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Cloé MISLIN lors des Jeux paralympiques de Rio de Janeiro en 2016 ffe psv d1a51Quand elle commence l’équitation à 8 ans, à 18 ans elle découvre l’équitation Western, une révélation pour cette jeune femme. Une discipline qui lui ouvrira les portes de la compétition où la cavalière, douée, remportera deux titres de Championne de France. Passionnée, Cloé MISLIN, cherchera même à en faire son métier. Pour cela, elle part au Canada à 20 ans passer son diplôme d’instructeur et monte, à son retour, une structure orientée loisirs avec ses parents. En 2005, les premiers symptômes apparaissent, en 2009 le diagnostic est posé, Cloé est atteinte d’un parkinson juvénile. Une maladie qui ne lui permet plus de pratiquer le Western comme elle l’entend avec ses objectifs de haut niveau. Elle découvre alors le para-dressage, une discipline adaptée à son handicap et ses désirs de compétition. Elle est membre du Groupe 1 de la FFE et vise une nouvelle sélection en équipe de France pour les championnats d’Europe de Rotterdam en Août prochain.

FHI --- Du stage de détection à vos premiers CPEDI, tout s'est enchainé très vite ?

Cloé MISLIN --- J'ai eu un gros accident à cheval en 2010 qui a freiné ma pratique et mon envie de monter pendant presque 2 ans. En 2012, grâce à Louise Studer alors en équipe de France, j'ai découvert le para-dressage qui me permettait de remettre le pied à l'étrier dans des conditions prenant en compte ma pathologie. Je me suis fait classifier en 2012 et en 2013 j'ai acheté Ours de B'Néville afin de débuter la compétition. En 2014, tout s'est enchainé très vite, en l'espace de quatre mois j'ai fait un stage de détection, puis un de sélection en équipe de France et j'ai participé aux CPEDI de Deauville et de Moorsele avant les Championnats de France où je suis sacrée Championne de France en Grade II. J'ai vraiment pris conscience que le para-dressage pourrait m'ouvrir de nouvelles portes sans freiner ma pratique de l'équitation."

FHI --- Vous avez couru le parcours de sélection pour les Jeux Paralympiques de Rio dès 2015 ?

Cloé MISLIN --- En effet et pour mettre toutes les chances de mon côté, j'ai acheté un nouveau cheval plus adapté à la discipline. C'était un coup de poker car Rienzo avait déjà 20 ans mais c'est lui et son expérience qui m'ont permis de passer un cap. Nous avons fait tout le parcours de sélection mais nos résultats étaient en dents de scie et nous n'avons pas été sélectionnés. Ce fut un véritable coup dur mais avec du recul c'était tout à fait normal que nous ne fassions pas partie de l'équipe. Nous n'étions pas prêts et le cheval était trop âgé, c'était risqué de lui imposer un si long voyage. A ce moment-là, j'ai eu besoin de faire une pause.

FHI --- Et en 2017, vous revenez avec une nouvelle monture bien décidée à abattre vos cartes pour Tryon ?

Cloé MISLIN --- Grâce à ma famille, mes amis, à Harmonie Mutuelle, j'ai pu acquérir Don Caruso, un « vrai » cheval de dressage, un hanovrien avec de très belles allures, me permettant de rêver aux plus grandes échéances. En 2018,Concours para équestre de dressage international de Deauville e7d1c nous avons participé à 6 CPEDI avec un objectif clair : Les Jeux Equestres Mondiaux de Tryon. J'ai eu la chance de faire partie de l'équipe, de vivre le chemin de sélection jusqu'au bout, de participer à cette grande aventure équestre, sportive mais avant tout humaine. Le haut niveau a toujours été mon moteur mais Tryon a été une révélation. Je suis revenue encore plus motivée. Si je n'avais pas comme objectif la haute performance, je sais que je ne monterais pas à cheval aussi régulièrement alors que c'est très bénéfique pour ma condition physique et pour mon moral."

FHI --- Comment gérez-vous votre entraînement au quotidien ?

