements et les messages de l'association auprès des collectivités, des associations locales et du grand public. Représentants de Handicap International, les bénévoles participent au développement de la notoriété et des ressources financières de l'association. Ils sont un soutien indispensable pour les événements, tels que les Pyramides de chaussures (25 septembre 2010 dans 31 villes de France). Ce jour-là, ils seront près de 2 000 à se mobiliser à nos côtés et nous les en remercions. F.H.I --- En novembre prochain aura lieu une importante réunion au Laos, pays particulièrement touché dans le domaine des mines qu'elles espoirs avez vous dans les conclusions de cette rencontre ? Jean-Marcs BOIVIN --- Le Laos, l'un des plus petits États d'Asie, détient le triste record d'être le pays le plus pollué au monde par les sous-munitions. Pendant la guerre du Vietnam, entre 1964 et 1973, les États-Unis ont déversé d'importantes quantités de sous-munitions, alors même que le Laos n'est pas un pays en guerre contre les États-Unis. L'armée américaine cherchait à stopper le flux d'approvisionnement de la route Hô-Chi-Minh, au sud du Laos. Aujourd'hui, on estime qu'entre 13 et 78 millions de sous-munitions n'ont pas explosé à l'impact, gisant principalement dans les rizières, les cours d'eau ou sur les routes, menaçant quotidiennement la vie des populations civiles. Du 8 au 12 novembre aura lieu la première conférence des États parties au Traité d'Oslo contre les bombes à sous-munitions. Ce sera une étape essentielle pour asseoir la mise en œuvre de ce Traité. Cette première rencontre officielle sur la Convention permettra aux États partis de réaffirmer leur engagement à appliquer la Convention, à la promouvoir en appelant tous les États à la rejoindre, et à se mettre d'accord sur un plan d'action déclinant en mesures concrètes les obligations du texte, notamment en termes de dépollution et d'assistance aux victimes.
F.H.I --- Si vous aviez à exprimer un sentiment au Français à l'occasion de journée, quel serait-il ? Jean-Marcs BOIVIN --- Il faut rester mobilisé pour que les États tiennent leurs promesses et pour qu'un maximum d'États adhère à ce Traité. La France, État parti aux deux traités, doit respecter les engagements prévus par ces textes, notamment en termes de soutien financier et technique à la dépollution des zones touchées et à l'assistance aux victimes et à leur communauté. Ils doivent également détruire leur stock de sous-munitions dans un délai de huit ans. Aujourd'hui, les ONG et les citoyens ont un rôle déterminant à jouer. Il s'agit de montrer aux gouvernements qu'on ne relâche pas notre vigilance. Donc, rendez-vous le 25 septembre 2010 dans 31 villes de France. Interview réalisé à Paris |
Philippe BOUCHARD Chargé de mission diversité du Groupe Randstad
Alors que le groupe Randstad vient de lancer au lendemain de la semaine pour l’emploi, une main tendue vers les travailleurs handicapés, nous avons voulu interroger le représentant du groupe en charge de la mission diversité et lui posée quelques questions sur les relations que peuvent avoir les salariés handicapés dans le monde de l’intérim, comme l’a déjà fait en début d’année 2010 l’autre leader européen dans cette branche d’activité Adecco et surtout si ces derniers avaient réellement un avenir dans ce type d’activité alors qu’ils connaissent déjà une grande précarité ! Voici ce que nous a répondu Philippe BOUCHARD… |
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FHI --- l’Intérim n’est-il pas une façon de précariser encore plus travailleur handicapé ? Philippe BOUCHARD --- Pas du tout ! bien au contraire l’intérim est une vois concrète d’intégration des travailleurs handicapés dans le monde du travail. Pour informations nous avons délégué plus de 25000 TH depuis 2002 et un sur deux à été recruté durablement. FHI --- La nouvelle reforme de l’AAH (déclaration trimestrielle) ayant été publié juste avant le départ de Nadine Morano, ne voyez-vous pas une difficulté supplémentaire avec cette forme de contrat de travail ? Philippe BOUCHARD --- Au contraire. Pour en avoir fait l’expérience, l’AAH était un frein, pour le travail temporaire ou les CDD, car le titulaire perdait rapidement ses droits. Maintenant il va pouvoir cumuler les deux et acquérir de l’expérience ou des revenus complémentaires. FHI — Qu’entendez-vous par d’agences déférentes sur le handicap ? Philippe BOUCHARD --- Les agences référentes handicap ont pour rôle principal de démultiplier concrètement sur un bassin local l’ensemble des moyens de Randstad destinés aux personnes en situation de handicap. Elles travaillent sur 4 axes : les candidats, en les prenant en compte par un accueil personnalisé (logiciel spécifique, accessibilité, etc.), la mise en œuvre d’un accompagnement dédié et un suivi personnalisé. Les partenaires, en fédérant un réseau efficace (sourcing, accompagnement, financement, etc.). Les entreprises, en leur apportant des ressources, par de la pédagogie, en les accompagnant dans leur politique handicap, etc. Le réseau d’agences Randstad, en animant les agences locales et en transférant le savoir-faire.
