Euro Volley Sourd un Zéro pointé pour les Françaises satisfaite malgré tout
Malgré la défaite sèche (3 sets à 0 en 1h15) contre la Hongrie le 10 juillet dernier, la troisième en autant de rencontres, les Françaises, qui faisaient leur retour a près dix ans d'absence sur la scène internationale, veulent garder des motifs de satisfaction. Elles ont su hausser leur niveau au fil de la rencontre contre la grande favorite du tournoi, avec la Russie mais qui aura plié face a l'Ukraine qui remporte cette final. La Russie qui remporte la médaille d'argent face a la Pologne qui arrive troisieme chez les femmes.
Trois matches et trois défaites pour les Bleues. Pourtant les Françaises « chantent La Marseillaise » dans le langage des signes et assurent en souriant que « chez les sourds, on bavarde trop ». Les volleyeuses françaises sourdes et malentendantes, portées par une joyeuse communauté, vivent leur premier Championnat d'Europe qui avait lieu du 01 au 11 juillet dernier à la Halle Carpentier dans le 13e arrondissement de Paris.
Le stylo calé derrière l'oreille droite - c'est devenu le signe par lequel ses joueuses le désignent -, le sélectionneur Charles HORDENNEAU gesticule dans sa zone délimitée. Au temps mort, alors que les Ukrainiennes survolent les débats, il se fait comprendre grâce à Julie, son interprète.
Charles HORDENNEAU
« Ce ne sont pas des sourdes qui font du sport, ce sont des sportives qui sont sourdes. Je ne vois que des volleyeuses »
Sur un point, trois Françaises se gênent et le ballon termine dans le filet. Sur un autre, elles continuent de jouer alors que l'arbitre a déjà tranché en leur défaveur. Pas de fameux « J'ai! » si caractéristique de ce sport. Les volleyeurs sourds et malentendants n'ont pas de recette miracle pour jouer et communiquer dans le même temps.
« J'avais envie de connaître ce public », a expliqué Charles HORDENNEAU, 28 ans, coordonnateur de l'équipe technique du comité régional francilien handisport.« Ce ne sont pas des sourdes qui font du sport, ce sont des sportives qui sont sourdes. Je vois des volleyeuses ».
Une chance sur cinq
Peut-être que ce Championnat d'Europe puisse donner envie à des jeunes sourdes de jouer au volley. Car aujourd'hui, le nombre de pratiquantes est réduit et l'accès à l'équipe de France statistiquement aisé : les 13 internationales représentent... un cinquième du total des volleyeuses sourdes et malentendantes de France! Elles évoluent toutes dans les cinq clubs spécialisés féminins (deux à Paris, Champs-sur-Marne, Bordeaux, Nantes), qui disputent leur propre championnat).
Difficile de lutter contre les pays de l'Est, aux politiques plus volontaristes. La solution est : « que les sourds soient formés jeunes chez les entendants », estime l'entraîneur des Bleues.
« Le mieux, c'est de faire les deux. Pour être bon, il faut jouer avec les entendants », assure, traduite par une interprète, Laura Groslin, 27 ans, capitaine adjointe de l'équipe.
Un enjeu sociétal
Cette compétition de volley est la première organisée en France depuis que ce handicap, qui avait sa propre fédération jusqu'en 2007, est passé dans le giron de la FFH. « 500.000 euros, c'est un gros budget pour les sports sourds », se félicite MichelIRDELl, président du comité d'organisation.
« L'enjeu est sociétal, culturel. Il faut un brassage de gens », poursuit-il. « Regardez les sourds étrangers: avec la langue des signes internationale, tout le monde se comprend. » Cette première est donc couronnée de succès.
La Rédaction/Avec AFP
Publication : 13/07/2015