Pénurie de médicament : France Assos Santé exige du gouvernement des mesures "fermes" et "coercitives"
Alors que depuis plusieurs années de nombreux médicament ne cesse d’être en rupture de stock. Un enjeu de santé publique qui préoccupe les français dans un sondage BVA publié en janvier 2019, mais aussi par une pétition lancé par une dizaine d’association et le rhumatologue Francis BERENBAUM. Une situation que dénonce s’aggrave selon France Assos Santé qui demande à la Ministre de la Santé Agnès BUZYN, des mesures en « urgence des mesures fermes et concrètes » dans un communiqué. Une situation pour lequel Agnès BUZYN annonce le lancement d’une « feuille de route regroupées en 4 axes » et qui pourra faire fera « l’objet d’enrichissement de la part des acteurs concernés d’ici septembre prochain » a telle précisé.
Une pénurie qui s’aggrave…
Selon les projections de l’ANSM, plus de 1200 traitements ou vaccins seront concernés par des situations de pénurie sur l’ensemble de l’année 2019 soit au final plus de 1.200 traitements ou vaccins seront concernés. Une progression de 60 % de plus qu’en 2018, et 30 fois plus qu’en 2008. « Nous demandons la transparence totale sur les causes de ces ruptures d’approvisionnement, un renforcement des sanctions à l’égard des responsables et une politique volontariste de relocalisation de la production des matières premières nécessaires à la fabrication des médicaments » précise l’association dans son communiqué.
Pour le Pr Alain ASTIER, membre de l’Académie nationale de pharmacie, résume la situation d’une façon limpide « Les causes sont essentiellement financières, quoi qu’on en dise (…) C’est une question d’opposition entre intérêt public et intérêts privés » une position auquel le nouveau président de France Assos Santé Gérard RAYMOND auquel il exprime son accord, précisant que les médicaments « ne sont pas des produits de consommation comme les autres, (…) ne sauraient répondre à la seule logique de rentabilité financière ».
Médicament : 40 % des français déjà confronté à la pénurie…
En janvier dernier, France Assos Santé publiait avec l’Institut BVA une enquête d’opinion montrant l’ampleur du problème et les conséquences directes sur la santé des personnes qui y sont confrontées. 40 % des français ayant étaient confrontée une ou plusieurs a cette situation un taux qui 31 % pour les personnes confrontée a des maladies chroniques.
Une situation jugée anxiogène par 21% des répondants (41% pour les personnes en ALD). Avec à la clé des conséquences potentiellement graves : augmentation des symptômes dans 14% des cas, erreurs dans la prise de médicaments de substitution (4%) et plus inquiétant encore, hospitalisation nécessaire pour une personne sur vingt (4% en population générale, 5% pour les personnes en ALD). Dans plus d’un cas sur trois (36%), ces ruptures d’approvisionnement concernent des vaccins.
Une situation que vivent mal les Français et notamment en situation de handicap ou souffrant de maladie chronique comme l’explique Catherine qui vit à Bordeaux, et souffre d’une maladie auto-immune qui la contraint à prendre 5 mg de cortisone quotidiennement, un médicament qui en annihilant ses symptômes, lui permet de vivre à peu près normalement. « Il y a une dizaine de jours, mon pharmacien très embêté n’a pas pu me fournir. Il avait gardé en réserve deux plaquettes de 1 mg pour les cas sérieux. A raison de cinq comprimés par jour, cela m’a permis de tenir la moitié du mois, très inquiète, car je craignais pour le renouvellement. Allait-il ou non être approvisionné ? En vingt ans, c’est la première fois que je vis une telle situation » explique telle.
Ou encore comme qui indique que comme beaucoup d’autres personnes « j’ai une polyarthrite rhumatoïde avec un traitement de methotrexate et cortisone, depuis la pénurie de corticoïdes, je sens bien la différence, ce n’est pas pour rien que mon médecin m’a donné ces deux médicaments. Pourquoi les laboratoires suppriment ils certains médicaments ? Peut-être parce que ceux ci ne leur rapportent pas assez ? » s’interroge Arlette
Les solutions présentées par le Gouvernement…
La ministre de la santé Agnès BUZYN qui a présenté sa feuille de route « Pour mieux prévenir, gérer et informer les patients et les professionnels de santé » pour répondre aux légitimes attentes des patients, lors d’un déplacement aujourd’hui dans les locaux de l’Ordre national des pharmaciens à Paris (17ème).
Cette feuille de route étant construite autour de 28 actions regroupées en 4 axes. et qui pourra faire fera « l’objet d’enrichissement de la part des acteurs concernés d’ici septembre prochain ». Agnès BUZYN ayant confirmé l’installation en septembre prochain un comité de pilotage au sein de la Direction générale de la santé avec l’objectif d’un « enrichissement de la part des acteurs concernée ». Parmi les mesures annoncées celle-ci prône notamment pour davantage « la transparence et la qualité de l’information et la fluidité entre tous les acteurs » au travers de « l’achat groupé, notamment des vaccins », et la mise en œuvre d’une meilleure « coordination nationale » et « européenne pour mieux prévenir les pénuries de médicaments ». Agnès BUZYN qui affirme vouloir également via la loi Santé, « autoriser le pharmacien » à « remplacer le médicament indisponible initialement prescrit par un autre médicament », lorsque la pénurie concerne un « médicament d’intérêt thérapeutique majeur » a telle précisé.