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FHI --- Vous affirmez avoir recruté 23 000 salariés, aujourd’hui votre entreprise qui compte 4300 salariés à telle elle-même atteint les 6 % de travailleurs handicapés ? Philippe BOUCHARD --- Nous avons très peu de sites assujettis (moins de 20). La majeure partie des TH sont des salariés d’agences qui ne rentrent pas en ligne de compte. Mais nous avons mis en place des groupes de travail qui œuvrent pour l’accompagnement des salariés en difficultés de santé. FHI --- Quels sont aujourd’hui les principaux métiers exercés par Philippe BOUCHARD --- Pour les permanents, l’ensemble de nos métiers. Pour les intérimaires, nous les trouvons dans tous types de métiers, dans toutes tailles d’entreprises et sur tous secteurs d’activité. FHI --- Entre Handicaps physiques, visuels, auditifs ou mentaux il y a-t-il des différences notoires dans le taux d’embauche ? Philippe BOUCHARD --- Je ne puis vous répondre. Néanmoins le handicap mental est moins présent dans le milieu ordinaire. FHI --- En conclusion vous avez créé en 2005, l’Institut Randstad pour l’Égalité des Chances et le Développement durable. Quel bilan faite-vous de son activité 5 ans après ? Philippe BOUCHARD --- Grâce à l’institut, nous avons pu soutenir des actions individuelles ou collectives destinées aux handicapés. Comme des partenariats avec l’Adapt, handisport, ou encore très récemment avec la FAF pour la réalisation d’un guide destiné aux salariés travaillant avec un déficient visuel. Propos receuilli par
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Roselyne BACHELOT ministre de la Cohésion sociale "Il reste du chemin à parcourir "
Après une semaine chargée avec la tenue de la deuxième conférence nationale du handicap a Paris et la participation a deux congrès de l'APF et de l'UNAPEI, avec un accueil pour le moins mitiger. La ministre Roselyne Bachelot nous confie ici ses sentiments sur le 8 juin et comment elle envisage l'avenir pour les personnes handicapées. Une ministre qui conçoit qu'au-delà des textes il faille penser les choses et qui conçoit qu'il ait localement des difficultés. Une certitude pour les associations le bilan de cette conférence a ressemblé pour eux au lancement d'une campagne présidentielle et non sur de véritablement engagement pour l'avenir... |
F.H.I — Deux ans après la première conférence nationale, les associations ont exprimé leurs inquiétudes, et ont même parlé « d'années noires » en 2009 et en 2010. Quel bilan dressez-vous de la politique gouvernementale ? R.BACHELOT : Il reste du chemin à parcourir bien sûr, mais les engagements ont été tenus. Depuis la dernière conférence du handicap, il y a 3 ans, le Gouvernement a continué de mener une politique active en direction des personnes en situation de handicap. Je pense notamment à l'augmentation de 25 % de l'Allocation adulte handicapée (AAH) entre 2007 et 2012 : ainsi, le montant de cette allocation atteindra 776 euros par mois l'année prochaine, soit 155 € de plus qu'en 2008. Le nombre de places en établissements et services pour personnes handicapées a également été fortement accru. Des avancées ont été réalisées pour l'emploi, l'accessibilité et la scolarisation des enfants handicapés : à la rentrée 2010, plus de 200 000 enfants handicapés ont été scolarisés en milieu ordinaire, soit 33 % de plus qu'en 2005. Pour ce faire, des moyens considérables ont été déployés, notamment en termes d'accompagnement individuel. Au total, les moyens consacrés à la politique du handicap ont augmenté de près d'un tiers entre 2005 et 2010, passant de 28,1 milliards d'euros à 37,2 milliards d'euros. F.H.I — Le Président de la République a lancé la réforme sur la dépendance. La situation des personnes handicapées vieillissantes, notamment en situation de handicap mental, est-elle réellement prise en compte et quels sont les objectifs du gouvernement ? R.BACHELOT : Des efforts ont déjà été entrepris : le plan de création de places lancé en 2008 prévoyait déjà la médicalisation de 2500 places en foyers de vie et la création de 12 900 places dans les services d'accompagnement médico-sociaux pour adultes handicapés (SAMSAH) et en services de soins infirmiers à domicile (SSIAD). Mais l'arrivée au grand âge de personnes handicapées de plus en plus nombreuses doit nous amener à faire évoluer notre système de prise en charge, aussi bien à domicile qu'en établissement. C'est