Cloé MISLIN --- A mon retour de Tryon, j'ai changé d'écuries. Je suis maintenant aux Écuries des Erlen entrainée par Sarah di Bella. Elle est très impliquée dans le projet et s'occupe merveilleusement bien de Don Caruso. Un vrai trio s'est établi entre Sarah, Philippe Célérier (entraîneur national) et moi. Il y a un suivi régulier, Philippe est venu aux écuries. Il nous donne les clés et les objectifs pour le travail au quotidien. Depuis que la FFE a repris la délégation du para-dressage (Le para-dressage dépendait avant de la Fédération Handisport), nous sentons un réel investissement et une vraie évolution dans la prise en charge des cavaliers. L'arrivée de Carlos Lopes et son regard de juge est également très bénéfique.

De mon côté, je suis en selle deux ou trois fois par semaine mais je ne peux pas monter plus de 30 minutes. Il faudrait que je fasse du sport mais c'est compliqué de trouver le juste milieu avec ma pathologie. De l'activité physique est nécessaire pour me sentir bien mais si je pousse trop loin alors c'est l'effet inverse et les symptômes redoublent. Il faut bien cerner le point d'équilibre. C'est une maladie qui évolue toujours mais je suis aidée par des médicaments que je prends toutes les 1h30 le jour comme la nuit. Ce qui est compliqué c'est qu'on peut se sentir très bien puis très mal 1 minute après."

FHI --- Quels sont les symptômes d'un parkinson juvénile ?

Cloé MISLIN --- Ce sont majoritairement des grosses raideurs, des problèmes de coordination, d'équilibre, de fatigue. Il y a aussi des problèmes de mémoire, c'est pour cela que Philippe CELERIER me dicte mes reprises. J'ai également des problèmes de cœur et de tension. (La forme juvénile de la maladie est peu connue, l'acteur Michael J.FOX est lui aussi atteint, c'est un modèle pour moi. Il a réussi à garder une vie professionnelle et mis sa fortune et sa notoriété au service de la cause. Il fait bouger les lignes, c'est important."

FHI --- Vous venez de participer au CPEDI de Deauville, première compétition internationale de la saison, quelles ont été vos impressions ?

Cloé MISLIN --- Comme d'habitude, il y avait beaucoup de concurrence en Grade II avec les Anglais ou la Néerlandaise Nicole DEN DULK. Avec 68%, je ne suis que 5ème mais Deauville nous permet justement de voir où l'on se situe par rapport aux autres en début de saison. Je suis contente de ma progression entre la Team Test du vendredi (67,758%) et l'Individuel test du samedi (68,706%) mais je veux vraiment atteindre les 70%. Je sais où sont mes fautes, il faut donc que je règle ces problèmes d'équilibre et je pense que je pourrais ensuite prétendre à ce type de résultats. Je suis déçue de ma Freestyle, nous n'avons pas été à la hauteur mais nous étions tous les deux fatigués.

FHI --- Avec 68%, vous êtes la seule cavalière de l'équipe tricolore à intégrer le Groupe 1, que pensez-vous de ce nouveau système couplé notamment aux Masters Class ?

Cloé MISLIN --- Je trouve cela très intéressant, car cela nous pousse à nous dépasser tant en compétition que pendant les Master class. Les Masters class nous permettent de dérouler nos reprises et d'avoir un retour de l'équipe fédérale avant de partir sur les CPEDI. C'est un vrai atout pour le travail hivernal et de printemps. Le fonctionnement des Groupes nous pousse à être très régulier, à la dernière Master class, je n'ai pas atteint les 68% et je suis sortie du Groupe 1, c'est forcément décevant. Les 68% dans l'individuel de Deauville m'ont permis de le réintégrer et je compte bien y rester. C'est mon but au CPEDI de Waregem le week-end prochain.

FHI --- Quels sont vos objectifs pour 2019 et l'avenir ?

Cloé MISLIN --- Mon objectif n°1 est une sélection pour les Championnats d'Europe de Rotterdam en août. Je veux également améliorer mes notes sur l'ensemble des CPEDI. Je ne cherche pas forcément des podiums mais je veux atteindre les 70% en Team et individuel test. A moyen terme, j'ai bien entendu et comme tous mes co-équipiers, les Jeux Paralympiques de Tokyo en ligne de mire. Paris 2024 serait un rêve mais c'est plus compliqué à imaginer avec Don Caruso qui aura 19 ans. Je réfléchis d'ores et déjà à l'achat d'un deuxième cheval qui pourrait venir le soutenir puis le remplacer pour l'avenir.

Interview réalisé
Par Sophie AUJARD

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