Une visite effectuée en présence notamment de Carine WOLF présidente du CNOP et de Gérard RAYMOND, pour lequel « Il n’est pas admissible que des personnes atteintes de cancers, de Parkinson ou d’épilepsie chronique ne puissent trouver en pharmacie les traitements qui leur ont été prescrits ».
France assos Santé quatre points essentielles…
« Or cette feuille de route ministérielle, si elle témoigne d’une volonté louable des pouvoirs publics de s’attaquer au problème, ne présente en l’état que très peu de mesures concrètes et dissuasives pour lutter contre ces dérives », indique Gérard RAYMOND
Le collectif qui annonce « une participation active, et mettrons tout en oeuvre pour que nos demandes soient enfin entendues » à ce prochain comité de pilotage et veiller à y assurer. France Assos Santé qui estime que quatre point son essentiel pour sa réussite. A la fois une transparence totales sur les causes et sur les plans de gestion de pénuries (PGP) mis en place par les industriels. « Une obligation déjà prévue les pouvoirs publics mais qui n’ont jamais étaient rendus publics » précise le communiqué.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, aucune pénalité financière n’est aujourd’hui prévue par la loi en cas de manquement à cette obligation d’approvisionnement. Une situation dont France Assos Santé qu’ils soient désormais « assortie de sanctions financières ».
Concernant les usagers le collectif qui souhaite que les « usagers et leurs représentants soient informés et impliqués à chaque étape du processus d’anticipation, d’identification et de contrôle de ces situations de pénuries ». Enfin que en cas de « dysfonctionnements avérés soient sanctionnés » notamment financièrement à la hauteur du préjudice subi par les malades. « Et ce, qu’il s’agisse des grossistes répartiteurs ou des industriels » conclut l’association.
Un rendez-vous en contradiction avec les engagements de l’ASM….
Hasard de l’agenda présidentiel ? le même jour Emmanuel MACRON invitée à un dîner de travail les représentants de l'industrie pharmaceutique mondiale. Avec à l’ordre du jour qui prévoit des thèmes de discussion comme « le rôle de la France en faveur de l'innovation en France et en Europe », les débats sur les prix des médicaments aux États-Unis, les questions de santé au niveau mondial, le mandat de la prochaine Commission européenne, etc.
La formulation de certains de ces thèmes correspond aux seules préoccupations des industriels. C'est au nom d'elles qu'ils justifient des prix toujours plus exorbitants qui ruinent le système de santé solidaire ou l'hôpital public. C'est au nom d'elles qu'ils justifient aussi un système opaque où les citoyens ne peuvent évaluer la légitimité et la pertinence de ses prix. Bien que n'étant pas inédit et ne datant pas du mandat d'Emmanuel Macron, la tenue d'un tel dîner entre en contradiction flagrante avec l'engagement français à l'OMS
En mai dernier, la France soutenait une résolution décisive à l'Assemblée mondiale de la santé (OMS) et s'engageait pour mettre en œuvre la transparence sur tous les aspects de la politique du médicament. Une résolution sur la transparence, et face à l’escalade incontrôlée des prix des médicament votée le 28 mai dernier. Le texte adopté a toutefois été largement atténué, notamment en matière de transparence sur les essais cliniques et sur les coûts de fabrication des médicaments. Les promoteurs de la résolution sont parvenus à maintenir dans le texte final le principe de transparence sur les prix, le document invitant les États à « prendre des mesures appropriées visant à échanger publiquement des informations sur les prix nets ».
Une pétition pour contre le manque de cortisone
Lancé fin mai par un rhumatologue Francis BERENBAUM sur le site change.org à l’adresse d’Agnès Buzyn, ministre de la santé celui dénoncé dans celle le manque inquiétant de cortisone pour lequel face a cette situation « des milliers de patients se retrouvé en souffrance ». Une pénurie qu’il juge « invraisemblable que ce soit les corticoïdes oraux ou pour infiltrations ». Une pétition qui aura permis le 7 juin juin dernier au rhumatologue et aux dix associations signataires d’être reçu par le directeur de l’ANSM 10 associations de malades le 7 juin. Francis BERENBAUM qui avait alors demandé la mise en place urgente d’un numéro vert destiné au public pour répondre à toute question qui n'aurait pas trouvé de réponse auprès des professionnels de santé de proximité.
Stéphane LAGOUTIÉRE
Sources : France Assos Santé / Ministère de la Santé 2019
Publication : 08/07/2019
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