L’Allemagne s’interroge également sur le débat relatif à la fin de vie, un sujet toujours difficile
Alors que l'Assemblée nationale étudie actuellement le projet de loi concernant la fin de vie et que France 3 a présenté l'appel au droit de mourir d'un homme, âgé de 30 ans, atteint d'une maladie dégénérative qui le paralyse progressivement. Ce dernier demande le droit de choisir sa mort. L'Allemagne n'est pas épargnée elle non plus par ce débat. Faut-il légiférer sur l'aide au suicide ? Le débat reste vif aussi de l'autre côté du Rhin. Le Parlement allemand doit également se prononcer en 2015.
Un pays où actuellement la législation est floue. L'euthanasie est interdite : nul n'est autorisé à administrer à un patient une substance létale, même à la demande express de l'intéressé. En revanche, l'aide passive au suicide (le fait de fournir à un patient atteint d'une maladie incurable un médicament entraînant la mort) n'est pas punie par la loi, à condition que l'acte provoquant le décès soit effectué par le patient lui-même.
Un certain nombre de voix s'élèvent ainsi pour faire évoluer la loi - dans un sens ou dans l'autre. La révélation récente du suicide du critique littéraire Fritz J. RADDATZ avec l'aide de l'association Dignitas, en Suisse, a, par exemple, fait réagir Georg DIEZ. Dans le dernier numéro du magazine « Der Spiegel », ce dernier plaide en faveur de l'aide à mourir. « Fritz J. RADDATZ avait toujours été un défenseur de cette liberté ultime de mourir dans la dignité », rappelle-t-il.
À l'inverse, le ministre de la Santé, Hermann GRÖHE, souhaite vouloir interdire toute forme d'assistance au suicide. Lors d'un colloque, le 9 mars 2015, à Kassel, il a ainsi appelé à « aider lors de la mort » et non à aider « à mourir ». À ses côtés, le président adjoint du conseil d'éthique allemand, le théologien Peter DABROCK, a souligné que la frontière entre le « suicide avec assistance médicale » et le basculement vers une « mort à la demande » pourrait se révéler mince. « Celui qui autorise l'un aujourd'hui n'aura pas de raison pour justifier, demain, son rejet de l'autre », a-t-il dit.
En attendant, la réflexion poursuit son cours affirme l'ambassade d'Allemagne qui précise que le Bundestag, où le sujet divise jusqu'à l'intérieur des partis politiques, cinq groupes de réflexion transpartisans se sont constitués il y a quelques mois pour travailler sur une proposition de loi.
Tous s'accordent néanmoins sur un point : la nécessité de renforcer les soins palliatifs et de mieux lutter contre la souffrance en fin de vie. Pour le reste, les prochains débats devraient permettre d'élaborer des projets de loi d'ici à la fin février, et de légiférer à l'automne 2015. Les députés, qui ne recevront pas de consigne de leur parti, seront appelés à voter en leur âme et conscience. Quoi qu'il en soit, le débat s'annonce long et complexe.
La Rédaction
Publication : 13/03/2015