pourquoi j'ai évidemment voulu que la question des personnes handicapées vieillissantes soit pleinement abordée dans le débat sur la dépendance qui devra. F.H.I — Une des grandes promesses de Nicolas Sarkozy en 2008 avait été de créer 50 000 places supplémentaires d'ici 2014, le bilan semble loin d'avoir été atteint ? R.BACHELOT : Ce n'était pas qu'une promesse : un plan de création de plus de 50 000 places a été lancé en 2008. Il s'étale jusqu'en 2014, il est donc normal que toutes les places ne soient pas encore ouvertes. Au 31 décembre 2010, 73 % des crédits du plan avaient déjà été notifiés aux ARS et 50 % des places étaient déjà autorisées. F.H.I — Vous avez rejeté l'aspect de la prise en charge de la sexualité, ce droit est pourtant reconnu dans la convention internationale de l'ONU sur les droits des personnes handicapées, et le CNCPH y fait allusion dans son dernier rapport. Quelles sont vos propositions ? R.BACHELOT : Si la convention de l'ONU mentionne la question de la santé sexuelle des personnes handicapées, il ne s'agit pas de proclamer un droit opposable à une vie sexuelle et affective ! Bien entendu, je n'ignore pas la souffrance de certaines personnes lourdement handicapées, privées d'une vie affective et sexuelle. Cette souffrance, d'ailleurs, n'est pas réservée aux seules personnes handicapées. Il y a aussi beaucoup de personnes handicapées qui vivent une vie sexuelle et affective épanouie. Pour autant, je suis opposé à rendre possible le recours à des assistants sexuels pour des personnes handicapées, car nous entrons, dès lors que l'acte est tarifé, dans le champ de la prostitution. Il est évident que la question de la vie affective et sexuelle ne peut pas faire l'impasse sur la question de la relation au corps, pour la personne handicapée elle-même, blessée dans son image, et pour son entourage, qui ne voit ce corps que comme un objet de soin. C'est pourquoi j'ai saisi le comité consultatif national d'éthique pour que nous puissions faire avancer le débat. F.H.I — La question de l'accessibilité reste un problème dans sa prise en charge et dans sa réalisation tant pour les administrations, que les collectivités ou le secteur privé comme dans le logement. Estimez-vous que la France saura respecter les délais et quels sont les moyens financiers ? R.BACHELOT : Même si des difficultés existent, les progrès sont indéniables et ils bénéficient à tous. Je pense par exemple à l'accessibilité des transports et des œuvres culturelles. Des solutions pragmatiques peuvent être trouvées, d'une part en améliorant la concertation, et d'autre part, en épaulant mieux les opérateurs concernés. Les normes sont nombreuses et complexes, et leur application n'est pas toujours aisée pour les collectivités locales notamment. La formation des professionnels doit également être renforcée, et c'est pourquoi j'ai souhaité avec Valérie Pécresse qu'une chaire « accessibilité » soit créée au CNAM. Un plan national de formation sera également mis en œuvre en 2012 pour tous les membres des commissions départementales de sécurité et d'accessibilité. Mais je suis convaincu que c'est en tenant compte de l'usage du bâtiment ou du service, et des besoins des personnes, que l'on peut trouver des mesures d'accessibilité qui ne sont pas nécessairement complexes ni coûteuses à mettre en œuvre. L'accessibilité implique de faire évoluer notre façon de concevoir. Je compte aussi sur l'innovation et les nouvelles technologies pour nous apporter des solutions qui bénéficient au plus grand nombre. Le Président de la République l'a annoncé lors de la conférence nationale du handicap le 8 juin dernier : l'État va débloquer 150 millions d'euros pour être un employeur exemplaire et rendre accessibles les écoles de la fonction publique, et les lieux de travail dans les 3 fonctions publiques, notamment dans les petites communes. F.H.I — À ce titre certains handicaps comme la déficience visuelle ou mentale n'est souvent pas prise en compte sur la question de l'accessibilité, et l'association CFPSAA estime le plan visuel 2008-2011 comme décevant, que leur répondez-vous ? R.BACHELOT : L'accessibilité concerne tous les types de handicap et c'est pourquoi nous allons lancer un plan d'accessibilité numérique des sites de l'État et du gouvernement, de 25 millions d'euros. Des travaux vont être lancés pour améliorer l'accessibilité de la voirie, et notamment pour garantir la sécurité des personnes malvoyantes. De nombreuses avancées ont été rendues possibles grâce au plan « déficient visuel ». Désormais, par exemple, la formation initiale des architectes intègre un volet accessibilité. Je pense aussi aux nombreuses actions des opérateurs de transport. F.H.I — La progression du chômage reste une réalité avec un taux de 19,4 % en progression encore pour 2010. Expliquer vous que plus de 20 ans après l'obligation d'embauche plus 40 % d'entrepris ou de la fonction publique n'ait pas atteint les 6 % ? R.BACHELOT : Vous avez raison, le taux de 6 % n'est pas encore atteint, mais nous n'en sommes plus trop loin. Le taux de chômage des travailleurs handicapés est encore trop élevé, mais il a augmenté moins vite que l'ensemble des demandeurs d'emploi (10,5 % contre 22,5 %) sur la période 2008 – 2010, c'est-à-dire celle de la pire crise économique pour notre pays depuis 1929. 49 % des entreprises dépassent déjà le taux de 6 % et le nombre des entreprises n'employant aucun travailleur handicapé a diminué de 93 % entre 2008 et 2010. Le Gouvernement reste pleinement mobilisé : le premier ministre a ainsi lancé en décembre dernier un pacte pour l'emploi dans la fonction publique, car l'État doit montrer l'exemple. Dans la fonction publique de l'État, cela se traduira par le recrutement de 7 000 travailleurs handicapés d'ici à 2013 ! |
Plus récemment, le Président de la République a pris l'engagement de créer 3 000 postes en entreprises adaptées lors de la conférence nationale du handicap. Au-delà des textes, je crois qu'il faut cesser de penser les choses en termes d'obligation d'emploi. Il faut lever certains préjugés, tenaces, sur les travailleurs handicapés. J'entends dire parfois que tel secteur d'activité n'est pas compatible avec l'emploi d'une personne handicapée, par exemple le BTP. Mais c'est oublier que toutes les personnes handicapées ne sont pas en fauteuil roulant, que les handicaps sont divers et que les postes dans une entreprise le sont également. Nous pouvons trouver une place pour chacun. C'est dans l'intérêt des entreprises qui peuvent y puiser une source de cohésion entre collaborateurs et la constitution d'un esprit d'équipe. F.H.I — À plusieurs reprises l'État a dû faire face à des condamnations en matière de non-respect de ses obligations de scolarité, et les difficultés des AVS demeurent. Quels sont les objectifs du Gouvernement pour mettre fin à ces difficultés ? R.BACHELOT : Qu'il y ait localement des difficultés, je le conçois. Qu'il faille améliorer les dispositifs, je l'entends. Mais je ne peux accepter que l'on dise que l'État se désengage alors que le nombre d'AVS a plus que doublé en 4 ans (24 000 ETP en 2011).Chaque année ce sont plus de 10 000 enfants handicapés supplémentaires qui sont scolarisés (200 000 à la dernière rentrée). Et puis l'engagement de l'État ne se limite pas aux AVS ! Les efforts de l'Éducation nationale ont été considérables pour accueillir ces enfants. Des mesures fortes ont été annoncées par le Président de la République lors de la CNH pour améliorer la qualité de l'accueil proposé par l'école aux enfants handicapés. Sur la base du rapport de Paul Blanc, que le sénateur a remis au Président de la République le 8 juin, l'État a décidé un effort très important pour l'accompagnement des enfants handicapés : La qualité de l'accompagnement sera renforcée, avec le recrutement d'auxiliaires de scolarisation mieux formés et plus qualifiés. Les titulaires de contrats aidés seront progressivement remplacés par des auxiliaires qualifiés. Un effort supplémentaire sera fait dès la rentrée 2011 sur le nombre d'accompagnantes. Chaque enfant trouvera l'accompagnement dont il a besoin. Notre objectif est qu'il n'y ait plus d'enfant sans solution d'accompagnement. Pour remplir ces 2 objectifs : l'effort financier total consacré à l'accompagnement des enfants handicapées augmentera de 40 % entre 2010 et 2013 soit une progression de 200 M€ supplémentaires sur la période. La formation des enseignements sera également améliorée, pour mieux accompagner chaque enfant. Pour améliorer la coordination entre l'éducation nationale et le secteur médico-social, le Président de la République m'a également demandé de mettre en place de véritables partenariats entre tous les acteurs, avec Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale. Dès la rentrée, des coopérations nouvelles seront mises en place. Nous souhaitons aussi développer les passerelles entre l'éducation nationale et le secteur associatif, pour que les auxiliaires de vie scolaire qualifiés puissent avoir des perspectives d'évolution. F.H.I — L'Assemblée nationale vient de voter une loi sur le dépistage précoce de la surdité fortement contestée dans le milieu associatif voir médicale. Une telle obligation est-elle vraiment nécessaire ? R.BACHELOT : Toutes les associations et tous les professionnels le reconnaissent : plus le handicap est dépisté tôt, meilleure est la prise en charge. Certaines associations craignent que soit remis en cause le libre choix des modes de communication. Je veux les rassurer : il n'en est rien ! F.H.I — La réforme de l'AAH est loin de faire l'unanimité, comment expliquez-vous cette situation ? R.BACHELOT : Je rappelle que la réforme de l'AAH améliore globalement les ressources des bénéficiaires de l'AAH qui travaillent, en permettant notamment un cumul AAH et revenus d'activité jusqu'à 1,3 SMIC (contre 1,1 SMIC aujourd'hui). Par ailleurs, la quasi-totalité des demandes du CNCPH a été intégrée : exclusion des travailleurs en ESAT de la réforme, neutralisation des pertes liées aux nouvelles règles d'abattement (= pas de baisse de l'AAH si les ressources n'ont pas évolué), et retour à un mécanisme de déclaration annuelle lorsque plusieurs déclarations trimestrielles font état d'une absence de ressources professionnelles. Un comité de suivi de la mise en œuvre de la réforme incluant des représentants du CNCPH s'est déjà réuni trois fois. Aucune difficulté majeure, à ce stade, n'a été signalée. Quant au décret définissant la restriction substantielle et durable d'accès à l'emploi, il permettra en effet de donner un cadre aux MDPH pour apprécier cette condition qui est requise pour attribuer l'AAH aux personnes dont le taux d'incapacité se situe entre 50 % et 80 % et donc de garantir une meilleure équité territoriale. L'examen plus régulier des situations par les MDPH est favorable aux bénéficiaires qui auront ainsi l'assurance qu'un examen de leur situation sera fait régulièrement, permettant le cas échéant de mobiliser de nouveaux moyens, ou d'ajuster les moyens mis en œuvre, afin d'améliorer leurs chances de retour vers l'emploi. Le mode de décision des commissions des droits et de l'autonomie des personnes handicapées, sujet qui a suscité beaucoup d'inquiétudes et de polémique, ne sera pas modifié par ce décret. F.H.I — En conclusion, L'UNAPEI, la FNATH ou L'APF ou le CFPSAA notamment attendent de la seconde Conférence Nationale du Handicap des annonces concrètes répondant aux besoins des personnes handicapées qu'elles seront les prochains objectifs que se fixe le gouvernement à cette occasion ? R.BACHELOT : Ce sont onze ministres et secrétaires d'État qui se sont mobilisés, pour ce rendez-vous important déterminé à répondre aux besoins et aux attentes des personnes en situation de handicap. Les travaux préparatoires ont permis aux administrations d'analyser une par une les 480 propositions du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), de l'Observatoire national sur la formation, la recherche et l'innovation sur le handicap (ONFRIH) et de l'Observatoire interministériel de l'accessibilité et de la conception universelles (OBIACU). Ainsi 122 mesures ont pu être annoncées lors de la CNH, notamment pour améliorer la scolarisation des enfants en situation de handicap. Cette conférence a aussi été un moment de bilan partagé entre les pouvoirs publics et la société civile. Je suis bien conscient que les objectifs ambitieux, mais indispensables de la loi de 2005 ne sont pas tous pleinement atteints. Mais c'est précisément à cela, aussi, que sert la CNH : faire le point, ensemble, et mobiliser la société et les pouvoirs publics pour continuer d'avancer. Je sais que les associations attendent des actes, non des promesses. À ce sujet, je vous le dis très clairement : la CNH n'est qu'un début, nous n'avons pas arrêté de travailler le 8 juin ! Je veillerai personnellement à ce qu'un suivi de qualité puisse être assuré sur la mise en œuvre de toutes les mesures annoncées lors de la CNH. Un comité de suivi dédié sera installé très prochainement je songe notamment à l'amélioration de la scolarisation des enfants en situation de handicap. J'ai d'ailleurs rencontré Luc Chatel à ce sujet il y a quelques jours.
Interview réalisé à Paris par |